Traduction copyleft de Pétrus Lombard pour Alter Info

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J'ai reçu dernièrement quelques réponses de gens mal informés qui ont lu ma série d'essais sur l'influence éventuelle de l'électricité dans le Système solaire, qui incluait la nature électrique des comètes.

Plusieurs m'ont écrit pour dire que je n'accordais pas à l'astrophysicien James McCanney ses propres mérites, affirmant même qu'il « est à l'origine » de la théorie de la comète électrique. Certains ont de plus déclaré que Wallace Thornhill, le spécialiste de la théorie de l'« Univers électrique, » a « emprunté » ses théories à McCanney sans mentionner sa paternité.

Ces deux affirmations sont fausses.

McCanney n'est pas l'auteur de la théorie de la comète électrique, car :

1. cette théorie a des racines dans de nombreuses spéculations du 19ème siècle sur les comètes ;

2. l'œuvre catalytique sur le Soleil et les comètes électriques est due à un pionnier du 20ème siècle, Ralph Juergens, dont les publications sur ce thème précèdent de plusieurs années celles de McCanney ;

3. les travaux de Juergens, suivies avec diligence depuis le début par Thornhill, lui ont directement inspiré ses thèses ;

4. l'hypothèse de Juergens, sensiblement différente de celle de McCanney, fut privilégiée par Thornhill qui lui ajouta beaucoup de nuances ;

5. les découvertes de l'ère spatiale jettent le doute sur la thèse centrale de McCanney, alors que ce n'est pas le cas pour celle de Thornhill.

Toujours est-il, il faut accorder à McCanney le mérite d'avoir exploré les phénomènes cométaires d'un point de vue électrique unique, et d'avoir ajouté la « comète électrique » au débat scientifique.

Un bref aperçu historique de l'évolution de la théorie de la comète électrique peut être utile.

Il est évident qu'au moins dans la seconde moitié du 19ème siècle, de nombreux scientifiques pensaient que les queues cométaires sont essentiellement électriques. Par exemple, en 1872, Scientific American (27 juillet, p. 57) fit savoir à ses lecteurs que « Le professeur Zollner de Leipzig » attribue la « luminosité naturelle » des comètes à l'« excitation électrique. »

Dans cet article, Zollner suggère que,

« En tant que masse, le noyau des comètes est soumis à la gravitation, tandis que les vapeurs faites de très petites particules qu'il développe, obéissent à l'action de l'électricité libre du Soleil... »

Toujours au 19ème siècle, le 11 août 1882, English Mechanic and World of Science, p. 516-7, écrivit sur les queues cométaires :

« ...Il semble qu'il y ait chez les physiciens le sentiment en pleine expansion rapide que la lumière intrinsèque des comètes et les singularités de leur queue appartiennent à l'ordre des phénomènes électriques. »

Des idées similaires sur la queue des comètes apparurent dans Nature, n° 1370, vol. 53, 30 janvier 1896, p. 306 :

« On a longtemps imaginé que le phénomène de la queue des comètes est dû en quelque sorte à une répulsion électrique solaire, et une lumière supplémentaire est jetée sur cette question par des recherches physiques récentes. »

Pourtant, dans les décennies suivantes, la science abandonna tout crédit envers les phénomènes électriques dans l'espace ; une tournure des événements qui est seulement en train de s'inverser aujourd'hui.

Une incitation de premier ordre en faveur d'un réexamen indépendant de l'électricité et du magnétisme dans l'espace survint en 1950, avec la publication de Mondes en collision d'Immanuel Velikovsky. Ce théoricien controversé avait proposé une idée extraordinaire. Il avait suggéré que, seulement quelques milliers d'années auparavant, la planète Vénus était apparue dans le ciel comme une grande comète.

Cette théorie fut ridiculisée par le courant scientifique dominant, car tout scientifiques habilité « savait » que les gaz ne peuvent pas s'échapper d'un corps de taille planétaire pour produire le genre de « queue cométaire » que Velikovsky avait imaginé. Velikovsky n'ignorait pas la « vitesse d'évasion » évoquée par les physiciens, mais l'étude de documents anciens lui suggéra que nos ancêtres furent témoin d'une activité électrique extrêmement intense dans le ciel, notamment d'arcs électriques entre planètes voyageant sur des trajectoires fluctuantes.

