D'après les survivants de la frappe américaine contre l'hôpital afghan de Kunduz, voir des collègues et des patients mourir a été un choc horrifiant. Pour le personnel médical, cette tragédie ne peut pas être reléguée au rang de dommage collatéral.




Lorsqu'il repense aux frappes aériennes qui ont touché l'hôpital de Médecins Sans Frontières (MSF) à Kunduz en Afghanistan, le personnel de l'ONG a dit que la destruction de l'hôpital n'était rien moins qu'une «grave violation du droit international humanitaire».

Les frappes aériennes ont eu lieu entre toutes les 15 minutes entre 2h08 et 3h15 du matin. L'immeuble principal de l'hôpital «a été touché très précisément à plusieurs reprises» lors de ce raid, a fait savoir MSF. La tragédie s'est produite malgré le fait que MSF avait fourni aux Etats-Unis les coordonnées GPS de l'hôpital pour éviter qu'il soit l'objet de bombardements.


Commentaire : Après le commencent des bombardements, les forces américaines ont de nouveau été prévenues de la localisation de l'hôpital; une information qui ne les a pas empêchées de continuer leurs frappes pendant plus de 30 minutes.


L'un des survivants, un infirmier de MSF, Lajos Zoltan Jecs, qui était à l'intérieur lors de l'attaque, a qualifié ces frappes aériennes «d'absolument terribles».

D'abord, c'était la confusion et il y avait de la poussière partout», a-t-il témoigné sur le site de MSF. «Alors que nous essayions de réaliser ce que se produisait, il y avait de nouveaux bombardements», poursuit l'infirmier.

«Les bombes ont été larguées et nous avons entendu l'avion qui nous survolait», se rappelle Heman Nagarathnam, le chef des programmes de MSF dans le nord de l'Afghanistan. «Il y a eu une pause, et puis de nouvelles bombes ont été larguées. Cela s'est produit à maintes et maintes reprises», déplore l'intéressé.

Lajos Zoltan Jecs s'est rappellé qu'une infirmière des urgences s'est occupée de la grave blessure au bras d'un autre infirmier.

«Il était couvert de sang, il avait des blessures sur tous le corps. A ce moment-là, mon cerveau ne pouvait pas comprendre ce qui se produisait. Pendant un moment, je n'ai fait que rester debout, en état de choc», s'est souvenu Lajos Zoltan Jecs.

Lorsque les bombardements ont cessé, quelques survivants ont quitté leurs abris pour partir à la recherche d'éventuels survivants. D'autres, pris que panique, ont essayé de fuir pour se mettre en lieu sûr, alors que l'immeuble principal de l'hôpital était dévoré par les flammes.

«Nous avons essayé de regarder dans l'un des bâtiments qui brûlait. Je ne peux pas décrire ce qu'il y avait à l'intérieur. Il n'y pas de mots pour décrire combien la situation était terrible», a confié Lajos Zoltan Jecs, avant d'ajouter : «dans l'unité de soins intensifs, six patients brûlaient dans leurs lits».

Un patient a été abandonné sur la table de la salle d'opération, «mort au milieu de la destruction», se rappelle l'infirmier qui souligne que «nombreux étaient ceux que nous n'avons pas pu aider».

«Ceux qui le pouvaient, ont gagné rapidement les deux bunkers du bâtiment pour se mettre en sécurité. Mais les patients qui étaient incapables de s'enfuir ont été brûlés vifs dans leurs lits», se rappelle Heman Nagarathnam.

Eltaf Najafizada, un journaliste indépendant travaillant pour RT, a appris la mort de son ami Aminullah Salarzai, qui travaillait comme médecin dans cet hôpital, sur les réseaux sociaux.
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Le corps sans vie de Aminullah Salarzai.
«En ce qui concerne la mort de mon ami, c'est vraiment un moment triste. Il n'avait pas 30 ans et était engagé. Il travaillait en tant que médecin dans l'hôpital de MSF. Tout le monde l'aimait. Il me manque vraiment».

19 personnes sont mortes, dont 12 membres du personnel de l'ONG. 37 autres personnes ont été blessées. Au moment où les bombes sont tombées sur l'hôpital de MSF à Kunduz, 105 patients et plus de 80 employés se trouvaient à l'intérieur de l'hôpital.