Traduit par Jsf pour NoT

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La prescription moderne d'une alimentation riche en carbohydrates, faible en graisse, et de manger des collations entre les repas a coïncidé avec une augmentation de l'obésité, du diabète, et une augmentation de l'incidence de nombreuses maladies mentales, dont la dépression, l'anxiété, et les troubles alimentaires. De plus, un grand nombre de ces troubles frappent la population très tôt dans la vie. Tandis que la majorité des gens s'accordent sur le fait que l'alimentation a beaucoup à voir avec le développement de l'obésité et du diabète, on ne pense généralement pas que ce que l'on mange est directement lié à notre santé mentale. Je crois que ce que l'on mange est directement lié à la santé de nos cerveaux, bien qu'évidemment la maladie mentale (comme la maladie physique) a des causes multifactorielles, et en aucune manière nous devrions négliger l'importance de chercher toutes les causes chez chaque individu. Mais voyons voir l'opposé de notre mode de vie comportant plein de collations et une alimentation riche en carbohydrates et faible en graisses, pour voir en quoi cela pourrait affecter le cerveau.

A l'opposé du mode de vie « collations et peu de graisses », il y a le mode de vie de nos ancêtres depuis des dizaines de milliers de générations, le mode de vie pour lequel nos cerveaux ont à l'origine évolué. Il semble raisonnable que nous ayons de longues périodes sans nourriture, ou bien parce qu'il n'y en a pas, ou bien parce qu'on est occupé à autre chose. Puis après cette période nous aurions un repas satisfaisant par la cueillette de plantes et des produits d'origine animale, en choisissant surtout la graisse. Durant la journée, nous aurions pris un fruit, ou des légumes, ou un ver déterré, mais rien qui soit satisfaisant ou riche en calories (comme une tubercule contenant de l'amidon) que l'on devait au préalable tuer et préparer avec attention. Heureusement, nous avons un formidable système d'énergie pour les périodes de jeûne ou d'alimentation faible en carbohydrates - notre corps (et le cerveau) peut facilement passer d'un mode où il brûle du glucose à un mode où il brûle ce qu'on appelle les corps cétoné.

Il est vrai que certaines parties de nos cellules du cerveau ne peuvent que brûler du glucose, mais heureusement nos corps peuvent transformer les protéines en glucose par un processus appelé gluconéogénèse. Ce fait signifie qu'il y a des besoins essentiels de graisse et de protéine (ce qui signifie qu'on mourrait sans manger au moins un peu de graisse et de protéine), mais que nous pouvons vivre très heureux sans consommer de carbohydrates du tout. Ce qui ne signifie pas qu'il n'y a pas des désavantages ou effets secondaires à ce qu'on appelle une alimentation « zero carb », mais qu'il n'y aura pas de problèmes de santé majeurs et qu'on ne mourrait pas, comme avec une alimentation sans graisse ou sans protéine.

Tous ceux qui ont un métabolisme en bonne santé auront une cétose minimale surtout la nuit en dormant. Si votre cerveau est un peu ailleurs quand vous vous réveillez, que votre urine sent un peu fort, il y a des chances que vous soyez en cétose, et à moins d'être un diabétique mal contrôlé (une autre sorte de cétose pathologique intervient avec un diabète incontrôlé), être en cétose le matin est un bon signe d'un métabolisme sain. Que signifie être en cétose pour le cerveau, et pourquoi ce serait peut-être plus sain que le mode habituel de brûler des carbohydrates ? Et est-ce que le cerveau souffre de notre alimentation riche en collations et faible en graisses, puisque cela induit des périodes moins nombreuses et moins longues de cétose ?

L'alimentation cétogène, qui est très riche en graisse et faible en carbohydrate et protéine, est depuis longtemps conseillée pour les attaques cérébrales. La recherche actuelle en nutrition reprend des diètes qui autrefois comprenaient beaucoup de crème et de mayonnaise (les formules cétogènes préfaites sont des mélanges pas très agréables d'huile à omega-6 et maïs solide). A Johns Hopkins, les patients en pédiatrie étaient admis à l'hôpital avec un jeûne du 48 heures puis on leur donnait du lait de poule (sans le rhum et sucre, je présume) jusqu'à la mise en place de la cétose (ce qui prend d'habitude 4 jours). De plus, les diètes cétogènes étaient limitées en calorie, à environ 75-90% des calories prises habituellement par un enfant, et souvent aussi étaient restreintes en liquides (1) ! S'il est question de mayonnaise à l'huile de soja, nous allons avoir des problèmes comme des carences en minéraux et les problèmes de foie.

