frobama poutine
"Ce sont les paroles les plus fortes que j'ai jamais entendues dans la bouche d'un diplomate", observe Erik Townsend.

Il commentait la citation du porte-parole du ministère des Affaires étrangères russe, Alexander Loukachevitch, qui a déclaré :

"Nous devrons réagir... si nous sommes provoqués par des actions irresponsables et soudaines de la part de Washington... et pas nécessairement de façon symétrique".

"A mon avis", reprend Erik, "ce que dit réellement la Russie c'est : 'États-Unis, si vous voulez jouer à ce jeu qui consiste à venir et nous dire ce que nous pouvons faire dans notre pays, parce que vous êtes les États-Unis, vous croyez que vous avez le droit de passer outre les lois internationales parce que l'arrogance américaine est dans vos gènes. Si c'est ainsi que vous pensez, nous allons déclencher dans votre pays une crise obligataire et financière qui mettra fin à votre hégémonie économique dans le monde. Nous en avons le pouvoir'."

"Je ne serais pas surpris que quelqu'un en Chine ait entendu la Russie parler ainsi et peut-être est-il en train de les appeler au téléphone".

"Ces deux pays, au contrôle de la monnaie de réserve et en charge de la gérer eux-mêmes, voilà qui pourrait tout changer du jour au lendemain. Si vous étiez à leur place, pourquoi ne vous mettriez-vous donc pas d'accord pour le faire ? Imaginez s'ils pouvaient y arriver, la Chine et la Russie ensemble revendiquant une nouvelle monnaie et affirmant : 'nous n'allons pas utiliser le yuan chinois. Nous allons créer une nouvelle monnaie que nous appellerons le dollar asiatique ou quelque chose de ce genre, et elle sera garantie par quelque chose de réel, de préférence de l'or'."

Certes, ceci est une possibilité, pas une prévision. Mais presque personne ne l'a remarqué.

Depuis ce jour-là, les Russes n'ont eu de cesse de bomber le torse. Le site web de la Voix de la Russie - anciennement Radio Moscou - a publié un commentaire en avril dernier intitulé "La fin du dollar américain est proche".

Il citait la déclaration d'un économiste russe : "les États-Unis n'ont plus beaucoup de temps pour se préparer à un affaiblissement sérieux du dollar américain sur la scène mondiale et, inversement, pour un renforcement sérieux du rôle des monnaies régionales. Ils ont au maximum 18 mois".

Du point de vue des Russes, 18 mois pourrait bien être optimiste.

"Je doute qu'une crise obligataire et monétaire américaine ait lieu sous Obama", affirme Erik Townsend. "Il n'a plus que deux ans à la tête du pays, c'est bientôt la fin de son mandat. Mais je ne pense pas que le prochain président fasse deux mandats, sur une période de huit années, de 2016 à 2024, sans que le marché obligataire américain n'implose pour une raison ou une autre".

"Cela signifie que notre prochain président est celui qui sera à la tête du pays lorsqu'arrivera la catastrophe financière la plus sophistiquée, la plus techniquement complexe de l'histoire. 2008 semblera avoir été une partie de plaisir comparée à ce que je vois arriver".

Perte d'emplois, perte de logements, perte d'espoir... et ensuite ?
C'est ce qui arrivera lorsque les responsables américains expliqueront à leurs "partenaires" d'Europe et d'ailleurs que la Chine et la Russie sont sur le point de devenir les plus grandes et les pires puissances mondiales - à moins que l'Occident n'unisse ses forces pour créer une nouvelle monnaie de réserve mondiale. "Nous allons fusionner le dollar et l'euro et tous ceux que nous pourrons joindre à notre cause pour faire cela".
"Ce que vous faites si vous êtes les États-Unis est que vous dites : 'écoutez, nous ne pouvons tolérer cet autre monde nouveau. Il est trop radical. Il signifierait la fin de notre vie telle que nous la connaissons. Par conséquent, vous tous qui n'êtes pas alignés avec la Chine et la Russie, vous devez rallier notre camp.' Et nous ferons en sorte que les élites politiques haut placées soient choyées mais le reste du monde sera arnaqué".
C'est-à-dire qu'il y aura un taux de conversion entre le dollar et la nouvelle monnaie pour les élites... et un autre pour les autres.
La rue se soulèvera-t-elle ? Peut-être, ou peut-être pas. M. Townsend suggère que le mécanisme de conversion sera si compliqué que peu de personnes se rendront compte de ce qui arrive - tout comme pour les renflouements de 2008. "Le gouvernement est fort pour rendre les choses très compliquées dans le but de cacher au grand public ce qui se passe vraiment".

"Et dire que tout a commencé avec la nouvelle prospérité américaine provoquée par l'abondance de l'énergie made in America".
Quand arrivera le jour du "jugement dernier" ? Quand les Saoudiens, les Russes ou les Chinois - ou tous les trois de conserve - laisseront tomber les pétrodollars ?
Selon M. Townsend, en tout cas, pas sous la présidence d'Obama. Cela semble crédible.

Le plus logique est que cela arrivera lorsque l'Amérique atteindra le point de dépendance minimum par rapport au pétrole étranger - le moment où les pétrodollars seront le moins nécessaires pour huiler les rouages du commerce international. Alors, les cheiks, les oligarques et le Comité central en profiteront pour s'échapper.

En 2005 les États-Unis importaient 60% de leurs besoins en pétrole ; aujourd'hui seulement 40%. Dans cinq ans, ils n'en importeront plus que 30%.

Ce "seuil des 30%" pourrait bien être le signal que la crise est proche. Certes, rien n'est acquis... mais il n'est pas difficile de penser que quelqu'un à Riyad, Moscou ou Pékin surveille ces chiffres puisque la U.S. Energy Information Administration les publie en ligne chaque mois.