Après avoir analysé des études portant sur des milliers d'hommes et de femmes suivis pendant plusieurs décennies, les experts du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), une agence spécialisée de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), sont arrivés à la conclusion que la pollution de l'air qui nous entoure est cancérigène (voir le PDF, en anglais).

La pollution atmosphérique a été classée dans la catégorie "cancérigène certain", a annoncé, jeudi 17 octobre à Genève, le directeur du CIRC, Christopher Wild. Le gazole et les particules fines avaient déjà été classés dans la catégorie "cancérigène certain" en juin 2012.

"Les experts ont conclu (...) qu'il existe des preuves suffisantes pour dire que l'exposition à la pollution de l'air extérieur provoque le cancer du poumon. Ils ont également noté une association positive avec un risque accru de cancer de la vessie", a précisé l'IARC dans un communiqué.

223 000 DÉCÈS DU CANCER DU POUMON

Les données les plus récentes dont disposent le CIRC montre qu'en 2010 223 000 personnes sont mortes d'un cancer du poumon en lien avec la pollution de l'air. Le CIRC publiera ses conclusions de façon plus détaillée la semaine prochaine dans la revue médicale britannique The Lancet.

Le CIRC rappelle que les effets de cette pollution atmosphérique "étaient déjà connus pour augmenter les risques de contracter des maladies principalement respiratoires et cardiaques". Une étude publiée lundi a également montré que cette pollution a des conséquences néfastes, dès la grossesse, sur le développement du fœtus.

MOTEURS DIESEL ET INDUSTRIE

Pour l'instant, les données n'ont pas permis d'établir si un groupe particulier de la société (femmes ou hommes, jeunes ou âgés) était plus vulnérable. Mais "les personnes les plus exposées sont les plus vulnérables", a relevé le docteur Kurt Straif du CIRC. "L'air que nous respirons a été contaminé par un mélange de substances qui provoque le cancer", ajoute-t-il.

Dans de précédentes études, le CIRC avait ciblé de nombreux produits chimiques qui favorisent la contamination de l'air. Il s'agit, entre autres, des gaz d'échappement des moteurs Diesel, des solvants, des métaux et des poussières.

L'industrie est également pointée du doigt. Des études montrent ainsi que ces dernières années les niveaux d'exposition à la pollution atmosphérique ont augmenté significativement dans les pays largement peuplés et à croissance industrielle rapide, comme la Chine.

Christopher Wild souligne qu'il "existe des moyens efficaces pour réduire la pollution de l'air" et espère que ce rapport "enverra un signal fort à la communauté internationale pour prendre des mesures dans les plus brefs délais".

ASTHME, BRONCHITES ET BRONCHO-PNEUMOPATHIES

Selon un document du Commissariat général au développement durable (CGDD) daté d'octobre, la pollution de l'air coûte de 0,7 à 1,7 milliard d'euros par an au système de soins en France. Par comparaison, le tabac coûte 18,3 milliards d'euros, d'après le Comité national contre le tabagisme.

L'asthme, avec de 400 000 à 1 400 000 nouveaux cas par an attribuables à la pollution, est "l'exposition chronique qui est globalement la plus préjudiciable en termes d'impact sanitaire"', avec un coût total situé entre 335 000 euros et 1,1 milliard d'euros. Suivent les bronchites aiguës (950 000 nouveaux cas), les bronchites chroniques (134 000 cas), et les broncho-pneumopathies chroniques obstructives (BPCO, entre 26 000 et 39 500 cas).

Le CGDD compte également les nombreuses hospitalisations pour traiter des difficultés respiratoires, circulatoires ou cardiaques (33 500 cas). Le nombre de cancers des voies respiratoires est, lui, "beaucoup moins" important, avec entre 1 684 et 4 400 nouveaux malades par an. Mais "le coût total reste élevé, entre 53 millions et 138 millions d'euros, compte tenu des coûts de protocole de soins et des longues durées d'arrêt de travail du patient".