A San Francisco, 14 agents de police ont été mobilisés pour maîtriser un unijambiste noir, sans abri, armé de béquilles et, apparemment, dangereux. Un incident qui vient alimenter les accusations d'usage excessif de la force par la police américaine

Chaedria LaBouvier, journaliste, a filmé l'affrontement, avant de le diffuser sur Medium, une plate-forme de blogs. On y voit des policiers procéder à l'arrestation d'un sans-abri unijambiste d'origine afro-américaine dans une rue du centre de la ville, Market street. Selon les témoignages, la police a été appelée pour s'occuper d'un homme au comportement suspect qui agitait des «bâtons» autour de lui.

La vidéo de cet incident qui s'est déroulé le 4 août, montre le degré d'humiliation et de force brute exercé immédiatement après que l'homme ait été mis à terre par les policier de la police de San Francisco (SFPD). Les agents n'ont pas manqué de clouer au sol cet homme handicapé à chaque fois qu'il essayait de bouger.

«Ce sont mes béquilles. Je les utilise pour marcher», a-t-il essayé d'expliquer. En vain, car même après avoir réalisé que cet homme portait une prothèse de jambe, la police a continué à utiliser une force physique démesurée pour le maîtriser en lui maintenant la tête contre le sol.

Dans des efforts continus pour maîtriser cet handicapé, déjà à terre et avec quatre hommes au-dessus de lui, d'autres policiers ont marché sur sa prothèse, «l'ont faite tourner alors même qu'il l'avaient déjà menotté», a noté Chaedria LaBouvier.

Frappé tandis qu'il était au sol, le suspect s'est exclamé : «Mais bordel, pourquoi est-ce que vous me faites ça ?» au moment où d'autres policiers sont arrivés pour former un cordon autour de la zone de l'incident.

Des témoins se sont élevés contre cette brutalité policière dès le début de la vidéo, mais en vain, les policiers ont continué de maltraiter l'unijambiste. Le cameraman a particulièrement relevé le «manque de respect» à l'égard du suspect, alors que ses vêtements étaient tiraillés dans l'incident, exposant malencontreusement ses fesses à la vue de tous, puis son dos tout entier.

Après six minutes environ, le suspect a commencé se plaindre d'une douleur liée à l'arrestation et a affirmé qu'il souffrait d'une maladie infectieuse à l'une de ses jambes. A un moment donné, craignant pour sa vie, l'homme s'est écrié : «ils vont me tirer dessus». Ce à quoi on entend un témoin lui répondre : «Ils ne vont pas tirer, c'est pour cela que nous sommes ici avec ces caméras».

Ces dernières semaines, de nouvelles bavures policières à caractère racial se sont produites aux Etats-Unis illustrant les tensions entre la police et les communautés qu'elle est censée servir. Le 23 juillet, à Cincinnati, un homme désarmé a été tué par un agent lors d'un contrôle routier. Plus récemment encore, un nouvel adolescent, désarmé lui aussi, a trouvé la mort au Texas. Une longue série de bavures qui, à chaque fois, ont agrandi le fossé entre des forces de l'ordre accusées de racisme et une population noire de plus en plus en colère.

Autant d'éléments qui expliquent sans doute l'explosion de violence qui s'est produite à St-Louis, dans le Missouri, après la célébration du premier anniversaire de la mort de Michael Brown au début du mois d'août. Cet adolescent afro-américain avait été abattu par un policier blanc, Darren Wilson, blanchi de toute inculpation, par la justice américaine.