Guantanamo
Le gouvernement français a demandé au Conseil d'Etat de se prononcer sur la possibilité d'interner de manière préventive dans un centre dédié des personnes fichées "S" par la DGSI. L'information a vivement fait réagir les journaux italiens.

"C'est un projet passé presque en sourdine, mais qui risque d'ouvrir une nouvelle polémique dans la France frappée par deux fois en moins d'un an par le terrorisme islamiste",
écrit La Repubblica.

Le journal de Rome réagit à une information diffusée le 9 décembre par Le Monde : le ministère de l'Intérieur a demandé au Conseil d'Etat, début décembre, d'examiner la possibilité de recourir à l'internement préventif de personnes qui font l'objet d'une fiche "S", dans un centre dédié. Bref, "un Guantánamo à la française, résume Il Giornale. Un centre d'internement pour des milliers de suspects d'islamisme pas encore condamnés."

"Ces centres de détention pour djihadistes présumés seraient une première en Europe, l'unique précédent en Occident étant Guantánamo", reprend La Repubblica. A la différence qu'ici la détention préventive serait validée par des magistrats administratifs plutôt que par un tribunal militaire, et qu'il pourrait s'agir de ressortissants français, tandis que le pénitencier américain - créé après les attentats du 11 septembre 2001 - ne concerne que les étrangers.

Quelque 20 000 personnes sont fichées "S" - sous surveillance car considérées comme potentiellement menaçantes pour la sûreté de l'Etat - par la DGSI [Direction générale de la Sécurité Intérieure, service de renseignement du ministère de l'Intérieur], dont la moitié pour radicalisation islamiste. L'autre moitié concerne des membres d'autres mouvements considérés comme terroristes (le PKK ou la branche armée du Hezbollah), des hooligans, et des éléments violents de l'extrême droite ou de l'extrême gauche, rappelle encore le quotidien italien qui s'inquiète :
Ce n'est qu'une des nombreuses propositions de réforme étudiées par l'exécutif dans le cadre de l'état d'urgence déclaré le 13 novembre, mais c'est sans doute la plus choquante pour la patrie des droits de l'homme".