Après l'extrait sur les farceurs cosmiques, un autre passage de l'ouvrage de John A. Keel, Operation Trojan Horse.

Traduction : Maat

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Le petit mystère amusant des ovnis évolue lentement en une série complexe de coïncidences et de paradoxes à mesure que l'on se plonge de plus en plus profondément dans les données, sans rien exclure et en les considérant toutes aussi objectivement que possible.

Nos cieux ont été remplis de « Chevaux de Troie » au cours de l'histoire, et comme le Cheval de Troie originel, ils semblent dissimuler une intention hostile. Plusieurs faits solides sont maintenant apparents : les objets ont toujours choisi d'opérer d'une manière clandestine, choisissant pour leurs activités énigmatiques les heures obscures au-dessus de régions peu peuplées où la possibilité d'être repérés est faible. Peut-être choisissent-ils de rester à l'écart ou peut-être sont-ils impliqués dans les préparatifs à long-terme d'une prise de pouvoir manifeste de notre planète à un certain moment dans l'avenir. Cette théorie de l'hostilité est de plus soutenue par le fait que les objets choisissent le plus souvent d'apparaître sous des formes que nous pouvons volontiers accepter et expliquer à notre propre satisfaction, allant des dirigeables aux météores en passant par des avions d'apparence conventionnelle. Nous (les ufologues) n'avons vraiment fait attention qu'aux excentriques : les objets à configuration inhabituelle. Ils constituent indubitablement une minorité, et probablement une minorité trompeuse, de tous les objets paraphysiques qui vont et viennent dans notre atmosphère. En d'autres termes, les soucoupes volantes ne sont pas du tout ce que nous avons espéré qu'elles étaient. Elles font partie de quelque chose d'autre.

J'appelle ce quelque chose d'autre : Opération Cheval de Troie.

Ceux qui étudient les ovnis et qui n'ont fait qu'un examen superficiel des données historiques, ont conclu que quand les anciens avaient rencontré des soucoupes volantes ou des « visiteurs extraterrestres », ils avaient présumé que les phénomènes étaient d'origine religieuse. Cependant, quand vous creusez vraiment la littérature antique, il devient clair que les ultraterrestres ont délibérément donné cette impression tout comme le mystérieux inventeur a tenté de créer un cadre de référence acceptable pour la vague de 1896-97.

Le phénomène se met constamment à notre portée en créant des cadres de référence que nous pouvons comprendre et accepter. Puis, à chaque fois que l'on voit quelque chose d'inhabituel dans le ciel, on l'accepte dans le domaine de ce cadre de référence et on l'appelle météore, avion, ange ou visiteur du cosmos. La première étape pour comprendre les ovnis est de se débarrasser de tous cadres de référence et d'essayer de voir le phénomène comme un tout.

Nos premières religions et archives occultes décrivent et définissent pleinement l'Opération Cheval de Troie. On nous a dit au cours de l'histoire que des ultraterrestres, ou des non-humains supérieurs d'apparence humaine, avaient été « désignés » pour marcher parmi nous. Dans la Bible par exemple, le prophète Zacharie déclare que nous avons été visités par des anges le 24 mai (vers 520 av. J.C) et que :
Je regardai pendant la nuit, et voici, un homme était monté sur un cheval roux, et se tenait parmi des myrtes dans un lieu ombragé; il y avait derrière lui des chevaux roux, fauves, et blancs.

Je dis: Qui sont ces chevaux, mon seigneur? Et l'ange qui parlait avec moi me dit: Je te ferai voir qui sont ces chevaux.

L'homme qui se tenait parmi les myrtes prit la parole et dit: Ce sont ceux que l'Éternel a envoyés pour parcourir la terre. (Zacharie 1:7-10)
Plus loin, Zacharie décrit comment il vit un objet en forme de cylindre dans le ciel et l'« ange » l'informa que : « C'est la malédiction qui se répand sur tout le pays » (Zacharie 5:1-4). L'« ange » poursuivit en décrivant comment ces objets espionnent littéralement chaque être humain.

