Traduction : SLT

Image
© Inconnu
Le Professeur Michel Chossudovsky est l'auteur de nombreux livres importants. Son dernier s'intitule "The Globalization of War: America's Long War Against Humanity" ("La mondialisation de la guerre : la longue guerre des Etats-Unis contre l'humanité", ndt). Chossudovsky montre que Washington a mondialisé la guerre tandis que le président des États-Unis est présenté comme un artisan de la paix mondiale, avec comme couronnement l'obtention du Prix Nobel de la Paix. Washington a déployé des militaires dans 150 pays, a divisé le monde en six commandements militaires étatsuniens et a un plan de frappe globale qui comprend des opérations spatiales. Les armes nucléaires font partie du plan de frappe mondiale et ont été envisagées pour être utilisées dans le cadre de premières frappes préventives, une entorse dangereuse à leur rôle de dissuasion dans la guerre froide.

La militarisation des Etats-Unis comprend l'armement et la militarisation de la police locale afin de l'utiliser contre la population locale et d'assurer une coercition militaire envers les pays souverains pour défendre l'impérialisme économique étatsunien.

L'une des conséquences est le risque d'une guerre nucléaire. Une autre conséquence est la criminalisation de la politique étrangère des États-Unis. Les crimes de guerre en sont le résultat. Ce ne sont pas des crimes d'acteurs individuels, mais des crimes de guerre institutionnalisées dans le cadre de lignes directrices et de procédures de guerre bien établies.
"Ce qui distingue les administrations Bush et Obama," écrit Chossudovsky, "c'est que les camps de concentration, les assassinats ciblés et les chambres de torture sont désormais ouvertement considérés comme des formes légitimes d'intervention afin de soutenir la guerre mondiale contre le terrorisme" et de soutenir la propagation de "la démocratie occidentale. "
Chossudovsky souligne que la capacité des citoyens étasuniens à protester et à résister à la transformation de leur pays en un état policier et militariste est devenu limité. Washington et ses fondations complices financent maintenant le mouvement de dissidence pour le contrôler. Il cite Noam Chomsky et Edward S. Herman pour comprendre la fabrique du consentement. Il fait référence à Paul Kivel pour décrire comment le financement de la dissidence par les élites entraînent la cooptation des dirigeants des communautés de base. La même chose se produit envers les organismes environnementaux. Les Afro-étatsuniens ont aussi perdu leurs leaders face à l'argent de l'élite et sa capacité à corrompre et à accorder des postes et des émoluments.

Chossudovsky note que, la gauche progressiste et les anti-guerre groupes ont approuvé la "guerre contre le terrorisme" et ont accepté sans esprit critique l'histoire officielle du 11/9, qui a servi de bases aux guerres menées par Washington. Ayant accepté ces mensonges, il n'y a plus de base pour manifester et protester. D'où leur absence.

Comme le professeur Stephen Cohen l'a observé, la dissidence a disparu de la discussion de la politique étrangère étatsunienne. En lieu et place de la dissidence il y a une exhortation à plus de guerre. Un exemple paradigmatique est la tribune libre parue aujourd'hui (26 mars 2015) dans le New York Times et écrite par le néoconservateur John R. Bolton, ambassadeur étatsunien à l'ONU sous le régime de George W. Bush.

Bolton appelle à bombarder l'Iran. Rien de moins qu'une attaque militaire contre l'Iran, a déclaré Bolton, cela a "un air d'irréalité" et garantira que l'Arabie saoudite, l'Egypte et la Turquie pourront également développer des armes nucléaires afin de se protéger contre l'Iran. Selon Bolton, les arsenaux nucléaires israéliens et étatsuniens ne constituent pas un danger, mais ceux de l'Iran oui.

Bien sûr, il n'existe aucune preuve que l'Iran a un programme d'armes nucléaires, mais Bolton l'affirme quand même. En outre, Bolton parvient à oublier que l'accord en cours d'élaboration avec l'Iran arrête le programme d'enrichissement iranien bien en dessous du niveau nécessaire pour la réalisation d'armes nucléaires. La croyance de Bolton que l'Iran serait en mesure de cacher un programme d'armes nucléaires s'il lui était permis d'avoir un programme nucléaire (civil, ndt) n'est pas fondée. C'est tout simplement une affirmation invraisemblable.

Les néo-conservateurs constituent un lobby pro-guerre. Quand une guerre n'a pas les résultats escomptés, ils en veulent une autre. Ils ont même une liste de guerres prêtes à être débutées. Rappelez-vous, les néo-conservateurs sont ceux qui nous ont promis une guerre facile de 3 semaines en Irak au coût de 70 milliards de dollars et remboursés par les revenus pétroliers irakiens. Après huit années de guerre qui a coûté un minimum 3.000 milliards de dollars versés par les contribuables US, les Etats-Unis ont abandonné et se sont retirés d'Irak. Aujourd'hui, les djihadistes se sont bâtis un nouveau pays avec des parties de la Syrie et de l'Irak.

C'est à présent un fait connu que la guerre en Irak du régime néoconservateur de Bush a été complètement fondée sur des mensonges, tout comme toutes les autres guerres des néo-conservateurs et de leur justification pour mener des guerres avec la Russie et avec l'Iran. En dépit de leurs mensonges et de leurs échecs considérables, les néo-conservateurs contrôlent toujours la politique étrangère étasunienne, et la néoconservatrice Nuland est actuellement occupée à fomenter des "révolutions de couleur" ou des coups d'État dans les anciennes républiques soviétiques d'Arménie, du Kirghizistan et d'Ouzbékistan.

Sans le soutien du New York Times, les néo-conservateurs n'auraient pas mener leur guerre en Irak. Maintenant, le New York Times, est devenu un fidèle soutien des néoconservateurs, mais infidèle au peuple étatsunien, il est en train d'aider les néo-conservateurs à obtenir leur guerre avec l'Iran et avec la Russie.

J'ai des amis qui sont doyens d'université qui lisent encore et croient toujours le New York Times. Les guerres avec l'Iran et la Russie qu'encouragent le New York Times seront beaucoup plus dangereuses que les guerres avec l'Irak et l'Afghanistan. L'humanité pourrait ne pas y survivre.