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Georges Fenech, président de la Miviludes, et Agnès Buzyn, présidente de l’Institut national du cancer (Inca), lors de l'émission "Ça vous regarde" du 16 juin sur LCP/AN.
La méthode du « décodage biologique », aussi appelée nouvelle médecine germanique, du Dr Ryke Geerd Hamer, mais aussi beaucoup d'autres « pratiques de soins non conventionnelles », seront sans doute bientôt interdites en France. C'est en tout cas la ferme volonté de la Miviludes et du ministère de la santé.

Ces disciplines « différentes » seraient au nombre d´au moins 400 en France, selon la mission interministérielle. Elles font actuellement l'objet d'une étude du Groupe d'appui technique sur les pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique (GATPNCVT) composé de représentants d'organismes publics impliqués dans la sécurité sanitaire.

Cette instance est chargée de recenser, identifier et évaluer les différentes pratiques alternatives et complémentaires, pour ensuite informer le public. Elle rédigera des fiches par discipline qui seront mises en ligne dans le courant de l´année 2011.

Un faux débat télévisé

Pour savoir dans quel état d'esprit est conduite cette démarche, il suffit de regarder la composition (essentiellement institutionnelle et répressive) de ce « groupe technique » et d'écouter l'émission « Ça vous regarde » du 16 juin 2011 consacrée à ce sujet par La Chaîne parlementaire/Assemblée nationale.

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Antoine Guélaud, directeur de la rédaction de TF1, le partisan le plus acharné d´une répression sévère contre les "sectes". Derrière lui, sur l'écran d´une web-tv, Alexandre, une fausse "sentinelle citoyenne", en réalité un employé de l'Inca.
Sur le plateau de cette émission, des militants virulents de l'anti-sectarisme (Miviludes et Unadfi) ; aucune information critique ou contradictoire malgré la présence de deux journalistes censés défendre la diversité des opinions ; aucun représentant ni aucun avocat des médecines douces en général ni de celles qui sont citées dans l´émission ; aucun scientifique indépendant ; une « sentinelle citoyenne », nommée Alexandre, présentée comme un internaute réagissant aux propos émis et qui est en fait un employé d'un des participants (Inca, Institut national du cancer) ; deux journalistes sortant de leur rôle et, endossant celui d´inquisiteurs (en contradiction totale avec la Charte professionnelle), appelant à une plus vive répression, etc.

Bref, un faux débat, modèle de propagande et de désinformation sur une chaîne financée par fonds publics.

Pour protéger la médecine académique, l'État français agite le chiffon rouge de la « menace sectaire » et de la « manipulation mentale » au sujet des tenants d´approches différentes, malgré l'extrême rareté des dérives constatées dans ce domaine.

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Catherine Picard, présidente de l'Unadfi, veut une action contre "l'emprise sectaire" et
l'établissement d'une nouvelle
liste noire des "sectes".
Tout est bon, y compris la calomnie et le mensonge (voir en particulier le lien en fin d´article), pour faire croire à de terribles dangers, dans le but de protéger un monopole qui fait chaque jour la preuve de ses limites et de ses propres dérives, bien plus lourdes de conséquence (en termes d'effets secondaires mortels) que les soi-disant dérives sectaires.

« Dans quelque temps, le plus vite possible, explique Georges Fenech, le prédisent de la Miviludes, un certain nombre de ces pratiques, les plus dangereuses, seront interdites légalement. Ceux qui s'amuseraient ensuite à proposer par exemple le décodage biologique [qui sera notre priorité], commettraient une infraction susceptible de les mettre en prison, n'ayons pas peur des mots ! »

Une liste des méthodes et groupes visés

Pour connaître les méthodes et les organisations visées, il suffit de lire le dernier rapport de la Miviludes qui publie déjà une première liste de noms (non exhaustive), en rapport avec le traitement du cancer :

- Produits Johanna Budwig, Rudolf Breuss, Alain Scohy ;

- Urinothérapie ;

- Méthodes Simoncini, Jean Lefoll ;

- Traitement par plantes diverses ;

- Traitements par psychothérapie : psychobiologie, psychogénéalogie, psychobiogénéalogie (également appelée mémoire cellulaire ou décodage biologique), médecine nouvelle germanique ;

- Médecine énergétique et biomagnétisme (ex. : appareil « Zapper » de Hulda Clark) ;

- Traitement à distance (énergie harmonieuse) ;

- Naturopathie.

Dans le débat télévisé, il a aussi été question de la kinésiologie, de l´iridologie, etc.

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Le présentateur Arnaud Ardoin a délaissé son habit de journaliste pour endosser celui de procureur.

La Miviludes énumère également les infractions qui pourraient caractériser l'exercice d'une « pseudo-thérapie » : exercice illégal d'une profession réglementée, et notamment de la médecine, de la pharmacie, de la profession de masseur-kinésithérapeute ou encore de la profession de sage-femme.
« Outre ces infractions particulières, des qualifications pénales de droit commun pourraient également recouvrir certaines pratiques : ainsi de l'escroquerie ou de l'abus de l'état d'ignorance ou de faiblesse. De la même manière pourraient se voir constituer les infractions de mise en danger de la personne d'autrui, de blessures et d'homicides involontaires, d'omission de porter secours ou d'usurpation de titre. »
Enfin, note le rapport, « des pratiques non conventionnelles à visée thérapeutique pourraient donner lieu à la commission d'autres infractions telles que le délit d'omission de porter secours et l'usurpation de titre ».

>> En choisissant de réprimer les médecines non conventionnelles, plutôt que d´engager avec elles un dialogue ferme mais constructif pour pouvoir également mieux les encadrer, le gouvernement ne prend-il pas le choix de l´impuissance ? En effet, ces pratiques bénéficient d´un engouement croissant des Français, malgré le dénigrement toujours plus affirmé des instances officielles. Ainsi, plus ces instances, avec la complicité des médias, diabolisent ces groupes, plus ces groupes se multiplient, jusqu´à intéresser des professionnels patentés et même des hôpitaux... Employer globalement la manière forte contre les thérapies douces n´est certainement pas la meilleure façon d´aider la médecine conventionnelle à récupérer un crédit déjà bien écorné par toute une série de scandales sanitaires...

>> Voir aussi : "Comment un journaliste de TF1 (A. Guélaud) romance une affaire pour faire passer sa thèse".