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" France 2012, inquisition en bande organisée "

Sortie du livre d'Eric Roux, " France 2012, inquisition en bande organisée ", véritable pamphlet politico-judiciaire sur la " lutte contre les sectes " à la française.


L'auteur, avec une précision sans faille et de manière très détaillée, décrit le système français d'une prétendue "lutte contre les sectes" qui aujourd'hui, dans notre pays, s'est étendue à toutes les médecines traditionnelles ou alternatives. Il en dépeint les acteurs principaux, expose les intérêts financiers en jeu, les collusions et conflits d'intérêt qui entachent cette guerre franco-française entre les nouveaux mouvements religieux, certains mouvements de pensée et certains courants thérapeutiques et des officines d¹État aux ramifications nombreuses.

Un livre aux révélations étonnantes, fort bien documenté, qui fera froid dans le dos à ceux qui croient encore que la liberté de conscience est sacro-sainte aux pays des droits de l'homme.

Quelques bonnes pages :

P51 :
Le 19 septembre 2008, Georges Fenech est nommé président de la Miviludes. Il vient de se faire démettre de son poste de député par le Conseil Constitutionnel, pour irrégularité de ses comptes de campagne. Certains disent que sa nomination à la tête de la Miviludes est une nomination de facilité, qui le satisfait et où il ne gênera personne. Une nomination qui lui évite d¹être laissé dans la nature.

Était-ce lié à l¹affaire du juge Renaud ? En 1992, Georges Fenech, alors juge d¹instruction à Lyon, est chargé d¹instruire l¹affaire du juge Renaud, assassiné le 3 juillet 1975 par trois hommes devant chez lui, alors qu¹il menait des enquêtes sur diverses personnalités du milieu lyonnais qui avaient des relations douteuses avec le pouvoir politique en place. Toutes les pistes se dirigeaient dangereusement vers une mise en cause du SAC (Service d¹Action Civique), une sorte de police parallèle du RPR (le parti de Georges Fenech), qui sera finalement dissoute par le président François Mitterrand le 3 août 1982, en application de la loi du 10 janvier 1936 sur les groupes de combat et milices privées. Le SAC était soupçonné de financer illégalement le RPR par des pratiques de gangsters.

Et c¹est Georges Fenech, 6e juge d¹instruction chargé de l¹affaire, qui terminera abruptement l¹instruction par un non-lieu le 17 septembre 1992, comme si rien ne s¹était passé, mettant ainsi fin à toutes les recherches embarrassantes sur les barbouzes qui auraient pu mouiller certaines personnalités politiques de l¹époque.

Mais c¹est aussi en tant que juge d¹instruction à Lyon qu¹il a ses premiers contacts avec la scientologie. Là, cependant, l¹attitude est inverse. Alors que les assassins du juge Renaud sont toujours en liberté, il devient un adversaire acharné de l¹Église de scientologie dont il fait son cheval de bataille favori. Tandis qu¹il instruit une affaire suite à la plainte d¹une femme qui a vu son mari se suicider (son mari n¹était pas scientologue, mais comme il avait fréquenté l¹Église pendant trois semaines avant son suicide, il n¹en fallait pas plus pour déclencher « l¹enquête du siècle ») dans la ville lyonnaise, il va mettre les dirigeants parisiens de la scientologie sous les verrous, en détention « préventive », considérant que tout le monde était coupable, même ceux qui n¹avaient rien à voir avec les faits instruits. Il faudra l¹intervention de l¹avocat général François Coste, pour remettre un peu d¹ordre. Courageusement et contre l¹avis de sa hiérarchie, il demandera la remise en liberté de ces scientologues parce qu¹il « n¹y a rien dans le dossier d¹instruction ». Tous les scientologues parisiens seront finalement blanchis et relaxés.

Georges Fenech, c¹est aussi un homme de la Françafrique. Dans l¹affaire de l¹Angolagate, grave affaire de trafic d¹armes vers l¹Angola, où des dizaines de milliers d¹enfants sont morts à cause des mines anti personnelles fournies par les Occidentaux, il a été établi que Georges Fenech avait touché 100 000 francs de la part de Pierre Falcone (sous la forme de nombreux abonnements pour la revue de son association de magistrats, dissoute depuis), le principal trafiquant. Les juges relaxeront finalement Georges Fenech au bénéfice du doute car ils estiment ne pas avoir assez d¹élé- ments pour prouver « l¹intention coupable » de Fenech. Ils écriront dans leur jugement : « Faute d¹éléments objectifs apportant la preuve de l¹intention délictueuse et permettant de forger une conviction qui, pour être intime, ne saurait valablement reposer sur des présomptions, si fortes soient-elles, M. Fenech doit être relaxé. » Le doute profite toujours à l¹accusé.

