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Une salle de classe (DURAND FLORENCE/SIPA)
Les enfants de Sylvie Martin-Rodriguez, 8 et 12 ans, n'ont jamais mis les pieds à l'école. Cette maman préfère se charger elle-même de leur instruction et de leur éducation. Mais depuis quelques temps, les ennuis judiciaires s'accumulent.

Nos enfants ne sont pas scolarisés, par choix : nous sommes contre le système scolaire. Contre l'absence totale de respect des rythmes des enfants, contre l'enfermement, la violence, la discrimination, etc.

L'Éducation nationale en France est synonyme de l'échec scolaire d'un nombre conséquent d'enfants. C'est aussi la discrimination, c'est la violence, c'est l'arbitraire, les petits Français font partie des élèves les plus stressés du monde...

Non, mes enfants ne sont pas exclus socialement

Il arrive qu'on nous demande si l'on se sent capable d'instruire nos enfants aussi bien qu'à l'école. Je préfère retourner la question : "Comment être sûrs que nos enfants ne recevront pas la même éducation que les élèves scolarisés ?" Car pour faire pire que l'école, il faudrait le vouloir très fort quand même... Le fait est que nous sommes sûrs que nos enfants sont instruits et continueront à l'être.

Certains nous reprochent d'exclure socialement nos enfants. Je ne comprends pas : qu'est-ce que cela veut dire ? Nos enfants ne sont pas socialement exclus. Ils ont des copains, voyagent avec nous, ils vivent une vie plutôt sympa. Pourquoi craindrions-nous de les exclure socialement, alors qu'ils ne le sont pas ? Ce n'est pas seulement une spéculation, c'est un fait.

L'Éducation nationale ne supporte pas que nous ne lui obéissions pas au doigt et à l'œil. Nous refusons catégoriquement qu'elle teste nos enfants de quelque manière que ce soit.

La loi précise que l'Éducation nationale doit, via ses agents, venir contrôler l'enseignement que nous donnons à nos enfants ; nous sommes tout à fait disposés à le leur montrer. Mais il leur faudra nous croire sur parole, parce que faire l'école à la maison est un choix légal, et qu'elle n'a pas le droit de nous soupçonner de lui mentir simplement parce que nous ne mettons pas nos enfants à l'école. Sinon, cela s'appelle de la discrimination.

Le faux-argument de la "dérive sectaire"

Il nous est souvent demandé ce que nous répondons face aux accusations de dérives sectaires.

Je réponds : où, quand, comment ? Je réponds : est-ce que les personnes qui parlent du sujet sont venues chez NOUS ?

Je réponds qu'à ma connaissance, la Miviludes n'a pas trouvé de famille étant dans cette situation, et pourtant, ce n'est pas faute d'avoir cherché et de lui avoir posé des questions très précises. Si on étudie - comme je l'ai fait - les rapports de la Miviludes depuis 2003, on s'aperçoit qu'aucun cas avéré de dérive sectaire d'un enfant non-scolarisé n'est exposé avec précision. Il est parfois fait état de "suspicion" ou de mentions assez vagues. Quand j'ai demandé à cette institution et à l'Éducation Nationale des détails, notamment les sources, les jugements, personne ne m'a jamais répondu.

Et quand bien même ? Admettons qu'ils en trouvent ? Et alors ? Quel serait le rapport avec les autres familles qui font ce choix ? Fliquer un choix légal parce que certains feraient n'importe quoi de ce choix fait-il partie de la législation française ?

Lorsqu'un enseignant est accusé d'un délit, à juste titre, flique-t-on tous les enseignants de France ? Remet-on l'existence de l'école en question ? Lorsqu'un journaliste commet un délit, flique-t-on tous les journalistes de France ? Remet-on en cause le métier de journaliste ? Non.

Alors pourquoi remettrait-on en cause le choix de l'instruction en famille parce que certaines "dériveraient" ? Parce que nous sommes moins nombreux ?

Je réponds que, moi, je ne fais rien de mal et je ne veux pas être comparée ou soupçonnée de quoi que ce soit, simplement parce que je fais un choix que ne fait pas la majorité, et qui dérange certaines institutions.

Je réponds que j'ai le droit de faire ce choix et que je ne me laisserais pas calomnier sans réagir.

