Traduction : Résistance 71

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© Inconnu
Vladimir Poutine ! Maintenant tu l'as fait ! Tu as eu la témérité de déclarer notre National Endowment for Democracy (NED), l'ONG (NdT; vraiment ??...) la plus importante des Etats-Unis "indésirable" sur le sol russe. Où cela se terminera t'il ? Ne respectes-tu pas notre droit en tant qu'ONG financée par le gouvernement US d'interférer dans les affaires intérieures russes ? Après tout, nous sommes l'ONG la plus importante de la seule super-puissance mondiale, nous pouvons aller où bon nous chante et pouvons faire ce que bon nous semble. Nous sommes vraiment fâchés !

Ceci est la claire réaction de Washington à la décision par le bureau du procureur général russe le 28 Juillet de déclarer les activités de la NED US comme étant "indésirables sur le territoire de la Russie." La déclaration officielle disait : "la National Endowment for Democracy a utilisé des organisations commerciales et non-commerciales sous son contrôle pour prendre part à des campagnes visant et niant la légitimité des résultats des élections russes, organiser des actions politiques faites pour influencer les décisions des autorités et discréditer le service des forces armées de la Russie." Elle allait plus loin disant: "Poursuivant ces buts, le fond a alloué environ 2,5 millions de dollars à des organisations cmmerciales et non-commerciales russes entre 2013 et 2015."

Sous la loi russe sur les ONG indésirables adoptée par la Douma et signée en loi par le président Poutine en Mai dernier, toute organisation étrangère ou internationale non-gouvernementale peut devenir "indésirable" si elle menace les fondations de l'ordre constitutionnel russe, la capacité de défense du pays et la sécurité de l'état russe.

De manière signifiante, dans une déclaration concernant cette décision, le ministère des AE russe a nommé Carl Gershman, le néo-conservateur qui est le président de la NED depuis sa création en 1983 (NdT : sous Reagan). Ils ont remarqué que Gershman a dit de manière ouverte que l'organisation de la NED était faite pour être une belle façade pour distribuer des fonds parmi les cercles de l'opposition des pays étrangers. Ceci suggère qu'ils ont fait leur recherche avant que de bannir la NED.

Dans une OpEd du Washington Post répondant à l'interdiction, le président Gershman a cyniquement écrit que cette action est "la toute dernière preuve que le régime du président Poutine fait face une crise de légitimité politique empirant de jour en jour..." Il n'a pas remarqué que malgré les sanctions économiques mises en place par Victoria Nuland (NdT : Mme "Fuck the UE !" après le coup d'état en ukraine..) et ses amis néo-conservateurs de l'administration Obama, la côte de popularité de Poutine atteint aujourd'hui quelque 89% d'indice de satisfaction d'après le Levada Center indépendant de Russie.

« Faire ce que la CIA avait l'habitude de faire... »

La NED, ainsi que la Freedom House, a été au centre de toutes les "révolutions colorées" financées par le ministère des affaires étrangères américain dans le monde depuis l'an 2000, lorsqu'elle fut utilisé pour renverser le président Milosevic de Serbie. La NED fut créée sous Reagan pour fonctionner comme une de facto CIA, mais privatisée de façon à permettre plus de liberté de mouvement et d'action. Allen Weinstein, qui aida à rédiger la législation créatrice de la NED a dit dans un entretien avec le Washington Post en 1991 : "Beaucoup de ce que nous faisons aujourd'hui ouvertement "était fait en secret par la CIA il y a 25 ans."

