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Près d'un quart de l'Europe est au bord de la pauvreté : 123 millions de personnes ne sont en effet pas en mesure de faire face à un coup dur financier, selon un rapport de l'organisation internationale de développement Oxfam publié mercredi.

En Belgique, une personne sur cinq est exposée au risque de pauvreté et d'exclusion sociale et plus de 15% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Le rapport d'Oxfam, intitulé "Une Europe au service de la majorité, et non d'une élite", met en évidence le fait que les inégalités croissantes empêchent toute lutte efficace contre la pauvreté. Entre 2009 et 2013, le nombre d'Européens ne pouvant plus payer leur facture de chauffage ou faire face à des dépenses imprévues est passé de 7,5 millions à 50 millions.

Dans 27 pays de l'UE, 7,5 millions de personnes supplémentaires ont été classées en situation de privation matérielle aiguë, avec une augmentation dans 19 pays. Le chômage reste très élevé dans de nombreux pays, et même ceux qui ont la chance de travailler voient leurs revenus stagner ou se transformer en salaires de misère. Les femmes, les jeunes et les migrants sont les groupes les plus susceptibles de vivre en situation de pauvreté.

Dans l'UE, la pauvreté ne relève pas de l'épuisement des ressources, mais de la façon dont les ressources (revenus et richesses) sont partagées, explique l'organisation. D'après le Crédit Suisse, le pour cent des Européens les plus riches (pays hors UE compris) détiennent près d'un tiers des richesses du continent, alors que les 40% inférieurs de la population se partagent moins de 1% des richesses nettes totales de l'Europe. Autrement dit en Europe, les 7 millions de personnes les plus riches détiennent le même niveau de richesses que les 662 millions de personnes les plus pauvres (pays hors UE compris).

En Belgique, une personne sur cinq est exposée au risque de pauvreté et d'exclusion sociale et plus de 15% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. A Bruxelles, 40% des jeunes âgés de 15 à 24 ans vivent en dessous de ce seuil, un chiffre "particulièrement alarmant" selon Oxfam. Les richesses sont réparties de façon très inégale dans notre pays, affirme l'organisation. Les 5% les plus riches possèdent en effet autant que les 75% les plus pauvres.

A l'autre bout de l'échelle, tout comme l'Europe qui abrite 342 milliardaires, la Belgique fait aussi figure de refuge pour les riches multinationales et les plus fortunés, qui utilisent une série de mécanismes fiscaux pour réduire leur impôt, dénonce Oxfam. L'organisation cite par exemple le cas d'une des filiales de l'entreprise française EDF qui a utilisé les intérêts notionnels en 2011 pour ne payer que 0,3% d'impôt.

Le rapport insiste également sur l'influence prépondérante des individus, multinationales et groupes d'intérêt les plus riches sur les politiques européennes. Parmi les groupes qui conseillent la Commission européenne sur les réformes fiscales, 82% sont issus des intérêts privés et commerciaux.

L'organisation internationale de développement entend rappeler à l'ordre les ministres européens des Finances, qui se réunissent les 11 et 12 septembre prochains. "Il est temps que l'Europe ré-endosse son rôle de leader mondial en promouvant un programme progressiste qui s'adresse à tous, et pas seulement à une élite puissante et fortunée. L'Europe reste l'une des six régions les plus riches du monde, si bien qu'on ne saurait évoquer un manque de moyens financiers. Les principaux leaders doivent désormais démontrer une volonté politique pour mettre un terme à la pauvreté et aux inégalités extrêmes en Europe", insiste-t-elle.

Oxfam recommande dès lors aux institutions de l'UE et aux États membres de renforcer la démocratie institutionnelle, de ré-investir dans les services publics, de garantir un travail et des salaires décents et de développer davantage la justice fiscale.