Mais nous n'en sommes plus à ce régime morne. Les dernières recherches ont montrées qu'un « protocole Atkins modifié » était tout aussi bon que la diète cétogène classique, et tellement plus libérateur, car les patients étaient le droit à 10 grammes de carbohydrates par jour, et ils ne commençaient pas par un jeûne, et ils n'avaient pas de restriction en calorie (2)(3). La diète cétogène classique étaient 4:1:1 en graisse/carbs/protéine. Si vous utilisez une huile comme chaîne carbonée moyenne triglyceride (MCT) pour 50% de vos calories (à ajouter lentement pour prévenir les vomissements, diarrhées et crampes!), vous pourriez augmenter les carbohydrates et protéines à un ratio de 1.2:1:1 graisse/carbs/protéines et toujours avoir le même nombre de cétones magiques circulant. Et « l'huile MCT » est sympa et appétissante car ce peut être un lait de coco, alors que MCT Oil 100% Pure 32 fl.oz n'a pas l'air appétissant, surtout si c'est la moitié de ce que vous mangez dans le futur proche (4). Vous pouvez voir pourquoi les chercheurs considèrent les diètes cétogènes (surtout les versions d'autrefois) comme extrêmement difficiles et peu appétissantes (elles l'étaient), alors que les « low-carbers » chevronnés (qui ont une idée un peu différente de ce qu'est une diète cétogène) trouveront cette attitude ridicule, surtout quand vous comparez une diète cétogène aux effets secondaires de certaines médications anti-épileptiques.

Donc il semble que le nouveau Atkins modifié (très très peu de carbs, mais pas zéro carb) et une prépondérance de MCT est similaire pour le cerveau, au niveau des cétones, que la diète cétogène classique. Et que veut dire avoir un cerveau cétogène ? Examinons de plus près les neurotransmetteurs et l'énergie du cerveau. En particulier, le glutamate et le GABA (5).

Le GABA est le principal neurotransmetteur inhibiteur dans le système nerveux mammalien. Il se trouve que le GABA est fabriqué avec le glutamate, qui est le principal neurotransmetteur excitateur. Vous avez besoin des deux, mais il semble que nous ayons des problèmes quand nous avons trop de glutamate. Trop d'excitation dans le cerveau signifie la neurotoxicité, dont la manifestation extrême sont les attaques [ndt: voir le glutamate monosodique ou GMS, qu'on trouve dans le bouillon de poule artificiel, très neurotoxique !! ainsi que l'aspartame]. Mais les maladies neurologiques aussi variées que la dépression, trouble bipolaire, les migraines, l'ALS, et la démence ont toutes été liées d'une façon ou d'une autre à la neurotoxicité.

Le glutamate peut évoluer différemment, un peu comme notre vieil ami le tryptophan. Il peut devenir du GABA (inhibiteur), ou de l'aspartate (excitateur et en excès neurotoxique). Les diètes cétogènes semblent favoriser le fait que le glutamate devienne du GABA plutôt que de l'aspartate. Personne ne sait exactement pourquoi, mais la raison vient en partie du fait de comment les cétones sont métabolisées, et que la cétose favorise l'utilisation d'acétate comme carburant (l'acétoacétate est l'un des corps cétonés, après tout). L'acétate devient du glutamine, un précurseur essentiel du GABA.

Ce qui peut être troublant, est qu'il y a tout plein d'avantages théoriques sur le cerveau avec une diète cétogène, et nous ne savons pas lesquels sont les plus importants. Une diète cétogène classique a trois éléments principaux qui contribuent à l'effet anti-attaques cérébrales. L'un, est la restriction en calorie. Le simple fait de restreindre les calories chez les singes épileptiques (quel que soit le ratio de macronutriment) réduit la fréquence des attaques (et augmente la longévité). Deuxièmement, elle est acide, et les protons supplémentaires eux-mêmes peuvent bloquer les canaux ioniques sensibles aux protons, ou les corps cétonés ou les graisses elle-mêmes peuvent affecter la membrane des neurones, les rendant plus difficile à exciter. (Pour les fans de biochimie, les cétones ou graisses semblent affecter les canaux ioniques K+ sensibles à l'ATP, rendant plus aisé le maintien de l'hyperpolarisation). Troisièmement, ça fait baisser les niveaux de glucose. Et un glucose plus bas est lié à un seuil plus élevé d'attaques (c'est bien - personne ne veut avoir facilement d'attaque !) et une excitabilité neuronale inférieure. Eh bien, il ne semble pas que le glucose soit le carburant préféré du cerveau !