La NED a été pensée par le directeur de la CIA de Ronald Reagan, Bill Casey (NdT : qui fut jusqu'en 1981 le conseiller en chef de la firme Cap Cities Broadcasting qui acheta ABC News en 1985 faisant de la chaîne ABC le de facto "réseau de la CIA"... Nous l'avons dit précédemment, les liens entre Wall Street et les directeurs de la CIA font de l'agence de renseignement le bras armé de Wall Street dans le monde...). Casey voulait créer un mécanisme de financement pour soutenir des groupes qui s'engageraient dans de la propagande et l'action politique que la CIA organisait traditionnellement dans les pays étrangers. Remplacer partiellement la CIA dans ce rôle, l'idée a émergé pour une entité financée par le congrès qui servirait de pipeline pour cet argent de la subversion. La plus grosse part des revenus servant à déstabiliser des pays où le régime ne joue pas la musique de Washington à 100% comme la Russie, le Myanmar, le Vénézuéla, la Chine, l'Ouzbékhistan et autres, provient du congrès des États-Unis (donc du budget officiel). Ceci est agrémenté des fonds d'organisations douteuses comme celles de l'Open Society Foundation de George Soros, qui semble toujours apparaître là où a NED veut renverser un régime comme en Ukraine en 2013-2014.

Casey voulait s'assurer de cacher les ficelles qui étaient tirées en coulisse par la CIA. Dans une lettre au conseiller de la Maison Blanche de Reagan, Edwin Meese III, Casey écrivit :
" De manière évidente, nous, à la CIA, ne devrions pas être sur le devant de la scène dans le développement d'une telle organisation, ni ne devrions apparaître comme un de ses sponsors ou soutien."
Pour cacher le rôle de la CIA, Casey poussa pour la création d'une "Dotation Nationale" ou "National Endowment".

Le président de la NED depuis 1984 a été Carl Gershman, auparavant avec la Freedom House, une autre vitrine de la "démocratie" de la communauté du renseignement américain, qui fut impliquée dans toutes les révolutions colorées à l'étranger. Le général américain, ancien patron des opérations militaires de l'OTAN et ancien candidat à la présidentielle, Wesley Clark, l'homme qui mena les bombardements sur la Serbie en 1999 et qui récemment a appelé à une réponse militaire agressive des États-Unis contre la Russie (NdT : et qui la semaine dernière, a suggéré que tous les dissidents et opposants politiques de l'empire soient internés dans des camps...), a aussi été dans le comité directeur de la NED.

La vaste majorité des figures historiques liées aux actions clandestines de la CIA ont été à un moment donné des membres du comité directeur du conseil administratif de la NED, incluant Otto Reich, John Negroponte, Henry Cisneros et Elliot Abrams. Le président du comité directeur de la NED en 2008 était Vin Weber, bailleur de fonds de la campagne électorale de George W. Bush en 2000. Gershman, patron de la NED depuis sa création, a travaillé en étroite collaboration avec Richard Perle, Elliot Abrams et Frank Gaffney. Gershman fut en un sens "présent à la création" de la faction de renseignement politique connue sous le nom de néo-conservatisme.

Le 26 Septembre 2013, quelques semaines avant que le président uktainien Viktor Yakounovitch annonça qu'il allait rejoindre la Russie et son Union Économique Eurasienne plutôt que de devenir membre de l'UE, Gershman écrivit une OpEd pour le Washington Post où il nommait l'Ukraine "le plus grand des prix", expliquant que tirer l'Ukraine dans le camp occidental pourrait contribuer à la défaire ultime de Poutine. Gershman écrivit :
"Le choix de l'Ukraine de rejoindre l'UE va accélérer la chute de l'idéologie de l'impérialisme russe (sic!) que Poutine représente. Les Russes également doivent faire face à un choix, et Poutine pourrait biern se retrouver du côté perdant pas seulement dans le voisinage immédiat mais aussi en Russie."
En d'autres termes, la NED est une entité financée par le gouvernement US qui a l'intention de renverser le président élu de la Russie parce que celui-ci ne plaît pas à la faction néo-conservatrice de Washington. Parmi les projets de la NED en Russie figure le financement de l'opposition russe anti-Poutine de l'activiste Alexeï Navalny, membre d'un groupe appelé Russian Opposition Coordination Council, ou Conseil de Coordination de l'Opposition Russe. Navalny a reçu de l'argent de la NED.

