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© FRED TANNEAU/AFPTempête sur le phare du Guilvinec en décembre 2011
Les autorités observent avec attention le trajet des dépressions tropicales, dont certaines pourraient arriver sur l'hexagone. Les estimations de l'activité cyclonique en Atlantique ont d'ailleurs été revues à la hausse.

La France n'est pas à l'abri d'une forte tempête. Les dépressions tropicales qui sévissent actuellement sur la mer des Caraïbes pourraient en effet très bien emprunter le chemin des perturbations sur l'Atlantique et arriver jusque sur l'hexagone. «La semaine prochaine est à surveiller de très près, analyse Eric Mas, directeur de l'information chez Météo Consult - La Chaine Météo. La tempête tropicale Nadine, actuellement au milieu de l'Atlantique, semble devoir évoluer en ouragan (plus de 119 km/h) en amorçant une trajectoire vers les Açores». Il n'est pas exclu que cette tempête ou une autre arrive sur nos côtes.

La NOAA (National Oceanic and Atmospheric Administration), l'organisme de météo américaine, a d'ailleurs revu à la hausse son estimation de l'activité cyclonique en Atlantique pour cette saison 2012. Cette révision intervient suite au constat d'une température de l'océan anormalement élevée et à des évènements déjà particulièrement intenses.

Les cyclones Isaac et Ernesto ont été à l'origine d'importants dégâts entre les Caraïbes et le golfe du Mexique. Gordon, surtout, a surpris par sa trajectoire qui l'a fait passer sur les Açores et nous a laissé craindre un moment qu'il puisse atteindre les côtes du vieux continent. Il a finalement ralenti et pris le temps de se désamorcer au-dessus des eaux plus froides.

Cette inquiétude n'était pas infondée. Les conditions étaient assez proches de celles qui, le 11 octobre 2005, virent arriver Vince sur le sud de la Péninsule Ibérique, ayant conservé ses caractéristiques de dépression tropicale. Le vent avait faiblit pour ne donner que des rafales à 85 km/h mais les pluies furent diluviennes.

La barrière anticyclonique des Açores

«Ce type de situation reste rare, explique Eric Mas. Par contre, l'intrusion d'un cyclone dans le courant perturbé d'ouest, est beaucoup plus classique. Il faut rappeler qu'une dépression tropicale est caractérisée par son alimentation en énergie basée sur la forte chaleur humide uniquement, alors que la dépression de nos latitudes dîtes tempérées est constituée d'un savant mélange air chaud, air froid. C'est la barrière anticyclonique des Açores qui sépare ces phénomènes de natures différentes».

Une dépression tropicale naît donc à proximité des tropiques et commence sa route vers l'ouest, parfois jusqu'aux Antilles. Sa trajectoire, dans l'hémisphère nord, est immanquablement un long virage à droite qui la fait remonter progressivement vers le nord, puis vers l'est.

Si le virage est serré, sa route passe alors dans le sud de l'anticyclone des Açores. Sur des eaux encore relativement chaudes, elle garde sa caractéristique «tropicale». Ce sont alors plutôt les côtes nord-africaines qui sont concernées par la menace.

Si le virage est très large, la dépression va laisser sur sa droite l'anticyclone et remonter vers le flux d'ouest perturbé de nos latitudes. Sur des eaux plus froides, elle perd progressivement de sa force en même temps que son mode d'alimentation. En ayant une trajectoire plus nord, la dépression peut alors arriver sur nos côtes.

«La semaine prochaine est à surveiller»

Dans cette dernière configuration, la dépression, pourtant en voie de comblement, n'a pas toujours dit son dernier mot. En effet, suivant la configuration du courant perturbé qu'elle rencontre, l'ex-tropicale peut exciter une des dépressions qui circulait en famille depuis le Canada vers l'Europe. Le tourbillon d'origine tropicale accélère l'enroulement air chaud - air froid et déclenche à nouveau un rapide creusement dépressionnaire. Ce mariage peut générer un fort coup de vent ou une tempête sur nos côtes.