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Publiant leurs travaux le 9 septembre sur le site de Nature Neuroscience, des chercheurs américains sont parvenus à 'insuffler' des souvenirs artificiels à des portions de cerveau prélevées sur l'encéphale de rongeurs : une première !

Cela ressemble à un scénario de film de science-fiction et pourtant, il s'agit de travaux bel et bien réels. Il existe dans notre cerveau, deux types de mémoire, la mémoire déclarative, qui permet de stocker (à court ou long terme) des données telles que noms, numéros de téléphone, lieux, etc, et la mémoire implicite, intervenant dans les apprentissages complexes. C'est ainsi à la première de ces mémoires que le Pr Ben W. Strowbridge et le Dr Robert A. Hyde, spécialistes en neurosciences à la Case Western Reserve University School of Medicine (Cleveland, Ohio) se sont intéressés pour mener une expérience étonnante.

Celle-ci visait notamment à mieux connaitre les mécanismes permettant le fonctionnement de cette mémoire mais a abouti à une prouesse intéressante. Pour la première fois, ils ont réussi à stocker des souvenirs artificiels à court terme - en l'occurrence, des séquences de stimuli - directement dans des sections de tissu cérébral extraites de l'hippocampe (partie du cerveau) de rongeurs. En traçant les changements dans l'activité des neurones à partir de l'instant du stimulus, les chercheurs ont alors constaté que les circuits neuronaux de ces prélèvements parvenaient à mémoriser l'information durant plus de 10 secondes.

"C'est la première fois que quelqu'un trouve une manière de stocker l'information durant quelques secondes à la fois sous forme de séquences temporelles et de stimulus directement dans le tissu cérébral", explique le Dr. Strowbridge cité par Science Daily. "Ceci ouvre la voie à de futures recherches pour identifier les circuits cérébraux spécifiques qui nous permettent de former les souvenirs à court terme", ajoute t-il. Mais ce n'est pas la seule découverte faite par les chercheurs durant ces travaux puisqu'ils ont également démontré qu'un certain type de cellules cérébrales relativement rares jouaient un rôle critique dans les processus mémoriels.

En démontrant que les mêmes circuits neuraux peuvent stocker des informations sur le contexte, la nouvelle étude va augmenter l'attention sur ces "cellules mémoire" potentielles dans l'hippocampe appelées "cellules granules semilunaires", indique encore le Dr Strowbridge. Par ailleurs, mieux comprendre le fonctionnement normal de la mémoire ouvre aussi la voie à une meilleure compréhension de la manière dont les maladies neurodégénératives, du type Alzheimer ou Parkinson, affectent la mémoire. Ceci pourrait alors permettre de développer des traitements plus efficaces pour les déficiences de mémoire associés au vieillissement.