Le mardi 12 mars 2013 à 20h50, la chaîne Arte diffusait un documentaire autrichien sur les dangers de l'aluminium intitulé "Planète Alu". Aucun rapport avec le 11-Septembre a priori, jusqu'à l'apparition d'images des Tours Jumelles et d'un entretien avec le professeur Christian Simensen à partir de la 57ème minute. "Selon cet expert norvégien en métallurgie, nous dit la voix off, c'est l'aluminium qui a causé l'effondrement rapide et si spectaculaire des Tours Jumelles" :


Cette théorie, apparue quelques jours seulement après le dixième anniversaire des attentats, avait été reprise dans la foulée par de nombreux médias français comme Libération, L'Express, Le Point, Le Nouvel Observateur ou encore 20 Minutes.
Image
Quand la presse relaie unanimement une théorie sans se poser de question... et en censure d'autres.
A l'époque, les médias français concédaient pour la première fois l'existence de témoignages d'explosions dans les tours du World Trade Center. C'est important de le noter, car bien que l'authenticité de ces témoignages soit indiscutable, tous ceux qui en parlaient depuis dix ans étaient systématiquement qualifiés de "conspirationnistes". Deux semaines avant l'apparition de la théorie de Simensen dans les médias français, nous avions d'ailleurs publié une étude détaillée sur les témoignages de 503 pompiers du Département incendie de la ville de New York (FDNY) qui révélait que 118 d'entre eux avaient fait état d'explosions ce jour-là. De nombreux survivants et témoins ont également rapporté des explosions avant l'effondrement des tours, parfois même avant l'impact des avions et jusque dans le hall d'entrée et les sous-sols :


Ces témoignages n'ont jamais été diffusés à la télévision française ou rapportés dans nos journaux, mais ils tendent manifestement à contredire la théorie de Simensen tout comme la version officielle des événements. Que les médias français relaient la théorie de Simensen tout en occultant des témoignages directs et concordants d'explosions pose un véritable problème de déontologie journalistique. D'ailleurs, toutes les études scientifiques sur le 11-Septembre n'ont pas eu ce genre de privilège, comme par exemple celle dirigée par le professeur Niels Harrit. Pourquoi une telle différence de traitement ? Si c'est une question de rigueur scientifique, les journalistes ont-ils les aptitudes nécessaires pour en juger ? Si non, pourquoi n'en plébisciter qu'une seule et refuser un débat de fond ? Mais au-delà du choix arbitraire des théories rapportées par les médias, le plus grave reste encore celui de ne pas diffuser des faits et des témoignages dont l'authenticité ne peut tout simplement pas être remise en cause.

Quoi qu'il en soit, regardons tout de même à quoi se résume la théorie de Simensen, telle qu'elle fut présentée en septembre 2011 sur la télévision norvégienne NKR (Notez le réalisme saisissant des images !) :
  • Un Boeing 767 se crashe dans une des tours du World Trade Center...
    Image
  • L'avion est contenu dans une cavité qui agit comme une marmite géante...
    Image
  • Puis l'avion se liquéfie sous l'effet de la chaleur, créant une piscine d'aluminium fondu...
    Image
  • Et finalement, l'aluminium fondu s'échappe dans les étages inférieurs où il rencontre l'eau du système anti-incendie, ce qui provoque une réaction explosive et la destruction totale de la tour...
    Image