En 1998, il s¹est rendu au Gabon à la tête d¹une association cofondée avec Robert Bourgui (l¹homme qui rapportait des valises pleines de billets à certains hommes politiques français en provenance d¹Afrique). Il est, à la demande du Président dictateur Omar Bongo, chargé d¹une « mission d¹observation » des élections gabonaises. Élections douteuses qui pourtant seront validées par la mission qu¹il dirige. Cela lui coûtera le poste qu¹il convoitait alors : Premier Juge d¹instruction à Paris. La Chancellerie estime que sa mission non officielle d¹observation au Gabon fait tache.

L¹autre tache qui achève de ruiner sa prétention à ce poste, c¹est la publication de propos antisémites dans la revue de l¹Association de magistrats d¹extrême droite qu¹il dirige, l¹Association Professionnelle des Magistrats (APM).

L¹affaire est notamment évoquée par le journal Le Monde dans un article intitulé « Georges Fenech, juge et accusé » : « La revue de l¹APM a porté malheur à Georges Fenech. Le président et directeur de la publication ne voit pas un article écrit par l¹un de ses membres, Alain Terrail. À ce moment-là, la guerre de l¹APM avec le Syndicat de la magistrature (gauche) est à son comble. Fenech a écrit un pamphlet contre ce syndicat ennemi. Albert Lévy, substitut du procureur de Toulon, subit les feux croisés de la municipalité Front national et de la section locale de l¹APM. Alain Terrail avocat général à la Cour de cassation, croit faire de l¹humour : « Tant va Lévy au four... qu¹à la fin il se brûle ! » Le texte provoque un tollé et va entraîner la disparition progressive du syndicat [...] ».

Une magistrate appartenant à un syndicat s¹ex- primant dans l¹émission C DANS L¹AIR diffusée sur France 5 le 9 octobre 2008 avait d¹ailleurs déclaré :
« [...] tout le monde sait que l¹Association Professionnelle des Magistrats a été une association engagée très clairement à droite, voire très à droite, avec effectivement une suspicion de profiter...notamment avec le front national qui semble s¹être vérifiée au travers de l¹affaire Levy et des propos antisémites qui sont parus dans la revue de cette association professionnelle. »

Fenech est aussi l¹ami du clan Ben Ali, en Tunisie. L¹association Échanges Franco-tunisiens (EFT) qu¹il préside a été fondée par Hosni Djemmali, un homme d¹affaires et homme de presse, considéré comme le véritable attaché de presse du régime Ben Ali en France. Djemmali est l¹un des grands amis de Georges Fenech, qui sera fréquemment invité avec son épouse dans les hôtels tunisiens possédés par l¹homme d¹affaires franco-tunisien, pour agir afin de favoriser des implantations françaises dans l¹industrie tunisienne du régime Ben Ali. Quelques instants avant la chute du dicta- teur, Georges Fenech organisait avec quelques amis une réception pour fêter les 20 ans d¹EFT dans le luxueux palace parisien « Shangri-la ». L¹invité d¹honneur, Abdelwahab Abdallah, ami de Fenech, était le ministre conseiller chargé des affaires politiques auprès de Ben Ali et son conseiller politique personnel. Il dut annuler la réception au dernier moment, vu le départ précipité du dictateur... Mais Georges Fenech est prompt à retourner sa veste. Dès le 17 janvier, 3 jours après la fuite de Ben Ali, Georges Fenech est devenu un révolutionnaire tunisien. Il déclarait sans complexe sur la chaîne LCP : « Gauche comme droite, nous sommes des citoyens français, tous derrière la révolution tunisienne. Il n¹y pas d¹autres vérités à dire ce soir. » Pourtant, 4 jours auparavant, sur la même chaîne, dans la même émission, il avait déclaré : « On n¹a pas de leçons à donner et pas le droit d¹ingérence dans les affaires intérieures d¹un pays. » [...] « Attention, nous sommes un pays ami de la Tunisie et nous avons salué, moi je le dis depuis très longtemps, l¹exemple de la Tunisie, la réussite économique, la parité, les femmes, l¹éducation, c¹est un modèle dans tout le Maghreb! » [...] « Si vous bénéficiez aujourd¹hui d¹un pays qui est protégé de l¹intégrisme religieux et qui sépare l¹Église, la religion et l¹État, vous le devez à Bourguiba et vous le devez à Ben Ali!»

