Gazoline in a washing-machine
© AFP / Archives Philippe HuguenUn automobiliste fait le plein de carburant de son véhicule

La Commission de la concurrence sud-africaine a accusé mercredi les filiales locales des groupes pétroliers Chevron, Shell, Total et BP d'entente sur les prix depuis la fin des années 1980, réclamant qu'elles soient condamnées à de lourdes amendes.

La Commission de la concurrence, qui mène l'enquête depuis 2009, a indiqué dans un communiqué qu'elle avait découvert "un comportement de collusion", et qu'elle portait l'affaire devant le Tribunal de la concurrence pour qu'il la juge.

La Commission a recommandé que les quatre filiales de majors internationales, mais aussi les groupes sud-africains Sasol et Engen, soient condamnés à une amende correspondant à 10% du chiffre d'affaires réalisé en Afrique du Sud au cours du dernier exercice.

"L'enquête a mis en lumière un comportement de collusion, fait de nombreux échanges d'informations commercialement sensibles par les compagnies pétrolières incriminées", a-t-elle indiqué.

Les entreprises se sont notamment échangées des informations sur leurs ventes mensuelles d'essence, de diesel, de pétrole lampant, de mazout, de bitume, de GPL et de lubrifiants.

"Les compagnies pétrolières voulaient, entre autres, grâce à ces échanges d'informations, protéger des marges bénéficiaires historiquement élevées", a estimé la Commission de la concurrence.

S'intéressant notamment au cas du diesel, elle a noté que "ce comportement a eu d'importantes conséquences, étant donné que les utilisateurs du diesel comprennent les agriculteurs, le secteur du fret routier, l'industrie du transport, la pêche et les industries minières, entre autres".

Ce cartel a notamment permis de protéger les marges quand Sasol est entré sur le marché.

Le prix du diesel n'est pas fixé par l'administration en Afrique du Sud, contrairement à l'essence.

Mais l'Etat détermine un plafond et les compagnies incriminées se sont arrangées pour qu'aucune d'entre elles ne baisse les prix, selon la Commission de la concurrence.

"Nous avons pleinement coopéré pendant les trois années d'enquête de la Commission et nous sommes déterminés à mener nos activités d'une manière qui soit à la fois équitable et éthique", a réagi Shell dans un communiqué, avant d'assurer que le groupe anglo-néerlandais "interdit les comportements anticoncurrentiels. C'est contre les valeurs de la société".

Sasol a fait savoir qu'un audit mené en 2010 n'avait rien trouvé de répréhensible. "Aucune preuve n'a été trouvée qui soutienne ces allégations", a indiqué la firme sud-africaine dans un communiqué.

Le groupe français Total et le britannique BP ont indiqué qu'il réservaient leurs réponses. L'Association sud-africaine de l'industrie pétrolière (Sapia) et les autres sociétés mis en cause n'ont pu être jointes pour réagir aux accusations de la Commission de la concurrence.