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© Flickr/ Stop TTIP
La Commission européenne rend le Traité de libre-échange transatlantique (TTIP, connu aussi sous le nom de TAFTA) encore plus secret en introduisant une nouvelle règle : désormais, les politiciens ne peuvent lire le texte que dans une "salle de lecture" super sécurisée sans portables ni notes permises, annonce le site allemand Correct!v.

Une investigation du site allemand Correct!v a révélé que la Commission renforçait les difficultés d'accès au texte du TTIP suite à des fuites d'information prétendument par des membres de l'UE ayant accédé à des contenus relatifs au traité par voie électronique.

"Aucun rapport sur les négociations ne sera envoyé à des États membres à cause d'importantes vulnérabilités lors du dernier cycle de négociations", a déclaré la Commissaire européenne au commerce Cecilia Malmström.

Les responsables ont annoncé ce changement dans la politique de confidentialité aux intéressés le 24 juillet dernier, durant une réunion à Bruxelles lors de laquelle la Commission a expliqué que le document "avait figuré dans les bases de données des parlements nationaux (des États membres, ndlr), ce qui veut dire que "des centaines de personnes ont en réalité un accès non contrôlé".

D'après les responsables, les "salles de lecture" de Bruxelles se sont avérées être une solution parfaite. Les représentants de l'UE n'auront d'autre choix que d'aller dans des salles s'ils veulent prendre connaissance des négociations. Pourtant, il n'y a pas que le TTIP qui dispose de mesures aussi drastiques. Le partenariat transpacifique (TPP), un traité multilatéral de libre-échange, en cours de négociation, ayant pour but l'intégration des économies de la région Asie-Pacifique, possède la même salle de lecture super sécurisée. Robert Smith, invité du podcast Planet Money sur NPR, a expliqué que Washington était fan de secrets bien gardés, mais que même selon les standards de sécurité américains, cela le rendait perplexe :
"Au sous-sol du Capitole US, il y a une salle, une salle fermée à clef et insonorisée et les seul gens qui ont accès à cette salle sont des sénateurs américains et ils ne peuvent pas emmener leurs assistants, ni leurs portables, ils ne peuvent même pas y prendre de notes".
L'invité rappelle qu'il ne s'agit pas de codes pour des armes nucléaires, ni de dossiers de la CIA, ni même de documents qui disent qu'un extraterrestre a atterri à Roswell, mais bien du texte d'un traité. Son étonnement est partagé par d'autres politiciens européens. Ainsi, Norbert Lammert, président du Bundestag allemand, a confié à Correct!v qu'il n'était pas d'accord avec cette décision."Les documents secrets peuvent également être transmis par voie électronique", a-t-il souligné.

Klaus Ernst, un député allemand, membre du Comité économique de Bundestag, a estimé que cette opération était parfaitement inacceptable, et a souligné que la Commission européenne ne représentait plus les pays-membres de l'UE : "la Commission européenne est devenue complètement indépendante alors qu'elle négocie au nom des États-membres".

Pourtant, la Commission a nié que l'accès au texte du TTIP ait été restreint. D'après le Correct!v, la Commission affirme que la salle de lecture n'est qu'une mesure provisoire. "Un système de transmission protégé" sera introduit vers la fin de l'année.



En attendant, la Commission se dit être préoccupée par le fait que des pays plus petits comme Chypre ou l'Autriche "n'aient pas de ressources pour examiner les documents dans la salle de lecture à Bruxelles".