Journaliste de France Inter : "Est-ce que l'appareil d'état est à la hauteur des proclamations politiques de ces dernières années que l'on a beaucoup entendues sur la lutte contre l'évasion fiscale ?"

Antoine Peillon : "Il y a visiblement une volonté politique qui est entravée, voir sabotée par une partie de l'administration".

Journaliste : "C'est à dire ?"

A.P. : "Et bien en l'occurrence je désigne le renseignement intérieur qui sur certains points visiblement ne transmet pas les informations dont il dispose, elles sont nombreuses, ce sont des officiers de cette maison qui le disent. Il est de notoriété publique que; à Bercy les fonctionnaires ne travaillent pas forcément au régime de récupération de ce qui est la fraude fiscale, il y a une réforme à faire, elle est proposée aujourd'hui par un groupe de travail à l'Assemblée Nationale, ils travaillent ferme sur une proposition de loi qui va être étayée par des expertises très importantes de policiers, d'avocats et de magistrats spécialistes en matière fiscale. Voilà, la volonté politique elle est évidente depuis un an, en revanche, en résultat pour l'instant nous n'avons rien."

Journaliste : "Mais pour quelle raison ?"

A.P. : "Il y a même eu trahison, on peut le dire, quand un ministre du budget est pris presque un an après une élection présidentielle, en flagrant délit, d'évasion fiscale par les circuits les plus classiques qui sont dénoncés publiquement depuis longtemps, c'est bien qu'il y a une trahison."

J : "Mais pourquoi cette inertie comme vous dites Antoine Peillon, c'est par quoi, par paresse, par incompétence ou parce qu'il y a des intérêts, c'est, quel est le..."

A.P. : "Il y a bien sûr des intérêts et donc des conflits d'intérêts, pour ne pas dire des corruptions. Il est notoire que pendant de nombreuses années, et au sein de la plus haute administration, et au sein d'un certain personnel politique, le recueil de l'avantage qu'il y avait à avoir des évadés fiscaux et de l'évasion fiscale était évident".

J : "Ce que vous mettez en cause c'est l'état-major de la DCRI (ndt : Direction centrale du renseignement intérieur issue de la fusion de la DST et des RG en 2008) tel qu'il a été établie sous le quinquennat précédent, c'est bien ça ?"

A.P. : "Clairement, clairement, qui a été instrumentalisé et qui a servi volontairement les intérêts d'un clan politique. C'est établi et je l'ai écrit et publié l'an dernier dans mon livre. Un livre majeur, "L'espion du président", paru à la même époque faisait le détail de comment cette maison, la DCRI était au service d'un clan, et bien, les hauts fonctionnaires et les cadres de cette maison de l'époque sont toujours à l'œuvre."

[...]