La NED possède des sous-unités : le National Republican Institute, qui est mené par le sénateur républicain va t'en guerre John McCain, l'homme qui a joué un rôle clef dans le coup d'état américain de 2014 en Ukraine. Le National Democratic Institute, lié au parti démocrate US et présidée maintenant prs l'ancienne ministre des AE de Bill Clinton et avocate du bombardement de la Serbie, Madeleine Albright (NdT : la même qui déclara dans un entretien avec CNN que 500 000 enfants morts en Irak des causes des 10 ans d'embargo, était un juste prix à payer pour amener la démocratie en Irak !... Des propos à rendre Gandhi ou MLK hyper-violents !...). Le comité directeur de la NED inclut le noyau dur des néo-conservateurs de Bush-Cheney, les faucons va t'en guerre tels Elliott Abrams, Francis Fukuyama, Zalmay Khalitzad, l'ancien ambassadeur en Irak et en Afghanistan et architecte de la guerre afghane ; Robert Zoellick, proche de la famille Bush et ancien président de la Banque Mondiale.

Parmi les projets de la NED en Russie, elle a financé en 2014 en accord avec son rapport abrégé, 530 067 US$ sous la catégorie de "transparence en Russie" : "Améliorer la prise de conscience de la corruption" (re-sic). Travaille t'elle avec la police ou le procureur général russe ? Comment trouvent-ils cette corruption afin d'en attirer l'attention ? Ceci possède l'avantage de donner à Washington des détails intimes sur la corruption, réelle ou imaginaire, qui pourront ensuite être utilisés pour former les activistes des ONG comme ceux des groupes Navalny. (NdT : ceci fonctionne comme une véritable 5ème colonne US en Russie..). Un autre projet de la NED : Les Idées et Valeurs Démocratiques : 400 000 US$ pour quelque chose appelé : "Point de rencontre des droits de l'Homme et de l'Histoire, élever les consciences sur l'usage et le mauvais usage de la mémoire historielle et stimuler la discussion publique sur les problèmes politiques et sociaux urgents." Ceci ressemble à s'y méprendre à une campagne récente du State Department pour la réécriture de l'histoire de la seconde guerre mondiale et du fait que l'URSS a payé de 27 millions de mort le prix d'avoir défait Hitler.

La seule véritable question n'est pas de savoir pourquoi le gouvernement russe a banni la NED de son territoire comme la première des ONG indésirables sous le coup de sa nouvelle loi. La question est de savoir pourquoi il ne l'a pas fait il y a 20 ans, ou du moins en 1999 lorsque Poutine est devenu président ? L'OTAN aujourd'hui est dans un état de guerre larvée avec la Russie, dans un tel cas, bannir des ONG hostiles comme la NED n'est que prudente auto-défense.

En Mai dernier, se référant au passage de la nouvelle loi russe sur les ONG indésirables, la porte-parole du ministère des AE US Marie Harf a dit que les États-Unis étaient "profondément troublés" par la nouvelle loi, l'appelant "un exemple additionnel de l'augmentation de la répression du gouvernement russe sur les voix indépendantes (sic) et une voie intentionnelle d'isoler le peuple russe du reste du monde." Avant d'occuper sa position actuelle, Harf était la... porte-parole médiatique de la CIA, où elle a commencé sa carrière. Étonnant non ?...

De manière notable, en même temps que la Russie bannit la NED sous sa nouvelle loi des ONG indésirables, la Chine vient de signer une loi, celle de l'Overseas NGO Management Law, qui restreint les ONG étrangères sur son territoire. En Octobre dernier, la même NED avait financé les manifestions de la "révolutions des parapluies" à Hong Kong et la NED finance directement les séparatistes Ouïghours de la province chinoise du Xinjiang, comme par hasard le carrefour de tous les oléoducs et gazoduc majeurs venant de Russie et du Kazakhstan.