Georges Fenech défendait Ben Ali depuis bien longtemps. En 2005, alors qu¹il était député, il avait cosigné une tribune enflammée pour défendre le régime tunisien : « Ben Ali est un véritable homme d¹État conscient des difficultés et veut valoriser les atouts d¹un pays qui est aux avant- postes de la paix en Méditerranée ». [...] « Arrêtons les critiques, les caricatures, les provocations. Aidons la Tunisie. Montrons-lui qu¹elle a des amis, beaucoup d¹amis. »
Pourquoi est-ce que j¹écris tout ça ? Pour camper le personnage, mais aussi parce que je suis toujours éberlué par l¹aptitude qu¹a cet homme à dire le contraire de ce qu¹il sait avec autant d¹aplomb. Comme si aucun remord ne le hantait quand il dit l¹inverse absolu de ce qu¹il a prétendu le jour d¹avant, comme si cette nouvelle vérité avait été la sienne depuis le début des temps. En scientologie, on apprend et on vit avec une maxime liée à l¹intégrité personnelle : « L¹intégrité personnelle, c¹est savoir ce que vous savez. Ce que vous savez et rien d¹autre que ce que vous savez. Et avoir le courage de savoir ce que vous avez observé et de le dire. C¹est cela l¹intégrité. » À l¹aune de cette maxime écrite par le fondateur de la scientologie, j¹ai peur que mon estime pour Georges Fenech soit très basse. Pourquoi ai-je appelé ce chapitre « Le Grand Inquisiteur »? Je dois avouer que c¹est un peu taquin de ma part. On m¹a raconté qu¹un jour, lors d¹une réunion entre la Miviludes et le Bureau des Cultes du ministère de l¹Intérieur, Fenech s¹est emporté violemment contre les fonctionnaires du ministère de l¹Intérieur, en criant « Cessez de me faire passer pour le grand inquisiteur ! Je ne suis pas Torquemada ! ». J¹ai tout de suite pensé que c¹était un nom qui lui allait à ravir.

P41 :
Au début des années 2000, Arnaud Palisson était analyste à la Direction Centrale des Renseignements Généraux. Il avait un dada : la lutte contre la scientologie. Pendant que dans l¹ombre, il concentrait toute son attention à espionner les Églises de scientologie et leurs membres, Palisson écrivait aussi une thèse de droit sur la scientologie. Fier de la réaction du jury à sa thèse (le jury comprenait entre autres Marie José Aube-Lotte, magistrate chargée de la section « sectes » du ministère de la Justice, elle-même assez acharnée contre la scientologie), il la publia et écrivit un livre sur le même sujet, un peu vulgarisé. Après avoir eu accès à la thèse, l¹Église de scientologie se rendit compte que le contenu, en plus d¹être très mensonger et basé sur les suppositions d¹un homme extrêmement partisan qui n¹avait jamais mis les pieds dans une Église de scientologie ni rencontré aucun scientologue (sauf une fois où il s¹était rendu incognito dans une église pour s¹y procurer de la littérature), avait pour seul objectif de prouver que par son existence même, la scientologie aurait été une entreprise criminelle qu¹il fallait détruire à tout prix. Tous les scientologues étaient des criminels en puissance qu¹il fallait mettre sous les verrous, et les pratiques et croyances religieuses de la scientologie devaient être interdites sur tout le territoire.

L¹Église a alors écrit un courrier au ministère de l¹Intérieur pour dénoncer cet état de fait. Arnaud Palisson accorde à ce courrier une puissance quasi divine. D¹après lui, suite à cette lettre, le ministère de l¹Intérieur lui a demandé soit de renoncer à la publication de sa thèse, soit de quitter le groupe « cultes et sectes » qui existait alors aux Renseignements généraux. Je me permets d¹imaginer que, découvrant dans les rangs de ses officiers analystes des Renseignements généraux un extrémiste acharné à s¹en prendre à une religion qui existait paisiblement depuis plus 40 ans dans le
pays (car c¹était ça la vérité) et qui pouvait utiliser sa position d¹espion analyste pour espionner des citoyens choisis en raison de leur appartenance religieuse, le ministère a dû prendre peur.

Bon an mal an, Palisson a fini par s¹exporter de lui-même au Canada, après avoir décrété qu¹il était un paria incompris de sa hiérarchie.
Mais, le 7 février 2012, Palisson publie sur son blog québécois un article dans lequel il revient sur des évènements qui se sont passés en 2002. Il exulte. Ça y est, la scientologie est condamnée pour escroquerie par une cour d¹appel, et son raisonnement a été suivi en tout point par le juge! C¹est, comme il le dit lui-même « la revanche du paria du renseignement sur la haute administration française » ! Rien de moins.

