Traduction copyleft de Pétrus Lombard pour Alter Info

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WASHINGTON - Selon un nouveau rapport publié mardi, les autorités de réglementation de l'industrie savaient depuis des années que le Roundup, l'herbicide le plus vendu dans monde, produit par la compagnie Monsanto, provoque des anomalies congénitales.

Le rapport, « Roundup and birth defects: Is the public being kept in the dark? » (Roundup et anomalies congénitales : Le public est-il gardé dans l'ignorance ?) découvre que les autorités de réglementation savaient déjà en 1980 que le glyphosate, le produit chimique de base du Roundup, a le pouvoir de créer des anomalies congénitales chez les animaux de laboratoire.

Mais, en dépit de ces alertes, et bien que la Commission européenne savait que le glyphosate provoque des anomalies depuis au moins 2002, cette information n'a pas été rendue publique.

Selon le rapport, les autorités de réglementation ont à la place induit le public en erreur sur l'innocuité du glyphosate, et, pas plus tard que l'an dernier, l'Office fédéral allemand pour la protection des consommateurs et la sécurité alimentaire, l'organisme gouvernemental allemand s'occupant du bilan du glyphosate, a déclaré à la Commission européenne qu'il n'existe aucune preuve montrant que le glyphosate cause des malformations congénitales.

Le (nouveau) rapport arrive des mois après que les chercheurs ont constaté que les cultures génétiquement monstrueuses utilisées en association avec le Roundup contiennent un agent pathogène capable de provoquer des fausses couches chez les animaux. Après avoir observé l'organisme nouvellement découvert, en février, Don Huber, professeur émérite à l'université de Purdue, a écrit une lettre ouverte au ministre de l'Agriculture |*), Tom Vilsack, demandant un moratoire sur la déréglementation des cultures génétiquement monstrueuses invulnérables au Roundup, qui sont communément appelées cultures Roundup Ready.

(* Ndt : Deux articles sur Alterinfo parlent de l'alerte de Don Huber : Situation d'urgence génétiquement monstrueuse en Zunie et Roundup, le désastre absolu.)

Dans sa lettre, faisant également des remarques sur l'herbicide lui-même, Huber disait : « Il est bien documenté que le glyphosate favorise les pathogènes du sol et est déjà impliqué dans la multiplication de plus de 40 maladies végétales. Démantelant les défenses des plantes par chélation des nutriments essentiels, il réduit la biodisponibilité des nutriments dans le fourrage, ce qui est capable de créer des troubles chez les animaux. »

Bien que le bilan du glyphosate dût au départ être fait en 2012, au lieu de le faire, la Commission a décidé l'année dernière de le reporter en 2015. D'après le tout dernier règlement le plus strict, ce produit chimique ne sera pas réexaminé avant 2030.

Dans la conclusion de leur rapport, les auteurs ont écrit :
« Notre examen des preuves nous amène à la conclusion que l'agrément actuel du glyphosate et du Roundup est incompétent et un manquement grave. Qui plus est, nous avons appris par des experts familiers de l'évaluation et de l'approbation des pesticides que le cas du glyphosate n'est pas rare.

Ils disent que l'homologation de nombreux pesticides s'appuie sur des données et des évaluations de risques qui sont tout aussi, fausses scientifiquement, si ce n'est plus. Ceci est d'autant plus la raison pour laquelle la Commission doit réévaluer d'urgence le glyphosate et les autres les pesticides en fonction de normes modernes plus rigoureuses. »