10% des collégiens affirment être victimes de harcèlement selon la première étude de grande envergure sur le sujet.

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© HOTOPQR/« LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ »/FABRICE ANTERIONLe harcèlement au collège concerne 10% des élèves selon la première enquête de victimation nationale réalisée auprès de 18 000 élèves, et que nous dévoilons en avant-première.

Ils y vont souvent en traînant des pieds, sans doute parce qu'ils préféreraient ne s'y rendre que pour retrouver les copains.
Mais non, le collège, ce n'est pas cette jungle de brutalité sauvage que l'on imagine vite, pour peu qu'un fait de violence, racket ou tabassage, vienne émailler l'actualité. Les élèves, en tout cas, ne le vivent pas comme ça.

C'est ce que révèle la première enquête de victimation nationale, réalisée dans 300 établissements de France selon un échantillon représentatif des collèges du pays, que le ministère de l'Education nationale doit rendre publique aujourd'hui et que nous dévoilons en avant-première.

Un outil de mesure réclamé par les experts, décidé lors des états généraux de la violence à l'école au printemps 2009 : pour lutter contre la violence, il faut en avoir un thermomètre fiable.

Pour coller au plus près de la réalité, l'enquête de victimation est allée au-devant des élèves en fin d'année dernière. Dix-huit mille collégiens ont ainsi répondu à une cinquantaine de questions, hors la présence de leurs profs, pour mesurer leur ressenti de la violence subie dans l'enceinte de leur école. L'immense majorité s'y sent bien, en sécurité, estime que les relations avec leurs enseignants sont bonnes, les punitions, quoique vexantes, pas si injustifiées que cela. Et ce, même en zone difficile, à quelques infimes variations près : « C'est sans doute une grande surprise de cet état des lieux », commente Eric Debarbieux, qui, en spécialiste international des violences scolaires, pilotait les états généraux et cette enquête.

Celle-ci met en revanche aussi en lumière, comme l'étude réalisée pour le compte de l'Unicef en mars dernier à l'école primaire, qu'un collégien sur dix n'y est pas à la fête à cause de ses camarades. Harcelé modérément (4%) ou sévèrement (6%), cible de moqueries, mises à l'écart, brimades, injures ou surnoms blessants. De mauvais traitements qui touchent souvent les bons éléments, « en tout cas ceux qui répondent aux attentes magistrales » dans 29% des cas...

Extrapolé à l'échelle de tous les collèges du pays, souligne Eric Debarbieux, cela signifie que sur 3222000 collégiens, pas loin de 200000 souffrent de cette microviolence ordinaire. C'est trop, et le chercheur rappelle qu'aucun portique de surveillance ni « solution technique » n'en viendra à bout. C'est l'affaire des adultes au sein du collège. Seul le prochain état des lieux, qui sera mené dans deux ans, dira si la sensibilisation entamée il y a quelques mois sur un sujet sorti du tabou porte ses fruits.