Pourtant, il n¹a pas tout à fait tort. Car ce qu¹il nous apprend est proprement stupéfiant. En 2002, alors que la juge d¹instruction en charge de l¹affaire, Colette Bismuth Sauron, se rendait pour une formation à l¹École nationale de la magistrature (ENM) du 14 au 17 octobre, c¹est Arnaud Palisson lui-même qui fut chargé de la former sur « comment condamner la scientologie ». Et à cette occasion, Palisson lui remit sa thèse qui, d¹après lui, a servi de livre de chevet à la juge pendant toute l¹instruction.

Or, cette thèse restera totalement absente du dossier d¹instruction. Les juges d¹instruction n¹ont pourtant pas le droit, au nom des droits élémentaires de la défense, d¹instruire « hors procédure ». Et Bismuth Sauron a effectivement, dès 2002, choisi d¹orienter son instruction en s¹alignant sur les théories fumeuses de Palisson, cherchant à s¹en prendre au fameux « test de personnalité » utilisé par les scientologues qui d¹après elle serait le n¦ud de l¹histoire. L¹affaire est importante, car elle montre que l¹instruction s¹est faite de manière parfaitement illégale. Si la Cour de cassation aura certainement du mal à apprécier cet élément qui remonte à l¹instruction, nul doute que la Cour Européenne des Droits de l¹Homme, si elle avait à connaître de cette affaire, apprécierait à sa juste valeur cette grave entorse au principe du procès équitable.

P36 :
Alors, le jour de l¹arrêt, ce 2 février 2012, alors que je quitte les journalistes après 20 minutes d¹interviews, j¹ai hâte de lire l¹arrêt (que j¹ai alors entre les mains) pour y découvrir les subtilités qui ont permis une condamnation dans de telles circonstances. Le droit est une matière formidable, parfois corvéable à l¹envi, parfois rigide comme le fer, mais toujours pleine de surprises.

Et parmi les nombreuses irréalités absolues (sur lesquelles je ne m¹étendrai pas, afin de ne pas vous ennuyer et d¹en laisser la primeur aux juges de la Cour de cassation qui auront à en connaître), il y en a une qui retient mon attention. Une nouvelle « victime » a fait son apparition dans la procédure ! Ne voilà-t-il pas que la cour a décrété que Pierre Auffret, un scientologue qui n¹a jamais porté plainte, est une victime d¹escroquerie. Celle-là, même le tribunal de première instance, pourtant exempt de sympathie voire même d¹une quelconque neutralité à l¹égard de la scientologie, n¹avait pas osé la faire !

La voici, la « victime » emblématique, ce chef d¹entreprise qui à plusieurs reprises s¹est retrouvé en garde à vue et en interrogatoires, et qui, face aux policiers et au juge d¹instruction qui le harcelaient pour qu¹il porte plainte contre l¹Église, a toujours tenu le même discours : pourquoi porter plainte lorsqu¹on a donné son argent librement, en toute connaissance de cause, et qu¹on estime que rien ne nous a plus aidé que la scientologie ? Pour que tout soit bien clair, ce chef d¹entreprise a toute sa tête, il n¹est pas sous tutelle ou curatelle, il mène sa barque en Bretagne, libre de toutes pressions, et il est scientologue. Et le voici devenu une victime qui s¹ignore, étiqueté contre sa volonté, contre son intérêt, par une cour d¹appel qui ne l¹a jamais vu, jamais interrogé. À l¹heure actuelle, la « victime » Auffret m¹a confié se préparer à porter plainte contre l¹État pour que le préjudice résultant de cette absurdité soit réparé. Et il est toujours scientologue.

On voit ainsi se concrétiser une des théories de l¹UNADFI et de la Miviludes, qui permet de fabriquer des « victimes » de cette manière, sans tenir compte de la liberté individuelle, piochant arbitrairement au milieu des milliers de fidèles responsables, heureux et libres, pour en faire un symbole. Est-ce un plan déterminé pour qu¹à l¹avenir on puisse s¹en prendre aux religions sans même avoir besoin de plainte, simplement parce qu¹une volonté politique malade s¹est fait connaître et doit être exécutée ?

P33 :
Bref, le mercredi 16 novembre 2011, plus personne n¹y croyait. Les avocats de l¹association avaient compris que, quoi qu¹ils fassent, même sur des points indiscutables de pur droit, la cour ne les écouterait pas, et que la bataille ne mènerait qu¹à une condamnation déjà décidée. Fallait-il cautionner ce simulacre de justice par leur présence, aussi inutile qu¹humiliante, et s¹asseoir sur leur honneur d¹avocat en laissant rabaisser leur profession à un simple acte de présence qu¹on voudrait servile ? Fallait-il accepter de plier et mener leurs clients à l¹abattoir en faisant semblant d¹y croire ?

