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Le président de la commission, Wim Deetman © AFP/ANP - ROBERT VOS
Des dizaines de milliers d'enfants néerlandais ont été victimes d'agressions sexuelles dans les institutions catholiques du pays entre 1945 et 2010, et les responsables de l'Église n'ont pas agi pour y mettre fin, même s'ils étaient au courant.

C'est ce que conclut une commission indépendante dirigée par l'ancien ministre Wim Deetman, et composée de cinq autres personnes, dont un ancien juge, des professeurs d'université et une psychologue.

Les estimations de la commission s'appuient sur un sondage effectué auprès de plus de 34 000 Néerlandais de 40 ans et plus.

Les réponses obtenues ont permis d'établir que 10 % des enfants ont été victimes d'une forme d'agression, une proportion qui grimpe à 20 % chez ceux qui ont passé une partie de leur jeunesse dans une institution catholique.

« Plusieurs dizaines de milliers de mineurs ont eu affaire à des formes légères, graves ou très graves de comportements sexuels qui dépassaient les limites entre 1945 et 2010 au sein de l'Église catholique néerlandaise », indique la commission dans un communiqué.

« Sur la base de 1795 signalements, la commission a pu trouver les noms de 800 auteurs d'agressions sexuelles qui travaillent ou qui ont travaillé pour les évêchés », peut-on lire dans le rapport de la commission. « Sur ces 800 personnes, au moins 105 sont encore en vie ».

« La problématique des agressions sexuelles était connue au sein des ordres et évêchés de l'Église catholique néerlandaise, mais des actions adéquates n'ont pas été entreprises », précise la commission, en se basant sur un examen des archives d'évêchés, congrégations et ordres néerlandais.

La commission estime que cette absence de réaction de la part de l'Église peut s'expliquer par le « tabou » que représentait la sexualité dans la société jusque dans les années soixante et par une structure administrative et une culture « fermées » au sein de l'Église catholique.

Elle conclut en outre que le célibat des prêtres ne constitue pas un facteur crucial poussant des religieux à agresser sexuellement un enfant, mais que cela peut tout de même représenter « un risque ».

Les évêques néerlandais ont réagi quelques heures après la publication du rapport. « Nous exprimons nos regrets pour les agressions », ont-ils indiqué dans un communiqué. « Nous compatissons avec les victimes et leur présentons nos sincères excuses. »

La commission indépendante a été mise sur pied par la conférence épiscopale néerlandaise et la conférence des instituts religieux le 9 mars 2010, après que plusieurs cas d'agressions présumées eurent été révélés par la presse.

En juin, une commission chargée de conseiller l'église catholique néerlandaise sur l'indemnisation des victimes a préconisé de leur verser des compensations en fonction de la gravité des sévices subies, la somme maximale étant établie à environ 130 000 $.

L'Église catholique est secouée depuis plusieurs années par une série de scandales liés à la pédophilie, non seulement aux Pays-Bas, mais aussi au Canada, aux États-Unis, en Irlande, en Autriche, en Belgique et en Allemagne.

Selon le bureau de la statistique du pays, 29 % des 16 millions de Néerlandais se disaient catholiques en 2008, ce qui en fait la religion la plus populaire du pays.