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Deux des journaux retirés de la liste de Thomson Reuters cette année sont le Medical Science Monitor et le Cell Transplantation.
Cette année, un nombre record de journaux scientifiques ont été suspendus du prestigieux Rapport de citations de journaux de la société Thomson Reuters, soit 51, plus du double des deux années précédentes.

Les spécialistes du domaine se demandent comment enrayer l'activité des «cartels de citations», qui gonflent artificiellement la réputation de certains journaux scientifiques, voire de certains chercheurs. L'affaire illustre les tactiques douteuses du milieu.

Les citations en question sont celles des études scientifiques. Plus une étude est citée, plus elle est considérée comme importante. Même chose pour un journal scientifique. Or, certains chercheurs s'entendent entre eux pour se citer les uns les autres, pour augmenter leur «facteur d'impact» comme calculé par Thomson Reuters. Des journaux scientifiques font de même, ce qui oblige les chercheurs qui leur soumettent des études à citer en priorité d'autres journaux du «cartel».

Pour contrer le phénomène, Thomson Reuters, qui évalue le facteur d'impact de plus de 10 000 journaux scientifiques, a mis sur pied en 2006 une évaluation des «schémas anormaux de citations». Pour plus de dissuasion, la société indiquera dès l'an prochain le nom des journaux punis, au lieu de simplement les retirer de la liste.

«Le facteur d'impact des journaux dans lesquels publient les chercheurs joue un rôle dans les décisions des organismes subventionnaires aux États-Unis», explique Jeffrey Beall, professeur de bibliothéconomie à l'Université du Colorado à Denver et auteur d'un blogue sur le domaine, Scholarly Open Access.

Philip Davis, étudiant au doctorat en bibliothéconomie à l'Université Cornell et collaborateur au site The Scholarly Kitchen, ajoute que dans certains pays qui ont une tradition de népotisme dans les universités, le facteur d'impact joue un rôle disproportionné, pour éviter le favoritisme. «Des étudiants polonais m'ont dit que d'avoir publié dans des journaux retirés de la liste de Thomson Reuters a nui à leur carrière.»

Au Canada, le facteur d'impact joue un rôle modeste dans l'embauche de professeurs et d'étudiants au postdoctorat, mais pas dans l'attribution de bourses, selon Peter Grutter, vice-doyen de la faculté des sciences de l'Université McGill. M. Grutter a été président du comité des bourses en physique du Conseil de recherche en sciences naturelles et en génie du Canada et a été membre du comité éditorial du journal Nanotechnology de 2006 à 2012.

Deux des journaux retirés de la liste de Thomson Reuters cette année sont le Medical Science Monitor et le Cell Transplantation. Dans un article publié par le premier, 445 des 490 citations étaient tirées d'études publiées dans le deuxième; trois des quatre auteurs de cet article faisaient partie du comité éditorial de Cell Transplantation. De plus, l'article avait été accepté par un membre du Medical Science Monitor qui était aussi éditeur pour Cell Transplantation