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TEHERAN (Iran) - Des manifestants ont protesté mercredi contre la gestion de l'économie par les autorités. La monnaie iranienne a perdu 80% de sa valeur en un an.
Des manifestations ont éclaté mercredi à proximité du bazar dans le centre ville de Téhéran pour protester contre l'effondrement de la monnaie iranienne. Au lendemain de ces heurts, la police a interpellé 16 personnes.

Au lendemain d'une journée marquée par des affrontements entre les forces de l'ordre et des protestataires à Téhéran, la police a procédé à 16 interpellations. Bien que le calme soit revenu dans le quartier commerçant du bazar, de nombreuses boutiques et agents de change restent fermés ce jeudi.

La police iranienne est intervenue mercredi de manière musclée à Téhéran contre des manifestants qui protestaient, accusant le gouvernement d'être responsable de l'effondrement de la monnaie iranienne. Des centaines de policiers anti-émeute se sont déployés dans le quartier de Ferdowsi, autour de la rue Manoucheri, dans le centre ville, pour y interpeller des revendeurs illégaux de devises. Ils ont ordonné la fermeture de tous les magasins du quartier.

Le rial iranien a connu mardi une chute historique face au dollar. Mercredi à la mi-journée, la monnaie nationale semblait se stabiliser autour d'un taux de 34.000 rials pour un dollar contre 36.000 mardi après-midi et 22.000 il y a huit jours. La monnaie iranienne a perdu 80% de sa valeur en un an.

Arrestations dans le quartier des agents de change

Mardi soir, le ministre de l'Economie Shamseddine Hosseini, avait annoncé que les autorités allaient intervenir pour "arrêter la foire aux devises" (le marché noir) en renforçant le centre de change officiel. Les forces de l'ordre ont arrêté des revendeurs illégaux de devises accusés d'être en partie responsables de la chute vertigineuse du cours du rial iranien.

Mercredi, dans le quartier de Ferdowsi, plusieurs personnes ont été arrêtées alors que des bennes à ordures ont été incendiées. Des hommes ont jeté des pierres en direction des forces de l'ordre et contre une voiture de police avant de prendre la fuite, selon les témoins. Des manifestations se seraient produits dans ce quartier, les gens criant des slogans dénonçant le soutien de Téhéran au régime syrien: "Cessez de vous occuper de la Syrie, Occupez-vous de nous" criaient certains manifestants.

Les boutiques des agents de change officiels ont baissé les rideaux "à cause de la descente de la police venue arrêter les revendeurs illégaux", a déclaré à l'AFP l'un d'eux.

Les boutiques du bazar fermées


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La plupart des magasins étaient aussi fermés dans le grand bazar de Téhéran en raison des incertitudes sur la monnaie. "Nous avons fermé parce que nous ne savons pas ce qui va se passer" avec le dollar, a indiqué un marchand. Le bazar n'est plus le poumon de l'économie qu'il était au moment de la révolution en 1979, mais il reste un baromètre des tensions dans le pays.

L'Iran connait de sérieuses difficultés financières en raison à des sanctions imposées par l'ONU en raison de son programme nucléaire controversé, et des sanctions pétrolières et bancaires américaines et européennes. L'objectif est de priver l'Iran de ses revenus pétroliers dans le but de le pousser à cesser ses activités nucléaires sensibles.

Le chef de la police iranienne, le général Esmaïl Ahmadi Moghadam, avait annoncé mardi la mise en place d'un groupe pour empêcher la dégringolade de la monnaie et lutter contre "ceux qui perturbent le marché des devises". "Malheureusement, une partie des gens pensent que leur capital va s'effondrer (à cause de la chute de la monnaie, ndlr) et se ruent vers les marchés des devises et de l'or, ce qui augmente la demande et les prix", a-t-il poursuivi.

Khamenei: l'Iran ne "cédera pas" aux pressions

Pour le président Mahmoud Ahmadinejad la chute de la monnaie n'est pas due à la situation économique car le pays possède suffisamment de devises. "C'est une guerre psychologique (...) Tout le monde doit aider le gouvernement", a-t-il dit.

Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a affirmé mercredi que l'Iran "ne cédera pas" aux pressions économiques. "L'objectif des pressions contre le peuple iranien est qu'il cède (sur le nucléaire) mais il ne cédera jamais. C'est pourquoi l'ennemi est en colère", a déclaré M. Khamenei lors d'un discours, selon l'agence Isna.

La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a estimé mercredi que le régime iranien était responsable de ses actes. "Je pense que le gouvernement iranien mérite d'être tenu responsable pour ce qui se passe en Iran", a déclaré Mme Clinton qui était interrogée lors d'un point de presse sur les conséquences de la dégringolade du rial iranien.