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Traduction : Dominique Muselet

On est vendredi soir et le cessez le feu semble tenir à peu près le coup. Il faut bien sûr se réjouir que ce round de combat semble temporairement suspendu, mais il faut savoir que si la politique étrangère étasunienne ne change pas, le sang recommencera bientôt à couler.

On a l'impression de se retrouver en 2009, date de la précédente explosion de violence à Gaza. Cette fois-là, plus de 1400 Palestiniens avaient été tués, dont 235 combattants seulement. Les Israéliens avaient perdu 10 citoyens dont 10 soldats. A cette époque, j'avais dit ceci à propos du rôle du président Bush dans le conflit :

"C'est notre argent et ce sont nos armes. Mais je pense que nous l'avons encouragé. En tous cas, le président n'a rien dit pour le calmer. En fait, il l'a justifié moralement en disant, oh, ils ont le droit de le faire, sans même mentionner la tragédie de Gaza... Pour moi, cela ressemble à un camp de concentration."

Le rôle des Etats-Unis n'a pas changé sous l'administration Obama. On continue à faire les mêmes erreurs. Comme le journaliste Glenn Greenwald l'a écrit la semaine dernière :
"Cela fait des années maintenant que le soutien financier, militaire et diplomatique des Etats-Unis pour Israël constitue la force principale qui anime ce conflit sans fin. Les bombes qu'Israël largue sur les Gazaouis, et les avions qu'ils utilisent pour les larguer et les armes qu'ils utilisent pour occuper la Cisjordanie et protéger les colonies, tout cela est payé en grande partie par le contribuable étasunien..."
La semaine dernière, quand le combat faisait rage, le président Obama s'est hâté d'exprimer son soutien au camp israélien dans une déclaration qui révèle parfaitement la tragi-comédie de la politique étrangère étasunienne. Les Etats-Unis soutenaient le camp israélien parce que, a-t-il dit, "Aucun pays au monde, n'accepterait que des missiles envoyés de l'extérieur du pays pleuvent sur ses citoyens." Etant donné que ce président fait pleuvoir quotidiennement des missiles au Yémen, en Afghanistan, au Pakistan et dans beaucoup d'autres pays, cette déclaration était si hypocrite qu'on ne pouvait qu'en rire. Sauf que ce n'était pas drôle.

La Secrétaire d'Etat, Hilary Clinton, s'est rendue à Tel Aviv pour rencontrer le premier ministre israélien Netanyahu, mais elle a refusé de rencontrer les leaders palestiniens élus. Clinton a dit, en arrivant en Israël, "La promesse de l'Amérique de garantir la sécurité d'Israël est solide comme le roc et inaltérable." Est-ce qu'un médiateur honnête dirait ce genre de chose ?

Au même moment le Congrès a agi de manière tout aussi ignominieuse en faisant passer une résolution non annoncée qui a été apportée à l'assemblée à la fin de la semaine de travail après la clôture des débats ; et en moins de 30 secondes la résolution a été approuvée à l'unanimité, sans débat et sans que la plupart des Représentants en aient même entendu parler. La résolution, H Res 813, était si partiale qu'il n'est pas surprenant qu'ils n'aient pas voulu que tout le monde en prenne connaissance et soit présent au vote. Il est certain qu'au moins une poignée de mes collègues aurait objecté à une formulation de ce type : "La Chambre des Représentants exprime sont soutien inaltérable à la sécurité de l'état d'Israël en tant qu'état juif et démocratique avec des frontières sures...."

La partialité de la politique étrangère des Etats-Unis provoque toujours davantage de pertes de vies humaines et d'insécurité dans les deux camps. Il est certain que les Israéliens n'aiment pas être menacés par les missiles de Gaza pas plus que les Palestiniens n'aiment les conditions de vie inhumaines que leur impose Israël. Mais aussi longtemps qu'Israël peut compter sur la contribution indéfectible des contribuables étasuniens à sa politique destructrice, ce pays n'a aucune raison de cesser de se comporter de manière insensée. Et aussi longtemps que les Palestiniens sentiront la présence partiale des Etats-Unis contre eux, ils continueront à prendre des mesures de plus en plus meurtrières et désespérées.

En continuant de faire pleuvoir des missiles sur quantité de pays qui leur en veulent de plus en plus, les Etats-Unis nuisent à leur sécurité plus qu'ils ne la consolident. Nous courons vers un conflit avec la plus grande partie du reste du monde si nous ne rectifions pas notre politique étrangère. Il faut cesser d'intervenir au Moyen-Orient et à la place il faut se montrer amical ; une attitude équitable pourrait être un premier pas approprié.

Ron Paul est un physicien étasunien, auteur et homme politique qui a été le Représentant étasunien au Congrès du 14ième district du Texas qui comprend Galveston, de 1997 à novembre 2012*. Il a été trois fois candidat à la présidence de la république des Etats-Unis en tant que Libertaire 1988 et en tant que Républicain en 2008 et 2012.

Note :
* http://www.contrepoints.org/2012/11/15/104522-discours-dadie...

Pour consulter l'original : http://www.counterpunch.org/2012/11/27/how-to-end-the-gaza-t...

Traduction : Dominique Muselet