La réponse fut non. Je les approuvai. Moi non plus, mandaté spécialement pour représenter une association religieuse qui compte des milliers de membres, je ne pouvais me résoudre à mener les scientologues qui m¹ont choisi pour les représenter vers une défaite annoncée, comme si de rien n¹était, comme si j¹y avais cru encore, alors que tout avait démontré l¹iniquité du procès en cours et l¹inutilité de la vérité dans celui-ci.

Certainement la cour comprendrait-elle que, face à une telle crise, un peu de dialogue s¹imposait, voire même une révision de cette attitude de rejet systématique qui au mieux, faisait douter de son impartialité.

Les autres prévenus n¹ont pas pu imaginer ce que serait la suite puisque, quittant la salle d¹audience pour rejoindre leurs avocats qui s¹étaient solidarisés à ceux de l¹Église, ils n¹ont même pas eu le temps de leur parler que l¹audience reprenait.

En effet, à peine 20 minutes après la déclaration conjointe et le départ des avocats de la défense, sans même faire intervenir le bâtonnier pour tenter de résoudre le conflit, sans même attendre que les prévenus soient revenus dans la salle après être sortis chercher conseil pendant la suspension d¹audience, la Présidente reprenait les débats, sans défense, sans prévenus, comme si rien n¹avait changé. D¹ailleurs, dans son esprit, quelque chose avait-il changé ? Proposera-t-elle un avocat commis d¹office aux prévenus ? Non, tant pis pour eux, ils n¹avaient qu¹à mieux tenir leurs avocats en laisse.

Sabine, ancienne présidente de l¹association scientologue, vit en Angleterre. Elle avait demandé l¹autorisation d¹être représentée par son conseil pendant le procès. Lorsqu¹elle apprit que son avocat ne s¹estimait plus en mesure de la défendre et avait quitté la barre, elle écrivit au bâtonnier de Paris pour qu¹il lui trouve un avocat en rem- placement. Pas de réponse. Elle écrivit alors à la Présidente Claudine Forkel par tous les moyens possibles (fax, Fedex, etc.) pour lui demander son aide afin qu¹elle puisse avoir un avocat pour assurer sa défense. Elle fit en sorte que la lettre soit déposée directement au greffe de la cour, afin d¹être sûre que la Présidente la reçoive. Pensez- vous qu¹on y fera droit? Que nenni, ce courrier, dont personne ne s¹est fait écho, ne sera même pas évoqué pendant les audiences. Finalement, la cour a semblé se satisfaire de l¹absence de contradiction. Les seules parties présentes étaient désormais des amis du même bord.

Voilà comment se sont déroulés les débats. Sans prévenus, sans défense, sans victime, avec une partie civile illégitime, l¹UNADFI, que la cour finira par déclarer irrecevable, après avoir longuement discuté avec son avocat Olivier Morice, avoir écouté ses plaidoiries, après avoir écouté les paroles de sa présidente Catherine Picard, ancienne députée qui s¹en est donnée à c¦ur joie dans le prétoire, libre de déblatérer sur la scientologie, alors qu¹elle ne sait rien, ne comprend rien et n¹a rien vu.

