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© 60 Minutes / D.R.
Jason, un petit américain de 12 ans, jugé depuis le début du mois de novembre pour le meurtre de son père - membre d'un parti néo-nazi - a été jugé coupable lundi. Il ne connaitra sa peine qu'en février prochain.

La juge a reconnu que Jason avait grandi dans un foyer où la violence et les abus étaient quotidiens. Mais elle a également estimé que le petit garçon était parfaitement conscient de ce qu'il faisait lorsqu'il a tué son père. En conséquence, Jean P. Leonard, présidente du tribunal pour enfant du comté de Riverside, en Californie, l'a jugé coupable de meurtre sans préméditation, rapporte le journal local «Riverside Press». «Nous ne pouvons pas savoir exactement ce qui lui est passé par la tête au moment du meurtre, mais il est clair qu'il a compris que ce qu'il faisait était mal», a-t-elle expliqué. Il lui reste désormais à décider quelle sera sa peine.

En mai 2011, le petit garçon a tué son père d'une balle dans la tête, pendant son sommeil. Après le meurtre, il a essayé de cacher le 357 magnum appartenant à ses parents sous son matelas. C'est sa belle-mère, en instance de divorce avec la victime, qui a fait la macabre découverte. Après le drame, elle a fait savoir aux enquêteurs qu'elle était allée chercher un verre d'eau dans la cuisine et qu'en revenant, elle avait trouvé son compagnon en sang. Elle a alors vu le petit Jason derrière elle, debout dans l'escalier. Elle lui a demandé ce qu'il venait de faire. «J'ai tué papa», lui a-t-il répondu, incapable d'expliquer son geste. Questionné par les policiers quelques jours plus tard, le garçonnet a finalement confié l'avoir tué parce qu'il était en colère. «Il me frappait», a-t-il fait savoir. Il a également expliqué avoir eu l'idée de commettre ce crime après avoir vu un épisode de la série «Esprits Criminels». D'après le journal local «Riverside Press», il aurait confié: «Un mauvais père avait fait quelque chose à ses enfants, et l'un d'eux a fait exactement ce que j'ai fait - il l'a tué».

Un enfant maltraité depuis sa naissance

Le procès de Jason a mis en avant les maltraitances qu'il subissait et qui l'ont poussé à commettre son acte. Son avocat a raconté devant la cour que son père, Jeff Hall, leader local du parti néo-nazi américain National Socialist Movement, lui faisait subir toutes sortes de sévices «depuis son plus jeune âge». Il aurait régulièrement reçu des coups de ceinturon, aurait été obligé à manger sur le sol et aurait même été victime d'abus sexuels de la part de son père, mais aussi par l'un des petits-amis de sa mère. Les services sociaux auraient pris contact avec la famille près de 23 fois et auraient jugé que la santé mentale du petit garçon était mauvaise. Pourtant, d'après le psychiatre interrogé, ni les enseignants qui le suivaient, ni les autorités, n'ont apporté leur aide à l'enfant. «Il n'y a pas eu d'intervention pour le faire quitter son environnement nocif», avait commenté début novembre, Robert Geffen, le psychiatre qui l'a entendu durant le procès. «Ce qui est arrivé était prévisible. Il a grandi et a appris dans la violence», a-t-il poursuivi.

Sa belle-mère - un temps soupçonnée d'avoir manipulé l'enfant pour l'obliger à tuer son père - avait expliqué au début du procès que Jason avait déjà eu des actes très violents. D'après le «Riverside Press», il aurait été exclu de plusieurs écoles et aurait eu des accès de rage qui l'auraient notamment poussé à poignarder son enseignant avec un crayon alors qu'il n'avait que 5 ans. Il aurait également tenté d'étrangler un autre professeur avec un cordon téléphonique. Sa belle-mère a indiqué qu'il suivait une thérapie, mais qu'il «n'écoutait jamais personne». Après une visite à la prison pour mineurs en janvier, l'enfant lui aurait d'ailleurs dit avoir écrit une liste comportant les noms des personnes qu'il voulait tuer en sortant.

«Sa vie a été vraiment très, très malheureuse»

Depuis sa naissance, Jason Hall a été éduqué dans la violence. Pour son avocat, il a été conditionné à la violence. Son père, au chômage et obsédé par la suprématie blanche, l'aurait ainsi amené à plusieurs rassemblements à la frontière américano-mexicaine, lors desquels il apprenait à tirer avec des armes. Avant sa mort, Jeff Hall avait été suivi par les équipes de l'émission «60 minutes». Filmé lors de l'une de ses réunions dans une salle remplie de croix gammées, il expliquait devoir se battre pour le futur de ses enfants. Un futur uniquement fait de personnes blanches. «C'est un petit garçon et sa vie a été vraiment très, très malheureuse. Il est perturbé et violent, et dans notre société, nous avons un vrai problème lorsqu'il s'agit d'aider une personne telle que lui», a déploré Michael Soccio, le procureur adjoint du comté à l'issue du procès. Jean P. Leonard a elle aussi remis en cause le système, incapable d'apporter l'attention nécessaire au petit garçon lorsqu'il en avait besoin. «Ce cas était prévisible. Il y avait tellement de signes avant-coureurs.»

Le 15 février prochain, Jason saura s'il est incarcéré dans une prison pour mineur ou s'il est interné dans un centre spécialisé afin de soigner son hyper-agressivité. Dans les deux cas, d'après les lois en vigueur dans l'état de Californie, il devrait être détenu au moins jusqu'à ses 23 ans. L'avocat de Jason Hall a affirmé qu'envoyer l'enfant en prison serait «une tragédie». Selon lui, il a besoin de soins et d'une aide quotidienne. Il a ainsi expliqué: «Lorsque l'on créé un monstre - je ne dis pas que c'est un monstre - mais lorsque l'on créé un monstre, nous avons une responsabilité par rapport à ce que ce monstre a fait».