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Capture d'écran d'une vidéo montrant la chute d'une météorite en Russie, vendredi 1er novembre. | DR
Qu'il puisse y avoir un lien si étroit entre la qualité de la recherche en astronomie et les relations tendues qu'entretiennent les assureurs russes avec leurs clients n'allait pas de soi.

C'est pourtant, entre bien d'autres choses, ce que suggèrent les travaux menés par trois équipes internationales d'astronomes sur la météorite qui explosa, le 15 février au petit matin, dans le ciel de Tcheliabinsk (Fédération de Russie).

Les trois études, à paraître jeudi 7 et vendredi 8 novembre dans les revues Nature et Science mettent en effet à profit, entre autres, les vidéos enregistrées par des milliers d'automobilistes russes au cours de leurs trajets quotidiens, et censées être utilisées en cas d'accident et de litige avec les sociétés d'assurance.

UNE ÉNORME DÉFLAGRATION LUMINEUSE

Les analyses montrent d'abord que l'événement est le plus important du genre depuis 1908 et l'explosion d'une météorite plus imposante encore au dessus de la forêt sibérienne, dans la région inhabitée de la rivière Toungouska.

En explosant, le "superbolide de Tcheliabinsk" a libéré une énergie correspondant à l'explosion de 500 000 tonnes de trinitrotoluène (TNT). L'analyse des images, mais aussi une enquête de terrain menée auprès des habitants d'une cinquantaine de villages de la région dans les jours qui ont suivi le 15 février, montre que la déflagration a été trente fois plus lumineuse que l'astre de jour.

Une petite fraction des personnes exposées à ce rayonnement ont souffert de brûlures légères, comparables à des coups de soleil.
Selon les observations des chercheurs du Tcheliabinsk Airburst Consortium, publiées dans Science, une masse de 19 mètres de diamètre et de 13 000 tonnes est initialement repérée à 97 km d'altitude, filant à la vitesse de 20 km par seconde.

ONDE DE CHOC

Le bolide commence sa dislocation à quelque 80 km d'altitude - l'explosion finale se produisant à environ 30 km au-dessus du sol.
A l'aplomb de celle-ci, dans le village de Yemanzhelinsk, l'onde de choc fut si forte que des piétons furent projetés à terre.

A Tcheliabinsk, les chercheurs ont recensé 3 613 bâtiments dont les vitres ont été soufflées... Des travaux conduits par Jiri Borovicka (Académie des sciences de République Tchèque) - publiés dans Nature - permettent pour leur part de déduire l'origine du bolide dans la proche banlieue terrestre, à partir de sa trajectoire dans l'atmosphère.

Selon les auteurs, la météorite de Tchéliabinsk est probablement issue d'un objet bien plus gros - l'astéroïde 86039, mesurant le respectable diamètre de 2 km - qui a dû se fragmenter après un choc avec un autre objet céleste.

MODÈLES THÉORIQUES EN DÉFAUT

Quant à l'analyse des dommages produits par le bolide, menée par Peter Brown (université de l'Ontario occidental, Canada), elle prend en défaut les modèles théoriques, qui exagèrent systématiquement les dégâts produits par une déflagration d'une énergie donnée.

Bonne nouvelle ? Pas vraiment. Cela revient à ré-estimer à la hausse la quantité de bolides de belle taille qui frappent de temps à autre la planète bleue.

Résultat : les bolides comme celui de Tcheliabinsk percutent la Terre ou son atmosphère sans doute dix fois plus souvent que précédemment estimé. Avis aux assureurs.