P95 :
L¹avocat de l¹UNADFI, Olivier Morice, est un sacré personnage, qui lui aussi a comme gagne- pain la « victime ». Au début, j¹étais très étonné de son attitude réellement haineuse à l¹égard des scientologues. J¹ai fini par me faire une raison, et par connaître celui qui se veut notre ennemi. Et ce que j¹ai appris au fil du temps, c¹est qu¹il a parfois utilisé des méthodes condamnables dont nous ne sommes pas les seuls à faire les frais. Le 10 novembre 2009, la Cour de cassation a confirmé sa condamnation pour diffamation à l¹encontre des juges d¹instruction Roger Le Loire et Marie-Paule Morachini. La procédure montre qu¹il s¹est acharné sur la réputation de ces deux juges, mais surtout sur celle de Marie-Paule Morachini, qui avait eu le malheur, dans un autre dossier où Morice défendait l¹UNADFI, de tendre vers le non lieu pour la scientologie, après une instruction qui n¹avait rien révélé de délictueux. C¹est ainsi que la Cour de cassation a déclaré que les actions d¹Olivier Morice : « traduisent une animosité personnelle et une volonté de discréditer les deux juges d¹instruction, et particulièrement Marie-Paule Morachini, avec laquelle cet avocat était en conflit dans plusieurs procédures. » Cette animosité, c¹est comme une marque de fabrique. Un jour, et c¹est anecdotique, je l¹ai vu s¹emporter contre moi en plein milieu du tribunal parce qu¹il avait découvert que j¹avais posté sur mon blog la déclaration suivante du très catholique Père Yves de Gibbon, délégué du Cardinal Marty : « Pour terminer, je suis le premier à reconnaître les tendances religieuses nouvelles de la scientologie, et à me réjouir d¹une visée qui la rapproche de Dieu. » Cette petite phrase découverte sur mon blog avait provoqué son courroux, et cela fit s¹exclamer Maître Patrick Maisonneuve au milieu de la salle d¹audience : « ça y est, main- tenant, il y a délit de blog ! » Le lendemain, Olivier Morice a été jusqu¹à déranger Monseigneur André XXIII pour obtenir une attestation de sa main disant que les paroles du Père Yves de Gibbon n¹engageaient pas le Vatican. On ne s¹en serait pas douté... Mais ce que je trouve le plus choquant, c¹est le fait d¹utiliser certains de ses clients pour mener un combat idéologique contre la scientologie. L¹une des plaignantes d¹origine du récent procès avait, en 1998, demandé à être remboursée des sommes qu¹elle avait dépensées en scientologie (après que son frère lui ait vraisemblablement montré les faux documents dont nous avons parlé plus haut). Depuis 50 ans, c¹est une politique ferme de l¹Église que de rembourser, sous certaines conditions connues, les personnes qui en font la demande. L¹Église a suffisamment de fidèles qui la soutiennent de bon c¦ur pour ne pas perdre de temps avec ceux qui regrettent de l¹avoir fait, qui d¹ailleurs sont très rares. Donc, nous remplissons un chèque de la somme réclamée et proposons à cette personne de signer le protocole de remboursement, après lui avoir envoyé une copie du chèque pour l¹informer de notre accord. Moins de 12 jours se sont écoulés depuis sa demande. Elle nous indique alors qu¹elle se rapproche d¹Olivier Morice pour savoir ce qu¹il en pense et qu¹il faudra maintenant s¹adresser à lui. Puis, devant l¹absence de réponse de sa part, nous confions le chèque à un huissier qui va le remettre directement à Olivier Morice pour sa cliente. Mais celui-ci refuse le chèque. Sur son conseil, sa cliente choisit la voie du conflit et porte plainte. Si elle avait été remboursée, il est probable que l¹affaire en serait restée là, et cela n¹arrangeait pas vraiment les affaires de la bande « antisectes ». Maître Morice ira plus tard jusqu¹à soutenir devant le tribunal que « les remboursements en scientologie sont impossibles ». Si ce n¹est pas de la mauvaise foi...

Bref, la victime est la matière première de l¹UNADFI, ce qui, en outre, permet de réclamer plus de subventions. Et pour avoir des « victimes », l¹UNADFI ne manque pas d¹imagination. Mais pour arriver à ses fins, il lui faut de l¹aide. Et elle en reçoit beaucoup de la part de l¹exécutif, au-delà même des subventions qui lui sont accordées.

P112 :
Peut-être vous rappelez-vous de l¹histoire des « dossiers disparus » de la scientologie qui ont défrayé la chronique en 1998 et que Fenech et consorts sont toujours prompts à ressortir.

En fait, dans une affaire qui a duré 21 ans et dans laquelle les scientologues concernés ont été entièrement blanchis (l¹affaire s¹est soldée par un non-lieu, confirmé en appel et définitivement validé en mars 2010 par la Cour de cassation), un tome et demi de dossiers avaient disparu de la Chambre d¹accusation (ancien nom de la Chambre de l¹instruction, juridiction d¹appel pour les affaires en cours d¹instruction) alors que la juge d¹instruction Marie-Paule Moracchini était en charge de l¹affaire. Cette disparition a fait les gros titres et a été exploitée par les parties civiles et Olivier Morice, le sempiternel avocat de l¹UNADFI, pour faire penser à une intervention occulte de l¹Église. Or, le crime ne pouvait profiter qu¹à ceux qui avaient intérêt à ce que ces dossiers disparaissent. Et l¹Église n¹avait aucun intérêt à les voir disparaître. En effet, au moment de la disparition, l¹affaire en question était prescrite depuis 2 ans déjà à cause de l¹inaction du Parquet. De plus, la juge d¹instruction était arrivée à la conclusion que l¹affaire était vide et se dirigeait inexorablement vers un non-lieu (ce qui fut confirmé par les décisions de justice ultérieures et définitives).

La disparition des dossiers a donc servi aux parties civiles à prétendre que la prescription devait être rejetée, faisant perdurer ainsi une affaire qui aurait dû être terminée depuis deux ans.