Selon Velikovsky, la réconciliation des évidences avec les connaissances scientifiques actuelles se ferait uniquement par la prise en compte de l'électromagnétisme.

Dans Mondes en collision, il a écrit :

« Je suis devenu sceptique quant aux grandes théories concernant les mouvements célestes formulées à une époque où les faits historiques décrits ici n'étaient pas connus de la science... Les principes fondamentaux de la mécanique céleste, dont la loi de la gravitation, doivent être remis en question si le Soleil possède une charge [électrique] suffisante pour influencer les planètes et leurs orbites, ou les comètes sur la leur. Dans la mécanique céleste de Newton, basée sur la théorie de la gravitation, l'électricité et le magnétisme ne jouent aucun rôle. »

Dans les années 1960, à Flagstaff en Arizona, inspiré par les évidences historiques de phénomènes électriques dans les cieux, un ingénieur nommé Ralph Juergens, ancien rédacteur en chef associé d'une publication technique de McGraw-Hill, commença à collaborer directement avec Velikovsky. Ces évidences amenèrent Juergens à entamer une vaste enquête sur les propriétés électriques des corps célestes. Il en vint à considérer le Soleil comme le corps le plus chargé positivement au centre d'un système électrique.

À l'automne 1972, Juergens publia le premier article d'une série proposant une hypothèse révolutionnaire sur le « Soleil électrique. » Ces articles parurent dans la série « Immanuel Velikovsky reconsidéré, » en page 6 du magazine Pensee :

« Les caractéristiques connues du milieu interplanétaire suggèrent non seulement que le Soleil et les planètes sont chargés électriquement, mais que le Soleil est lui-même au centre d'une décharge électrique cosmique, source probable de la totalité de son rayonnement d'énergie. »

Même si le modèle de Juergens était en soi plus axé sur le Soleil, ses implications étaient incontournables pour la théorie cométaire.

Passons sur la plupart des détails techniques concernant la formation d'une « gaine de plasma » autour des corps spatiaux chargés, mais, dans l'hypothèse de Juergens, une comète passe le plus clair de son temps dans les régions les plus reculées du Système solaire, là où le champ électrique est le plus négatif. Le noyau de la comète, dit Juergens, prend naturellement la charge négative de son milieu. Ceci amène des contraintes électriques sur la comète quand elle se précipite vers le Soleil.

Juergens écrit,

« Une enveloppe d'espace chargé commencera à se former pour protéger le plasma interplanétaire du champ étranger de la comète. Pendant la course de la comète vers le Soleil, sa gaine prendra la forme d'une longue queue s'étirant à l'opposé du Soleil... »

Ce modèle de Juergens, du Soleil électrique et de la décharge électrique des comètes, fut immédiatement repris par Earl Milton, professeur de physique à l'université de Lethbridge au Canada.

S'exprimant lors de la réunion annuelle de la Society of Interdisciplinary Studies en avril 1980, Milton voua une adhésion vibrante à l'hypothèse de Juergens :

« L'astre cométaire prend les propriétés (la charge électrique) de l'espace dans lequel il passe le plus clair de son temps. Lors de ses rares apparitions, quand il entre dans l'espace intérieur du Système solaire, le corps cométaire perd sa stabilité car il évolue désormais dans un environnement électriquement différent de celui auquel il est en harmonie. Un courant électrique se produit alors pour corriger la situation. L'enveloppe qui se crée autour du corps cométaire brille vivement et prend la forme caractéristique de la tête et la queue de la comète. »

Plusieurs années après les documents révolutionnaires de Juergens sur le Soleil électrique, James McCanney, alors chargé de cours au département de mathématiques et physique de l'université Cornell, prépara pour le magazine Kronos le premier article d'une série de trois : « Nature et origine des comètes et l'évolution des corps célestes. »

Selon ses propres paroles,

« Ces articles ont été produits durant les années universitaires 1979-80 et 1980-81. »

Ces articles sont protégés par copyright 1981 et 1983.

