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Il est un domaine où la surenchère islamophobe ne cesse de sévir en France, et ce en toute impunité : celui de l'éducation. Les pratiques discriminatoires et excluantes se multiplient dans l'enceinte des établissements scolaires.

Alors que l'école républicaine représente l'institution, par excellence, censée inculquer les valeurs de tolérance et de respect, des fonctionnaires de l'éducation nationale se rendent régulièrement responsables de décisions ouvertement islamophobes, tout à la fois arbitraires et illégales.

Outre le rejet des mamans voilées souhaitant accompagner les sorties scolaires de leurs enfants, le harcèlement réservé à un nombre croissant de jeunes filles musulmanes atteste d'une islamophobie propre au milieu scolaire.

En effet, nombreux sont les chefs d'établissements qui n'hésitent plus à menacer et sanctionner des élèves dont ils jugent les vêtements trop longs ou trop larges. Certains d'entre eux vont même jusqu'à recenser les élèves qui portent le voile en dehors de l'établissement pour contrôler quotidiennement leur tenue et convoquer celles dont les vêtements seraient à leur yeux « trop islamiques ». Des fichiers seraient établis afin de dresser la liste des lycéennes musulmanes voilées.
La restriction des droits de ces jeunes filles dépasse de loin celle prévue par la loi. Elles ont accepté de retiré leur foulard comme le leur imposait la loi liberticide de 2004, non sans un certain traumatisme, et pourtant elles continuent d'être « traquées » à l'école. Après le dévoilement, on leur confisque leurs vêtements jugés trop larges, on exige d'elles des tenues toujours plus courtes.
Le problème n'est plus, semble-t-il, le port de signes religieux, mais toute déviance à la norme culturelle occidentale. Djellaba, sarouel, jupe longue, tunique leur sont proscrits. Quoi qu'elles portent, leurs tenues semblent toujours trop "ostentatoire", peut-être parce qu'elles sont d'"apparence musulmane"... Certaines d'entre elles témoignent avoir fait l'objet de menaces d'exclusion, la direction de l'établissement leur demandant sous prétexte de respect du règlement intérieur et du principe de laïcité « de porter des jeans et des T-shirts comme tout le monde » sous peine d'être renvoyées de l'établissement.

En cette rentrée scolaire, et après le discours présidentiel de la semaine dernière présentant le projet de « refondation de l'école », où François Hollande a lourdement insisté sur la nécessité de « rétablir l'égalité » et d'« enseigner la morale laïque », il serait bon de rappeler que la réussite de tous et toutes implique nécessairement le respect de chacun et un traitement équitable. Comment mener une scolarité en toute sérénité en ayant le sentiment d'être pourchassée et humiliée, en voyant ses droits fondamentaux lésés par l'institution censée en être la garante exemplaire ?

Le CCIF appelle le gouvernement et en premier lieu le Ministre de l'Éducation Nationale à faire cesser sans délai ces pratiques dans les établissements scolaires. Des instructions claires doivent être transmises aux rectorats et chefs d'établissements afin de sanctionner fermement les velléités de fonctionnaires islamophobes trop zélés.

Pour que l'école redevienne un lieu de confiance, d'apprentissage serein et d'épanouissement pour tous et toutes.