La théorie de Simensen génère pourtant quelques problèmes qui semblent avoir échappé à tous les médias qui l'ont relayée :
  • Il aurait fallu que l'aluminium des avions ne se soit pas trop dispersé pour permettre de former ces fameuses piscines d'aluminium fondu. Or, la simple vue des images devrait suffire à contredire la présentation caricaturale de Simensen. Comment penser que l'avion ait pu conserver une quelconque intégrité physique en s'encastrant à pleine vitesse dans les tours du World Trade Center ?
    Image
  • Il aurait également fallu que les étages impactés se soient affaissés en formant une piscine parfaitement étanche dans laquelle l'aluminium aurait eu le temps de fondre avant d'être libéré vers les étages inférieurs. Qui d'autre que Simensen soutient une telle théorie et en quoi est-elle réaliste ?
  • De plus, la version officielle stipule que le kérosène des avions s'est consumé dès les toutes premières minutes, laissant place à un simple feu de bureau. Le feu s'étant ensuite progressivement déplacé dans le bâtiment, cela complique encore un peu plus la version des faits de Simensen.
  • Plus incroyable encore, il aurait fallu que ces conditions déjà improbables se soient reproduites par deux fois, dans la Tour Nord et la Tour Sud, avec les mêmes séquences d'événements et générant le même résultat. Quelle probabilité que cela se produise ?
  • Même en imaginant que cette théorie puisse avoir une chance même très infime de se produire, en quoi explique-t-elle la démolition si rapide et complète de l'édifice ? De même, elle n'explique sûrement pas les témoignages d'explosions dans le hall et les sous-sols avant même l'impact des avions.


Le documentaire d'Arte précise plus loin que "curieusement, le rapport officiel du gouvernement sur l'effondrement des Twin Towers ne fait pas mention de l'aluminium" : ce n'est pas tout à fait exact. Le National Institute of Standards and Technology (NIST) qui avait pour mission d'enquêter sur l'effondrement des tours ne considère pas que l'aluminium des avions ait pu jouer un rôle dans les effondrements. Néanmoins, tout comme Simensen, le NIST stipule que le métal fondu s'échappant du coin nord-est de la Tour Sud serait de l'aluminium. Là où le documentaire diffusé par Arte pose encore problème, c'est qu'il fait une utilisation trompeuse des images afin d'influencer le téléspectateur sur la nature de cette coulée de métal fondu.

En effet, Simensen nous dit que "sur certains films, on voit de l'aluminium en fusion s'échapper par une fenêtre". Comment peut-il affirmer qu'il s'agit bien d'aluminium à partir d'une simple vidéo ? Pour étayer son propos, le réalisateur a utilisé des images de très mauvaise qualité qui donnent l'impression que le métal fondu serait de couleur blanche, rappelant ainsi la couleur argentée de l'aluminium. Or, des images de bien meilleure qualité auraient démontré sans ambiguïté que cette coulée de métal fondu était de couleur orangée.
Image
Image de mauvaise qualité trahissant les couleurs utilisée sur Arte
Image
Image de bonne qualité révélant les vraies couleurs




Le documentaire diffusé par Arte démontre au minimum -- pour ceux qui en douteraient (comme Jérôme Quirant) -- qu'en dehors de températures optimales, ce qui n'était pas le cas le 11-Septembre, l'aluminium fondu conserve bien une couleur argentée (la luminosité peut néanmoins jouer sur la perception des couleurs du métal à haute température) :


Images d'aluminium fondu issues du documentaire "Planète Alu" diffusé par la chaîne Arte


Le NIST a expliqué sur son site que cette couleur orangée pourrait être due aux différents matériaux de bureau et des tours en combustion mélangés à l'aluminium, sans pour autant le démontrer par l'expérimentation. Jérôme Quirant suggère même la thèse inverse dans la catégorie "approximations" de son site en supposant que "la couleur argentée de l'aluminium a donc dû fortement pâlir avec la quantité de composants qui se sont mélangés" (nous surlignons). De son côté, le professeur Steven Jones, qui a mené une expérience en compagnie d'un ingénieur du NIST pour vérifier cette thèse, affirme que cela ne modifie en rien la couleur de l'aluminium fondu :


Quand on voit le niveau du traitement médiatique autour du 11-Septembre, on peut se demander qui propage des théories farfelues. Les médias, généralement si émus de la moindre remise en cause des explications officielles sur le 11-Septembre, n'hésitent pourtant pas à relayer des théories fumeuses quand elles contribuent à taire les vraies questions.