Les autorités américaines devraient autoriser la commercialisation d'un saumon transgénique dans les prochains mois. Une perspective qui alarme écologistes et associations de consommateurs.

Le saumon transgénique AquAdvantage développé par AquaBounty n’a besoin que de 18 mois pour devenir adulte.
© DRLe saumon transgénique AquAdvantage développé par AquaBounty n’a besoin que de 18 mois pour devenir adulte.
Les Organismes génétiquement modifiés (OGM) s'apprêtent à faire une nouvelle percée aux Etats-Unis. Après 17 ans de pourparlers, la société AquaBounty espère recevoir l'approbation des autorités sanitaires dans les tous prochains mois pour commercialiser un saumon transgénique. Une première mondiale. « Nous devrions obtenir le feu vert avant la fin de l'année », a indiqué son PDG, Ronald Stotish, fin avril.

Quinze ans après avoir inondé les terres agricoles américaines (lire ci-dessous), les OGM devraient donc investir un nouveau marché de taille, celui de l'élevage. Il s'agirait en effet du premier animal génétiquement modifié à intervenir dans l'alimentation humaine. L'avancée des recherches sur les poulets et les cochons laisse penser que le « Frankenfish » - comme le désignent les écologistes- ne restera pas longtemps seul.

Une croissance deux fois plus rapide

Connu sous le nom d'AquAdvantage, celui-ci a un sérieux atout : il lui faut deux fois moins de temps que les autres pour devenir adulte (18 mois). Il s'agit en fait d'un saumon de l'Atlantique, auquel est ajouté un gène issu d'un saumon Chinook pour accélérer sa croissance. Voilà déjà trois ans que les autorités sanitaires - la Food and Drug administration- ont déclaré le poisson « sans danger pour la consommation humaine ». Fin décembre, elles ont ajouté que ce saumon transgénique aurait un impact « peu significatif » sur l'environnement, en tous cas pas dans les conditions d'élevage proposées par AquaBounty.

Des précautions ont effectivement été prises pour éviter que le nouveau poisson n'entraîne l'extinction des saumons sauvages. La nouvelle espèce ne sera constituée que de femelles, a priori toutes stériles. Les lieux de culture ont par ailleurs été sélectionnés pour éviter tout accident : si par malheur des œufs devaient rejoindre l'océan, les eaux du Canada seraient trop froides pour qu'ils y survivent. Les poissons sont ensuite élevés au Panama, un environnement trop chaud pour qu'ils y prospèrent en eaux libres.

Il n'est toutefois pas certain que les prochains producteurs prennent les mêmes précautions : le sénateur démocrate de l'Alaska, Mark Begich, regrette ainsi que la FDA se soit trop concentrée sur les détails de la proposition d'AquaBounty. Selon lui, la possibilité que les saumons génétiquement modifiés puissent se multiplier avec les saumons sauvages constituerait un désastre non seulement pour eux, mais aussi pour l'ensemble de l'écosystème marin.

La mention OGM ne sera pas obligatoire

Les travaux d'évaluation de la FDA ont été soumis à consultation jusqu'à fin avril. Ils ont donné lieu à plus d'un million de courriers et à l'appel au boycott de nombreux restaurateurs. Les chaînes de distribution Aldi, Whole Food et Trader Joe's ont d'ores et déjà indiqué qu'elles ne commercialiseraient pas le nouveau saumon. Les associations de consommateurs sont d'autant plus furieuses que l'étiquetage en tant qu'OGM ne sera pas obligatoire. Les américains auront donc bien du mal à savoir quel poisson se trouve dans leur assiette. La Maison Blanche a encore quelques mois pour trancher.

Pour aller plus loi, regardez :

Le PDG d'AquaBounty défend son saumon transgénique


Les inquiétudes de la représentante de l'Alaska au Congrès