Commentaire : Agents provocateurs infiltrés au sein des réfugiés, néo-nazis devenant de plus en plus populaires au sein de la société allemande, il semblerait que l'Allemagne serve de laboratoire pour le choc des civilisations, en d'autres termes, faire en sorte que les 99% s'entretuent sous le regard amusé des 1%.



Lundi, des centaines d'extrémistes de droite organisés ont attaqué des lieux de réunion et de rassemblement de la gauche, un restaurant turc et des maisons d'habitation à Leipzig. La terreur fasciste eut lieu au moment où se déroulait en ville une manifestation initiée par le mouvement d'extrême-droite Legida.

L'émeute de Leipzig a eu lieu un jour après que quatre groupes d'étrangers ont été agressés dimanche à Cologne, a dit la police.

Cette vague de violence droitière a lieu dans le contexte d'une hystérie raciste répandue par les politiciens et les médias à la suite de prétendues agressions sexuelles par des immigrants à Cologne, la veille du Nouvel An.

Ce qui s'est passé lundi soir à Connewitz, dans la banlieue de Leipzig, où vivent de nombreux étudiants et gens de gauche, ne peut être qualifié que de pogrome organisé. Un groupe d'au moins 250 néo-nazis venus des quatre coins du Land de Saxe s'était rendu en voiture dans ce quartier. Selon les enquêteurs ils avaient garé leurs voitures dans différents endroits, pour ensuite se rassembler dans le quartier.

Des témoins oculaires cités par le Leipziger Volkszeitung (LVZ) ont parlé d'une horde de néonazis qui avait défilé « au pas de l'oie » dans le quartier et déclenché un peu plus tard une orgie de violence à l'angle de la Wolfgang-Heinze-Straße et de la Simildenstraße. « ils portaient de grosses pierres qu'ils avaient apparemment apportées. C'est comme s'ils avaient eu un chef qui devait leur donner le signal » dit un témoin au journal.

Un autre témoin a dit que cette bande était armée de battes de baseball et de haches. Ils ont brisé de nombreuses fenêtres, envahi un restaurant turc et jeté par la fenêtre des tables et des chaises dans la rue.

La police a dit que des dizaines de vitrines avaient été brisées à Connewitz, des feux d'artifice allumés et des voitures incendiées. La destruction était de toute évidence prévue. Les vitres d'un club de football local dont les supporters sont de gauche, l'« Etoile rouge de Leipzig », et plusieurs bistros avoisinant ont été démolis. La police a interpellé 211 individus et un certain nombre de plaintes pour coups et blessures ont été déposées.

Des attaques violentes perpétrées par des nazis contre des personnes de gauche avaient eu lieu à Leipzig dans les années 1990. Mais l'historien Sascha Lange a dit au LVZ que cette dernière émeute devait être vue sur le plan historique. « Nous devons admettre qu'il s'agit de la plus importante attaque menée par des extrémistes d'extrême-droite contre des magasins et des maisons à Leipzig depuis les pogromes de novembre 1938. » Lange est spécialiste des groupes de résistance dans le Troisième Reich.

Bien que les agissements des néonazis aient été annoncés d'avance dans les réseaux sociaux comme une « Tempête sur Leipzig » et étaient bien sûr une action parfaitement coordonnée et organisée, la police n'est intervenue qu'après que les dégâts aient été commis. Lorsque la police est apparue, les néonazis se sont rendus sans opposer de résistance, bien qu'ayant tout d'abord été en surnombre.

En Saxe, les liens entre l'extrême-droite et l'appareil d'Etat sont particulièrement étroits. La Landeszentrale für politische Bildung (Centre régional pour l'éducation politique) avait joué l'année dernière un rôle dans la mise en place du mouvement extrémiste de droite et xénophobe Pegida. Plusieurs néonazis influents de Saxe étaient et sont toujours à la solde des services secrets. On a annoncé lundi que le parti fasciste NPD a ses propres indicateurs à la police de Leipzig. Le parti a publié des documents internes de la police concernant les activités de personnes de gauche avec noms et adresses.

Compte tenu du contexte dans lequel se sont déroulées les émeutes à Connewitz, il ne peut être exclu qu'elles aient été organisées avec la connaissance des forces de sécurité ou qu'elles aient même été initiées par celles-ci.

En tout état de cause, les néonazis ont réagi à la campagne raciste promue par les partis politiques et les médias allemands suite aux incidents de la Saint-Sylvestre à la Gare centrale de Cologne. L'extrême-droite a le sentiment d'avoir le vent en poupe après presque deux semaines de xénophobie officiellement approuvée.

C'était déjà clair à la manifestation de Legida qui se tenait en même que se produisait l'émeute. Les extrémistes de droite de Legida - un rejeton du Pegida de Dresde - fêtaient lundi soir le premier anniversaire du mouvement. Pegida y avait envoyé quelques-uns de ses supporters, d'autres étaient venus de Chemnitz pour participer à la manifestation à Leipzig. Au total environ 3.000 participants étaient présents.

Se référant aux événements de la Cologne, Tatjana Festerling, dirigeante de Pegida, a parlé d'une « attaque terroriste de grande ampleur contre des femmes blondes, blanches et allemandes, » aux mains « de terroristes sexuels afro-arabes ». La faute en incombait, a-t-elle dit, aux politiciens allemands qui avaient laissé la population sans défense en laissant entrer des migrants dans le pays.

La chasse aux sorcières contre les étrangers et les réfugiés est directement liée à la campagne lancée par les médias ces derniers jours. Le journal allemand le plus largement lu, le Süddeutsche Zeitung, a publié une caricature montrant une main noire saisissant l'entrecuisse d'une femme blanche. Le magazine Focus a représenté en couverture la photo d'une femme blanche nue couverte d'empreintes de mains noires. Le journal Die Zeit avait titré: « Le cauchemar - des hommes arabes qui tripotent des femmes allemandes. »

Cette campagne a délibérément suscité un climat de pogrome qui a encouragé les extrémistes d'extrême-droite. La population doit être terrorisée et intimidée dans le but de permettre à la l'élite dirigeante d'imposer sa politique de guerre et d'attaques sociales pour laquelle elle n'a aucune légitimité démocratique.

C'est dans ce même but que le mouvement d'extrême-droite Pegida est systématiquement promu par les milieux et les médias officiels. Les démagogues fascistes qui dirigent ces mouvements ont eu droit à des émissions-débat diffusés aux heures de grande écoute, ont obtenu des locaux de la Landeszentrale für politische Bildung et reçu de la part de politiciens de tous les principaux partis des invitations à discuter.

Les émeutes de cette semaine à Leipzig sont le résultat direct de la légitimation du racisme, du militarisme et de la politique nationaliste extrême pratiquée par l'establishment politique et les médias.