Des pierres contre des gaz lacrymogènes. Plusieurs centaines de migrants ont tenté lundi de passer en force la frontière entre la Grèce et la Macédoine, avant d'être repoussés à coups de gaz lacrymogènes, illustrant les tensions autour de la fermeture des frontières, un sujet qui divise l'Union européenne, notamment l'Autriche et la Grèce. La chancelière Merkel a pris fait et cause pour Athènes.

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© GoogleDes milliers de réfugiés bloqués en Grèce
Plus de 7.000 migrants et réfugiés restaient bloqués lundi au poste grec d'Idomeni après des restrictions imposées par la Macédoine, C'est quatre fois plus élevé que la capacité des deux camps de la localité et de nombreuses personnes doivent dormir dans les champs. Après l'Autriche, premier pays à avoir imposé des quotas journaliers, la Croatie, la Slovénie, membres de l'UE, ainsi que la Macédoine et la Serbie ont décidé à leur tour la semaine dernière de limiter le nombre de migrants autorisés sur leurs territoires, provoquant des protestations d'Athènes.



La situation risque de devenir critique. Athènes a prévenu qu'entre 50.000 et 70.000 personnes risquaient d'être bloquées dans le pays en mars contre 22 000 actuellement.

Merkel tance l'Autriche

La chancelière Angela Merkel a regretté dimanche la décision «unilatérale» de l'Autriche, prise avant une réunion ministérielle européenne jeudi dernier à Bruxelles. «Pouvez-vous sérieusement croire que les pays de (la zone) Euro ont combattu jusqu'au bout pour que la Grèce reste dans l'Euro (...) pour qu'un an plus tard, au final, on laisse pour ainsi dire la Grèce plonger dans le chaos?», a lancé la chancelière allemande sur la chaîne publique ARD. «Mon foutu devoir et mon obligation est que cette Europe trouve un chemin commun», a lâché avec une verve inhabituelle Angela Merkel soulignant être en contact régulier avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras.

«L'Autriche n'a de leçon à recevoir de personne» a répliqué la ministre de l'Intérieur autrichienne, Johanna Mikl-Leitner, rappelant que c'est l'Allemagne qui, sans l'afficher, a commencé dès décembre à filtrer les migrants à sa frontière autrichienne.

A Genève, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a dénoncé le «discours de haine» de certains dirigeants, déplorant que les migrants, déjà traumatisés par les «atrocités» commises dans leur pays, doivent en outre affronter, à leur arrivée en Europe, une «xénophobie» croissante. Vendredi, le secrétaire général des Nations Uniesavait dénoncé les restrictions imposées dans les Balkans.

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© AFP/Alexandros Avramidis
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Un plan d'urgence pour la Grèce

Une porte-parole de la Commission européenne, a annoncé lundi qu'«un plan d'urgence était en train d'être élaborer pour aider la Grèce» ainsi que d'autres pays de l'Europe de l'ouest «afin de prévenir une éventuelle crise humanitaire». A Athènes, une réunion extraordinaire avait lieu lundi après-midi entre le ministère de l'Intérieur et l'Union des mairies du pays (Kede) pour gérer le problème d'infrastructures d'accueil. Outre les centres de tri et d'enregistrement (hotspots) installés sur les îles grecques, deux camps d'accueil ont récemment été inaugurés en Grèce continentale, d'une capacité de 2.000 personnes chacun actuellement. D'anciens sites olympiques à Hellinikon, banlieue sud d'Athènes, ont également été mis à la disposition de migrants.