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Objets de polémiques et de controverses depuis sa publication mi-septembre, l'étude sur la toxicité du maïs OGM Monsanto NK603 vient de se voir invalidée. Photo : Photo : DR
Chargée d'examiner l'étude de Gilles-Eric Séralini signalant une toxicité potentielle du maïs OGM NK603, l'EFSA a jugé insuffisantes ses conclusions et a demandé des informations complémentaires.

Alors que l'Anses doit rendre un rapport d'ici fin octobre sur l'étude du chercheur Gilles-Eric Séralini portant sur la toxicité du maïs OGM NK603 de Monsanto, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a déjà tranché : jeudi elle a rejeté "en l'état" cette étude, la jugeant "inadéquate" et "insuffisante".

L'examen préliminaire des experts l'EFSA, chargés d'analyser l'étude, est clair : l'article est d'une qualité scientifique insuffisante pour être considéré comme valide. "La conception, le système de rapport des données et l'analyse de l'étude, tels que présentés dans le document, sont inadéquats", expliquent ces derniers avant d'ajouter : "les nombreuses questions relatives à (...) l'étude impliquent qu'aucune conclusion ne peut être tirée au sujet de l'occurrence des tumeurs chez les rats testés".

Une seconde analyse prévue

L'EFSA a expliqué avoir "invité les auteurs à partager certaines informations additionnelles essentielles afin de lui permettre d'acquérir la compréhension la plus complète possible de l'étude"."Sans ces éléments, il est peu probable qu'une étude se révèle fiable, valide et de bonne qualité", a soutenu Per Bergman, qui a dirigé les travaux. Mais avec ou sans leur aide une seconde analyse, plus complète est prévue d'ici à la fin octobre.

Malgré les critiques envers la véracité de son étude - les chercheurs soulignent une taille d'échantillon jugée insuffisante, l'utilisation de rats connus pour développer facilement des tumeurs cancéreuses, une composition floue dans l'alimentation de ces rongeurs et le manque d'analyses statistiques - Gilles-Eric Séralini a indiqué qu'il ne donnerait aucune donnée supplémentaire.

"On ne leur donnera rien"

À la question "allez-vous fournir à l'EFSA davantage d'informations sur votre étude comme elle vous le demande", le professeur de l'université de Caen a répondu: "nous attendons qu'ils fournissent ceux qui ont permis d'autoriser cet OGM (NK603 ndlr) mais aussi les autres OGM". Pour le chercheur et son équipe, "il est absolument scandaleux qu'ils (l'Efsa) gardent secrètes les données qui leur ont permis d'évaluer cet OGM et ce pesticide".

"De toute façon, on ne leur donnera rien. On mettra ça sur un site public, quand eux l'auront fait", a poursuivi le professeur de biologie moléculaire. Et le chercheur ne s'en est pas arrêté là : dans un communiqué il estime que "l'agence est juge et partie" et qu'il "n'attend rien de l'EFSA mise lourdement en cause pour conflits d'intérêts sur les OGM". Enfin, ce dernier a ajouté vouloir être jugé par "la vraie communauté scientifique, pas par celle qui s'exprime dans Marianne et qui est composée à 80% de gens qui ont permis les autorisations de ces produits".

Ses conclusions, si elles se révèlent valides, remettraient en question tout le processus de validation des études démontrant l'inocuité des semences OGM et les procédures d'autorisation pour la culture et la consommation dans l'UE. Deux OGM - le maïs MON810 et la pomme de terre Amflora - sont actuellement cultivés dans l'Union européenne et une cinquantaine d'autres, dont le NK603, ont obtenu une autorisation pour l'alimentation animale et humaine.