Et regardons maintenant à un niveau mitochondrial. Les mitochondries sont les productrices d'énergies dans nos cellules, où toute l'énergie est produite. Et donc, quand on m'a enseigné l'utilisation de la combustion biochimique, on m'avais dit que le glucose était « propre » et les cétones étaient « enfumée. » Que le glucose étaient clairement le carburant préféré de nos muscles en activité et sans aucun doute le carburant clé du cerveau. Mais voici le sale petit secret du glucose - quand vous regardez la quantité de détritus laissé dans la mitochondrie, il est en fait moins efficace de faire de l'ATP depuis le glucose que de faire de l'ATP depuis des corps cétonés ! [l'ATP=adénosine triphosphate, qui fournit l'énergie aux cellules] Une source d'énergie plus efficace fait plus facilement revenir les membranes dans le cerveau à leur états normaux après un pic d'énergie électrique dépolarisante, ce qui signifie que l'énergie est produite avec moins de radicaux libres destructeurs, moins de détritus.

Qu'est-ce que ça signifie ? Eh bien, dans le cerveau, l'énergie est primordiale. Le cerveau a besoin de beaucoup d'énergie pour maintenir tous les potentiels des membranes - pour continuer à faire sortir le sodium des cellules et de faire rentrer du potassium dans les cellules. En fait, le cerveau, qui est seulement 2% du poids corporel, utilise 20% de notre oxygène et 10% et notre glucose juste pour fonctionner. (Certaines cellules dans le cerveau sont en fait trop petites (ou ont des vrilles trop petites) pour avoir des mitochondries (les productrices d'énergie). A ces endroits, nous devons utiliser du glucose (via la glucolyse) pour créer de l'ATP.) Quand nous changeons le carburant principal du cerveau, du glucose aux cétones, nous changeons la manipulation d'acides aminées. Et ça signifie que nous changeons les ratios de glutamate et de GABA. Ceux qui répondent le mieux à une diète cétogène en cas de problèmes d'épilepsie finissent par avoir une quantité plus importante de GABA dans le système nerveux central.

L'une des choses sur lesquelles le cerveau doit garder un contrôle strict, c'est la quantité de glutamate qui traine dans les synapses. Beaucoup de glutamate dans les synapses signifie une lésion cérébrale, ou des attaques, ou une excitotoxicité permanente problématique comme on peut voir avec la dépression. Le cerveau bourdonne, utilisant l'énergie comme un fou. Même une utilisation un petit peu plus efficace de l'énergie permet au cerveau de plus facilement faire revenir le glutamate dans les cellules. Et cela, mes amis, est une bonne chose.

Disons le comme cela. Le lait maternel est très riche en matières grasses. Les nouveaux-nés passent du temps en cétose, et sont dans une certaine mesure cétoadaptés. Le lait maternel est également riche en sucre, mais les cerveaux des bébés sont si gros qu'ils peuvent supporter beaucoup plus de sucre que nous adultes. Être cétoadapté signifie que les bébés peuvent plus facilement transformer les corps cétonés en acetyl-coA et en myéline. La cétose aide les bébés à construire et faire croître leurs cerveaux. (Pour ceux qui sont intéressés dans les petits détails - les bébés sont en cétose moyenne, mais les très jeune bébés semblent utiliser le lactate comme carburant au lieu du glucose - et l'utilisation de lactate permet aussi la même utilisation d'acetyl-CoA et donne aux nouveaux-nés certains avantages de la cétoadaptation sans être fortement en cétose.)

Nous savons (plus ou moins) ce que tout ça veut dire pour l'épilepsie (et les bébés !). Nous ne savons pas précisément ce que ça veut dire pour tous les autres, du moins au niveau du cerveau. La cétose intervient avec une restriction en carbohydrate et protéine, l'utilisation d'huile MCT, ou le jeûne. Certains croient que l'organisme cétoadapté est l'idéal - d'autres suggèrent que nous pouvons être plus tolérant, et avoir simplement une alimentation faible en sucre et avec des périodes de jeûne intermittentes pour nous donner des périodes de cétose. (Un caveat - je ne recommande pas le jeûne intermittent pour quiconque ayant un trouble lié à l'alimentation, sans y avoir réfléchi et être aidé). La cétose pour le corps veut dire brûler des matières grasses (hip hip hourra!). Pour le cerveau, cela signifie un risque plus faible d'attaque et un meilleur environnement pour la récupération et réparation neuronale.