Un autre chercheur, le physicien australien Wal Thornhill, contribua aussi sensiblement aux spéculations modernes sur les « comètes électriques. » L'intérêt de Thornhill fut éveillé dans les années 1970 par la série du magazine Pensee, et ses plus grands efforts se portèrent sur l'œuvre révolutionnaire de Ralph Juergens. En 1974, cette vive passion l'amena en Amérique pour assister à la conférence internationale, « Velikovsky et l'histoire récente du Système solaire. » Ralph Juergens était l'un des principaux orateurs.

Au cours des trois décennies suivantes, Thornhill amassa une énorme base de données sur les comètes, une grande partie de cette recherche indépendante étant prévue pour la publication d'une série de volumes commençant par Thunderbolts of the Gods (Les foudres des dieux), écrit en collaboration avec David Talbott (de thunderbolts.info).

Des années après la série d'articles de Juergens dans le magazine Pensee, les articles de James McCanney sur les comètes parurent dans Kronos. Thornhill discerna que l'hypothèse de McCanney divergeaient sensiblement de l'originale de Juergens, et il privilégia celle de Juergens. De cette manière, Thornill considéra le noyau cométaire comme un corps chargé négativement, se déplaçant dans le champ électrique du Soleil, et subissant un renforcement des contraintes électriques en se rapprochant du centre du champ (Soleil).

Ce point de vue est exposé dans la monographie, The Electric Universe, actuellement en publication :

« La comète se précipitant vers le Soleil, des électrons sont arrachés de sa surface et une énorme décharge luminescente ou chevelure se développe en premier. Puis la décharge passe en mode arc. Le courant d'intensité élevée produit sur la surface un certain nombre de « taches » cathodiques lumineuses, grave des cratères circulaires et brûle la surface sombre en lui donnant sa teinte extrêmement foncée. Chaque arc constitue un « jet cathodique » qui précipite électriquement dans l'espace les matériaux excavés et vaporisés. »

Ce point mérite particulièrement d'être mentionné, car il distingue le modèle de Juergens-Milton-Thornhill de celui de James McCanney. L'hypothèse de McCanney était que le noyau cométaire accumule les matériaux et que, sur de longues périodes, ce processus d'accrétion donnerait naissance à une planète. À l'opposé de ce modèle, l'hypothèse de Thornhill prédit que le noyau cométaire se dégrade progressivement, avec les marques superficielles très nettement définies d'un processus de gravure électrique. Cette distinction entre les deux modèles équivaut à une épreuve de vérité.

Dans son article, « Nature et origines des comètes et évolution des corps célestes » (Partie 1), Kronos, vol 9, N° 1, automne 1983, McCanney écrit,

« ...Une comète entraînée dans la décharge du condensateur solaire continuera à croître en taille et masse... »

« La queue courbée, comme celle de la comète de Donati quand elle s'est approchée du Soleil, résulte de la matière du disque zodiacal tombant sur le noyau de la comète... »

« Cela crée une accumulation de matériaux sur l'astéroïde cométaire... Les comètes évoluent finalement en planètes... »

Plus précisément, à l'Annexe 2, Partie II, de Kronos Vol 9, n° 3, de l'été 1984, McCanney prédit en tant que test définitif que, les matériaux de la queue, « par l'observation directe, seront vus se déplacer vers le noyau de la comète. »

Nous avons aujourd'hui visité plusieurs comètes. Ce genre de comportement n'a pas été détecté, et il est bien évident que les violentes projections enlèvent de la matière et s'accélèrent dans l'espace...

Il devrait être évident que personne ne peut revendiquer un monopole sur la théorie de la comète électrique. Mais il n'est que normal que les novateurs à l'avant-garde (ici, Velikovsky et Juergens) reçoivent le mérite qui leur est dû pour avoir ouvert les portes à des possibilités révolutionnaires.

Thornhill attribua systématiquement dès le début à Velikovsky et Juergens le sens de l'œuvre de sa vie.

Les contributions de James McCanney devraient aussi être saluées, mais l'idée qu'il « serait à l'origine » de la théorie de la comète électrique, et/ou que Wal Thornhill lui aurait injustement « emprunté » son travail, est d'évidence complètement faux.