Ils ont tout piétiné, filmé, retourné. Les médias se sont engouffrés, vendredi 4 au matin, dans la maison deSyed Farook et Tashfeen Malik, les auteurs de la fusillade qui a fait 14 morts et 21 blessés, le 2 décembre, dans un centre social de San Bernardino. Quelques heures plus tôt, le FBI avait laissé filtrer que l'épouse avait prêté allégeance au leader d'ISIS Abou Bakr al-Baghdadi, par le biais d'un message Facebook, juste avant l'attaque.

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© Robyn Beck /AFPDes journalistes dans la maison du couple ayant tué 14 personnes, le 4 décembre à San Bernardino.
Dans un contraste saisissant avec la prudence du porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest, qui au même moment continuait à refuser d'employer le mot de « terrorisme » pour qualifier le geste du couple, la maison a été ouverte aux médias. Les cameramen ont profité de ce que Doyle Miller, le propriétaire de la maison, située à Redlands, à quelques kilomètres du lieu de la fusillade, était venu retirer la plaque de contre-plaqué protégeant l'entrée pour se ruer à l'intérieur. La police ne s'est pas interposée.


Commentaire : Lorsqu'une enquête est en cours, la scène du crime ou des endroits suspects pouvant contenir des preuves importantes doivent absolument être fermés au public (et aux médias). Comment se fait-il que dans ce cas on n'ait pas respecté les règles de base strictement nécessaires dans une enquête criminelle sérieuse ?


Les « doudous » examinés

Les cameramen se sont engouffrés, remplissant le petit duplex, où tout était resté intact : vaisselle dans l'évier, jouets, photos. CNN a compté jusqu'à 80 personnes au même moment. Après les journalistes, les voisins sont aussi venus inspecter les lieux, une passante, toujours selon CNN, a été vue avec son chien... Un journaliste s'est permis de réarranger les « doudous » du berceau de la petite fille de Farook et Malik, âgée de six mois, devant lequel il intervenait en direct. Un reporteur de MSNBC a montré la photo du permis de conduire d'une femme, qui s'est trouvé être, non celui de Tafsheen Malik, mais de la mère de Syed.

Les spécialistes de l'antiterrorisme se sont interrogés sur la destruction potentielle de preuves, mais le FBI a répondu qu'il avait fini d'effectuer ses relevés et qu'il avait remis à disposition les lieux au propriétaire. Les caméras ont montré l'appartement ordinaire d'un jeune couple : machine à laver le linge et séchoir, vêtements de femme colorés dans la penderie, ordinateur, ainsi qu'un livre à la couverture verte (probablement un coran) et un ornement islamique au mur. Les médias n'ont quand même pas eu accès au garage, qui, selon le FBI, avait été transformé en véritable « fabrique de bombes » par Syed Farook et Tafsheen Malik.