Notons au passage que dans le cabinet de la même juge d¹instruction, les dossiers de deux policiers ripoux qui étaient mis en examen par Mme Moracchini ont été dérobés à la même période, permettant à leur affaire d¹être prescrite (un journaliste, Frédéric Chapier, avait à l¹époque émis l¹hypothèse que c¹était un policier qui aurait fait disparaître les dossiers de l¹Église.)

Il est intéressant de remarquer que ces deux affaires (celles des « dossiers de la scientologie » et celles des dossiers des deux policiers) ont connu un traitement radicalement opposé par la même Chambre d¹accusation. Alors que pour la scientologie, la perte des dossiers a résulté en un rejet de la prescription pourtant acquise le 29 septembre 1999 (cette prescription aurait sonné la fin de l¹affaire), pour les policiers la Chambre détermina au contraire que cela engendrait la prescription de l¹action publique, le 4 septembre 2000. À cette époque, l¹un des membres de la chambre d¹accusation a d¹ailleurs été mis en cause pour ses liens étroits avec la ministre de la Justice Élisabeth Guigou. Or, Élisabeth Guigou avait été l¹une des principales instigatrices de la mise en cause des scientologues dans cette affaire de dossiers disparus. Les journaux ont titrés à l¹époque sur ce qu¹ils appelaient « les réseaux Guigou ». Ainsi, il semble que des causes identiques (perte du dossier résultant d¹un dysfonctionnement judiciaire par le juge d¹instruction) n¹engendrent pas les mêmes conséquences juridiques, selon qu¹il s¹agisse d¹un dossier touchant ou non à la scientologie.

Cette affaire de dossiers disparus, qui ne profitait donc qu¹à des policiers ripoux et aux parties civiles, dont l¹UNADFI, a été investiguée et a fait l¹objet de plusieurs décisions de justice. Toutes en faveur des scientologues.

Le 2 novembre 2005, la justice a reconnu le préjudice causé, en condamnant pour faute lourde l¹État français, par jugement du tribunal de grande instance de Paris : « En outre, comme l¹exposent les demandeurs, la disparition partielle et la non reconstitution du dossier sont manifestement le résultat d¹un dysfonctionnement du service public de la justice, constitutif de faute lourde. » Le tribunal a condamné l¹État à verser plus de 90 000 euros aux scientologues à titre de dommages et intérêts.

Une audience publique de la magistrate instruisant l¹affaire a permis de démentir les rumeurs propagées par les avocats des parties civiles et l¹ancien Garde des sceaux Élisabeth Guigou (qui avait été aussi très prompte à commenter cette disparition en foulant aux pieds la sacro-sainte présomption d¹innocence dont elle se prétendait l¹apôtre). Les déclarations du juge Moracchini devant la formation disciplinaire du Conseil Supérieur de la Magistrature ont confirmé qu¹il s¹agissait d¹un dossier vide et politisé, ce que l¹Église de scientologie avait dénoncé depuis le début. La juge d¹instruction a été blanchie des accusations de ses détracteurs dans une décision rendue le 14 décembre 2001.

Mais cela n¹empêche pas cette rumeur d¹être resservie régulièrement par Morice, par Fenech et par leurs comparses dès qu¹ils sont devant des caméras de télévision. Au point que la rumeur est tenace et que pas un magistrat qui a à traiter d¹une affaire où il y a des scientologues ne se sent à l¹aise avec le dossier. Pourtant, dans le dossier de l¹affaire actuellement pendante devant la Cour de cassation, celle dont l¹arrêt d¹appel a été rendu le 2 février 2012, des pièces ont encore disparu. Une nouvelle fois, ce sont des pièces qui pour- raient être favorables à la défense. Lorsque cela a été signalé à Mme Claudine Forkel, la Présidente de la cour d¹appel, on l¹a sentie bien ennuyée. Elle n¹a pas même daigné accorder à la défense le droit de consulter le dossier de manière contradictoire. Faire monter le dossier dans la salle d¹audience ? Certainement pas! Mieux valait éviter d¹ébruiter cette affaire. Faire comme si de rien n¹était. Rendre son arrêt sans même vérifier où ces pièces avaient bien pu passer. Cette fois, j¹ai pris les devants. Pour couper court à toute polémique, j¹ai immédiatement déposé une plainte pour vol, afin qu¹on puisse une fois pour toutes faire la lumière sur ces disparitions à répétition dans les affaires touchant la scientologie, toujours au préjudice des scientologues. Mais le parcours judiciaire risque d¹être long...

P127 :
Le climat est si « pourri », que ceux qui pourraient véhiculer la communication des scientologues tout en restant neutres ont souvent trop peur qu¹on les accuse eux-mêmes d¹être scientologues, si jamais ils avaient l¹audace de laisser des scientologues s¹exprimer.

