Une étude épidémiologique portant sur les effets transgénérationnels du Distilbène montre que les petits-enfants des femmes traitées avec cette hormone de synthèse, prescrite pour prévenir les fausses couches, sont 40 à 50 fois plus exposés au risque de l'hypospadias.

L'hypospadias est une malformation congénitale de l'urètre, dont l'orifice se trouve anormalement positionné sur la face inférieure du pénis et non à son extrémité. Détectée lors de l'examen pédiatrique, elle nécessite une intervention chirurgicale lorsque l'enfant atteint un an environ.

Le Distilbène (DES) est une hormone de synthèse prescrite pendant près de 30 ans aux femmes enceintes pour prévenir les fausses couches. Entre deux et huit millions de femmes dans le monde ont été traitées de cette façon entre 1948 et 1976, et en France le DES a concerné environ 200.000 patientes.

Des tumeurs vaginales et, chez les garçons, des malformations génitales (l'hypospadias) sont les effets secondaires connus chez les «enfants distilbène». Une équipe constituée autour du professeur Charles Sultan (CHRU Lapeyronie de Montpellier) s'est penchée sur la prévalence de l'hypospadias chez les petits-enfants de ces femmes traitées par le DES.

La prévalence «apparaît être 40 à 50 fois supérieure» à celle attendue, a commenté le Pr Sultan.

8,2% de malformation chez les garçons issus «de grands-mères distilbène»

Selon Nicolas Kalfa, chirurgien pédiatre co-signataire d'une analyse à paraître dans la revue «Fertility ans Sterility», la fréquence de la malformation est de 0,2% dans la population. Elle passe à 8,2% chez les garçons issus «de grands-mères distilbène».

Le DES est, a rappelé le Pr Sultan, «un modèle d'action des perturbateurs endocriniens» chez l'animal et chez l'homme, ces substances chimiques qui peuvent interférer avec le fonctionnement des hormones.

Or, a-t-il souligné, ces effets transgénérationnels ont été rapportés, chez l'animal, pour toutes les classes de perturbateurs endocriniens - dont les pesticides et le Bisphénol A (composé chimique controversé utilisé dans la fabrication de plastiques alimentaires).

La question est de savoir si le Bisphénol A et les autres perturbateurs endocriniens «ne risquent pas d'avoir un effet transgénérationnel» chez l'homme, a conclu le scientifique. Il plaide pour le principe de précaution, à savoir «réduire de 100% l'utilisation des pesticides et des polluants chimiques qui agissent en tant que perturbateurs endocriniens».

(Source AFP)