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Comme à l'habitude, Washington ignorait jusqu'à il y a peu l'existence de l'Écosse, selon le même penchant psychologique qui lui fait en général ignorer l'existence du reste du monde sinon pour ses agitations stratégiques dont on connaît aujourd'hui l'aspect erratique et extraordinairement producteur de désordre. On a compris qu'on parle ici, d'une façon métaphorique, du point de vue psychologique qui gouverne l'essentiel de la politique générale (la politique-Système) mise en œuvre par les exécutants du Système, en façonnant la perception, avec l'aide de l'influence puissante du système de la communication. Aussi le récent sondage qui donne pour la première fois la victoire aux indépendantistes (voir le 10 septembre 2014) a-t-il causé l'effet d'un bouleversement sismique à Washington ; comme il est écrit dans l'extrait du texte ci-dessous, ce sondage "en a choqué beaucoup à Washington, qui jugent 'incompréhensible' que l'Écosse puisse rompre avec le Royaume-Uni et s'en détacher".

Ce choc que nous restitue le texte d'analyse de Russia Today, le 11 septembre 2014, témoigne de deux choses, qui sont évidemment complémentaires, comme deux facettes d'une même prise de conscience psychologique. D'une part, il permet de prendre conscience combien une voie indépendantiste de l'Écosse, - quelles qu'en soient les modalités et les arrangements qui suivraient, - contribuerait à installer la perception du danger suprême de destruction qui existe au sein du bloc BAO, et au cœur du cœur de ce bloc qu'est le Royaume-Uni, à la fois meilleur atout individuel et courroie de transmission du Système en Europe, à la fois meilleur relais de liaison et de soumission réciproque des deux grands ensemble du bloc BAO et du Système à cause de ses liens transatlantiques. C'est la possibilité de la déstructuration, arme favorite du Système, qui surgit au cœur du Système, en retournant contre lui cette arme (processus surpuissance-autodestruction) dans le mouvement "faire aïkido" qu'on connaît bien.

D'autre part, l'analyse citée nous restitue l'installation de la perception qu'il existe au cœur même du Système une fragilité absolument inédite et, selon le terme employé, "incompréhensible", signe d'une situation générale potentielle de fragilité au cœur de l'ensemble. De ce point de vue, qui est appelé à durer puisqu'il se transforme en une perception impliquant une évolution de la psychologie à Washington, on met en évidence un trait nouveau du Système marquant l'avancement de son processus d'autodestruction. Ce deuxième point nous paraît d'ores et déjà acquis, même si le "oui" ne l'emporte pas en Écosse, et dans la mesure où il semble assuré que le résultat sera néanmoins très serré et consacrera l'existence d'une faille profonde et tragique à l'intérieur du Royaume-Uni. Pour les USA, c'est un facteur fondamental de la structure du bloc BAO qui s'installe, qui est le facteur de la menace de la déstructuration, en touchant ce qui semblait jusqu'alors pour ces mêmes USA un bloc inamovible, - le Royaume-Unis, leur allié, leur frère-jumeau, leur vassal soumis, leur outil et leur "chose" en Europe. Il est impossible dans ce cas que ce choc "incompréhensible" ne contribue pas à concrétiser de manière puissante, à Washington même, le spectre de la menace de la déstructuration pour les USA eux-mêmes, - cette menace d'une fragilité interne qui est constitutive même des USA et qui fut marquée par la plus terribles des guerres, celle de la Sécession, en 1861-1865.

(Le choc d'une Écosse indépendante installerait nécessairement une crise autour du cas écossais, là encore quelles qu'en soient les modalités et les arrangements qui suivraient [ou tenteraient de suivre] l'indépendance possible, pour tenter d'atténuer les effets de l'événement. Cela se ferait en dépit de toute analyse rationnelle dans la mesure où l'Écosse serait perçue, selon l'exacerbation courante des psychologies qui se reporterait sur un cas de plus, à la fois comme traîtresse à l'ordre général du bloc BAO et du Système, à la fois quasiment comme une entité "terroriste" [un peu comme dans le cas des séparatistes du Donbass]. Bien entendu, cette atmosphère de crise alimenterait et alimentera de toutes les façons tous les cas séparatistes européens proches de l'Écosse, là aussi selon une logique crisique dramatisant et accélérant les perspectives lorsqu'on passe du théorique à l'opérationnel.)

Nous citons ci-dessous la conclusion du texte de Russia Today qui donne un bon aperçu des circonstances de ce choc psychologique à Washington, après avoir détaillé les réactions officielles diverses, notamment au Congrès. Ces réactions diverses sont, dans une écrasante majorité, favorable au "non" à l'indépendance, ce qui marque bien combien, comme à Londres d'ailleurs, le cas écossais est perçu effectivement comme une menace antiSystème, - et qu'il a éclaté comme tel, exactement comme une éruption volcanique, à l'occasion d'un événement statistique courant du système de la communication, et cela renforçant l'effet psychologique. Nous énonçons ce jugement selon une appréciation des plus profondes, concernant les psychologies bien entendu, et sans prêter une attention excessive et de peu d'intérêt aux manœuvres diverses en cours, par rapport au Royaume-Uni, à l'Europe institutionnelle, au Royaume-Uni dans ses relations avec l'Europe institutionnelle, par rapport au mouvement régionaliste dans ses rapports avec l'Europe institutionnelle, etc. ; ces divers aspects ne sont que des péripéties sans réelle substance par elles-mêmes, dans une situation où seule compte l'appréciation de ce qui est l'affrontement par tous les moyens et de toutes les façons, entre le Système et l'antiSystème. De ce point de vue qui est le seul qui ait quelque intérêt et qui doit mobiliser toute notre attention, le projet de référendum écossais est antiSystème, et un résultat favorable à l'indépendance, en ferait un cas doublement, monstrueusement (du point de vue du Système) antiSystème ; ces deux circonstances participent évidemment à la déstabilisation constante en cours des élites-Système.

Conclusion du texte de Russia Today, en Anglais, en bas de page.