Un jour, je rencontre un journaliste que j¹ai appris à apprécier, ancien directeur de publication d¹un grand magazine national, et aujourd¹hui auteur-réalisateur de documentaires et écrivain. Nous parlons, nous nous revoyons plusieurs fois et nous décidons d¹un commun accord de faire un livre ensemble, un livre d¹entretiens dans lequel il pourra poser toutes les questions qu¹il veut, sans tabous, avec la promesse que je lui laisserai un libre accès à tous les documents qui lui permet- traient de vérifier mes réponses, pour qu¹il puisse être absolument certain de ce qu¹il écrit. L¹idée est intéressante, c¹est une première, et ce journaliste est une valeur sûre, puisque son dernier ouvrage s¹était vendu à 50 000 exemplaires (un chiffre très élevé pour la France où beaucoup de livres ne se vendent pas à plus de 3 000 exemplaires). Le voici qui passe alors des coups de fil à ses éditeurs habituels pour proposer l¹idée. Les refus pleuvent à grosses gouttes. Hors de question de faire un livre où la scientologie pourrait s¹exprimer. « Même si je t¹aime bien, c¹est une très mauvaise idée pour ta carrière », lui répondra-t-on en substance. Après trois mois d¹essais infructueux, on a mis l¹idée de côté et on est passé à autre chose. Pendant cette période, j¹ai eu l¹occasion de rencontrer par hasard l¹un des éditeurs qui avait refusé le projet, Philippe Heracles, PDG du Cherche-Midi, qui m¹est présenté par un autre de mes amis écrivains. C¹était au Salon du livre. Je lui demande s¹il n¹a pas changé d¹avis à propos du projet. Sa réponse est éloquente : « Soit vous balancez des trucs croustillants à propos de la scientologie, genre des trucs que vous cachez à tout le monde, soit je ne vois pas l¹intérêt ». Moi non plus, je ne vois pas l¹intérêt.

Autre exemple de ce type, les instituts de sondage. En 2011, on me conseille de faire réaliser un sondage sociologique sur les scientologues, afin de pouvoir montrer que ce sont des gens normaux, avec un niveau d¹éducation élevé, qu¹ils vont chez le médecin lorsqu¹ils sont malades, qu¹ils sont représentatifs de la population française, qu¹ils travaillent, s¹impliquent, etc., bref montrer qu¹un scientologue ce n¹est pas un extraterrestre. Bien entendu, l¹idée est de faire réaliser ce sondage par une agence réputée, afin que ne puissent être mis en cause ni son professionnalisme ni l¹impartialité des résultats. J¹adhère à l¹idée, et je me mets en quête de l¹institut de sondages qui sera apte à réaliser cette enquête. Je contacte IPSOS, la SOFRES, IFOP, BVA, CSA, les plus réputés. À chaque fois, ça commence bien. La personne qui entame le contact est parfaitement ouverte, comprend la demande, je lui fournis toutes les précisions nécessaires et elle me dit qu¹elle va me renvoyer un devis le lendemain, et qu¹on devrait pouvoir réaliser ce sondage assez rapidement. Et c¹est alors que le parcours interminable commence. Sans réponse le lendemain, je renvoie un mail. Sans réponse au bout de quelques jours, je rappelle. On me dit que les décideurs ne sont pas là, mais qu¹on va revenir vers moi très vite. Ou on ne me prend plus au téléphone. Et ça continue pendant un mois, où je n¹obtiendrai aucun devis, ni aucune réponse. Alors, je contacte un de mes amis qui connaît très bien les directeurs de ces agences et travaille régulièrement avec eux. Je lui explique la situation et il m¹assure que cela doit être un malentendu, qu¹il va arranger cela, que ce genre de discrimination est impensable (il n¹est pas scientologue). Trois semaines plus tard, nous nous revoyons, et il est dépité. Il m¹explique qu¹il a fait tout ce qui était en son pouvoir, mais que chacune de ces agences a trop peur pour son image, et qu¹ils ne veulent pas réaliser ce sondage, car cela pourrait nuire à leurs affaires et leur causer des ennuis. Ni courage, ni valeurs, mais en même temps, c¹est compréhensible, vu la dictature de la pensée unique imposée par la Miviludes.

Préface du doyen Michel de Guillenchmidt, avocat au barreau de Paris, conseiller d'Etat honoraire, ancien directeur de cabinets ministériels et professeur d'université.

L'auteur, Eric Roux, est porte parole de l'Eglise de Scientologie et a traversé les différentes controverses autour de ce mouvement depuis plus de 20 ans.


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