Je réponds que cette histoire de dérives sectaires, c'est LA formule magique, utilisée par l'Éducation nationale pour calomnier les familles afin de se refaire une réputation. Étant donné que certains médias, Le Figaro.fr notamment, donne la parole au président de la Miviludes sans même vérifier si ce qu'il dit est vrai, la rumeur passe et la formule magique est prête : école à la maison = secte = parents bourreaux = preux chevaliers de l'Éducation nationale.

D'ailleurs, leur circulaire censée leur détailler comment contrôler les familles IEF (instruction en famille) est un véritable manuel de chasseur de secte. Je ne suis pas sûre que ce soit très légal.

Le 15 novembre prochain, j'irai au tribunal

Comme nous exigeons, sans fléchir malgré les menaces, compétence et respect de notre famille et de la loi, ce qui ne fait visiblement pas partie de ses priorités, l'Éducation nationale est coincée.

Elle n'hésite pas à nous envoyer au Tribunal correctionnel, en nous accusant d'un délit que nous n'avons même pas commis.
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En effet, on nous reproche d'avoir "omis de scolariser nos enfants" après une mise en demeure de l'inspecteur d'académie, mise en demeure que nous n'avons jamais reçue. Il nous est reproché de faire obstacle au contrôle, alors que nous nous opposons aux "modalités" de contrôle qu'ils veulent nous imposer, alors que la loi ne les prescrit pas et qu'elles vont à l'encontre de nos choix pédagogiques et de notre liberté d'enseignement.

Je tiens à préciser quelque chose d'important : si nous avions reçu cette mise en demeure de scolariser nos enfants, nous n'aurions pas "omis" de les scolariser, nous aurions "refusé", haut et fort, de le faire. Car nos enfants sont instruits et il n'y a aucune raison d'être dans l'obligation de les scolariser.

En ce qui concerne le déroulement du contrôle, nous sommes prêts à discuter tous ensemble, à montrer toutes nos ressources, à expliquer en long et en large notre manière de faire, l'état des connaissances des enfants. Nous avons même proposé à l'inspecteur de l'Éducation nationale de venir plusieurs jours d'affilée s'il le voulait. Ce qui n'empêche pas l'inspecteur d'académie, son supérieur hiérarchique, de nous accuser de faire obstruction au contrôle.

À noter que les agents de l'Éducation nationale refusent de s'informer sur l'apprentissage informel que nous pratiquons. Ils viendraient donc contrôler un sujet qu'ils ne connaissent pas.

Voici une vidéo qui explique un peu plus dans le détail le litige qui nous oppose à l'Éducation nationale :


Nous ne sommes pas les seuls à nous retrouver devant la justice suite aux mensonges de certains inspecteurs d'académie. D'autres familles vivent la même angoisse, pour les mêmes raisons.

Les inspecteurs de l'Éducation nationale n'ont pas l'habitude de faire face à des familles qui se rebellent face à leurs multiples abus. Mais de plus en plus de ces familles en ont marre de leur manque de respect et commencent à relever la tête.

Plutôt que de se concentrer sur la loi et le respect minimum dû à ceux qu'ils côtoient, ils se concentrent sur la façon dont ils vont pouvoir les faire plier, peu importe la loi, tellement vexés que certains leur rappellent qu'ils ne sont pas au-dessus des lois et que ce qui se passe dans leurs écoles est loin de leur permettre de donner des leçons à qui que ce soit.

Au bout du compte, nous risquons 7.500 euros d'amende et 6 mois de prison ferme. Nous verrons bien s'ils sont prêts à mettre des parents qui n'ont rien fait, dont les enfants sont instruits et heureux, en prison. En tous cas, je suis prête à aller jusque là.

Mais nous ne cèderons pas quoi qu'il arrive. Nous sommes dans notre droit, nos enfants sont instruits (ce que demande la loi), nous acceptons le contrôle de l'enseignement (ce que demande la loi). Nous resterons plantés là-dessus, quoi qu'il nous en coûte. Nous médiatiserons autant que possible, pour que tout ceci ne reste pas dans l'anonymat.

Nous sommes bien décidés à défendre notre liberté d'enseignement et à faire en sorte que ce ne soit pas un vain mot. Chaque jour qui passe dans le stress et l'angoisse renforce notre détermination.

Jusqu'à preuve du contraire, les parents, c'est nous.