Jusqu'à 1848, le cadre de référence religieux fut constamment utilisé par le phénomène. Mais quand la technologie humaine s'améliora et que nos vieilles croyances furent abandonnées, le phénomène fut obligé d'actualiser ses manifestations et d'établir de nouveaux cadres de référence. Les armées fantômes et les anges si fréquemment rapportés dans le passé furent remplacés par des métamorphoses qui semblaient correspondre aux propres prouesses technologiques de l'homme. Si d'énormes avions multimoteurs de type scandinave de 1934 étaient apparus au-dessus de San Francisco en 1896, ils auraient créé un remue-ménage bien plus important que les dirigeables patauds qui furent utilisés lors de cette vague. En 1909, quand l'homme apprît à construire et piloter des machines primitives, alors les nouvelles métamorphoses de l'Opération Cheval de Troie prirent la forme de biplans et survolèrent attentivement les régions où les nombreux objets « légers » s'affairaient à leurs mystérieuses entreprises.

Encore plus tard, quand la source de l'Opération Cheval de Troie jugea nécessaire de déployer des « excentriques » au-dessus de la Scandinavie en 1934, des avions volèrent soigneusement à basse altitude au-dessus des villages éloignés et peu peuplés de sorte que les gens puissent les voir clairement et avoir un cadre de référence avec lequel ils pourraient expliquer les nombreuses lumières et faisceaux étranges dans le ciel. Comme avec les vagues précédentes, la vraie nature du phénomène nous fut soigneusement dissimulée.

Lors de la Seconde Guerre Mondiale, et immédiatement après, les cieux du monde furent encombrés de toutes sortes d'appareils créés par l'homme, allant des hélicoptères aux dirigeables souples. Bien que des milliers d'ovnis furent remarqués et rapportés, de nombreux milliers d'autres ne le furent probablement pas. On supposa que les objets en forme de cigares étaient des dirigeables souples de chasse. D'étranges « excentriques » furent considérés comme des tests d'armes secrètes.

La cessation des hostilités donna à la source ovni un nouveau mal de crâne. Quand, pour quelque raison, il devint nécessaire de revisiter la Scandinavie en 1946, ce fut presque l'hystérie. On pensa que les objets étaient des fusées russes. Le monde était sur les nerfs et la Guerre Froide prenait juste forme. Si les métamorphoses fusées-fantômes avaient été utilisées dans d'autres parties du monde, ils auraient été même possible qu'elles eussent précipité une nouvelle guerre. Un nouveau cadre de référence était donc nécessaire.

Nous étions maintenant technologiquement avancés au point où certains d'entre nous, tout du moins, étaient prêts à considérer et accepter l'existence éventuelle d'une « intelligence supérieure à la technologie avancée ». Nous étions une phase préparatoire au mythe moderne des visiteurs extraterrestres.

Démarrant en 1947, le grand cadre de référence de la « soucoupe volante » fut soigneusement mis sur pied par une longue série d'incidents et de contacts spectaculaires. La structure entière de ces événements suit minutieusement les patterns psychologiques propres aux vagues précédentes. Nous n'observions ni plus - et ni moins - d'objets aériens anormaux en 1947 qu'il n'en avait été vus en 1847. Nous les considérions simplement d'une nouvelle façon. Un nouveau tour nous était joué.

Des petits groupes de croyants surgirent rapidement, même si personne ne s'embêta à collecter et étudier les centaines de rapports d'ovnis de juin-juillet 1947 pour y chercher objectivement les patterns cachés. Ces croyants acceptèrent immédiatement l'hypothèse extraterrestre et ils passèrent les 20 années suivantes à soutenir cette idée. Leurs recherches suivirent une ligne singulière : ils œuvrèrent pour prouver la fiabilité des témoins. Cela signifiait que si un officier de police ou un pilote observait de loin un objet inhabituel, son témoignage primait par rapport à celui d'une femme au foyer ordinaire qui en avait vu un atterrir dans son propre jardin. Certains de ces cultes devinrent obsédés par la recherche de preuves physiques. Mais leurs critères de preuve étaient très stricts. Une telle preuve devait être non-terrestre. Mais c'était un cercle vicieux. Si un bout de métal tombait d'un ovni et s'avérait être de l'aluminium ordinaire, il était rejeté. S'il avérait être constitué d'un alliage curieux non identifié, cela ne prouvait toujours rien à moins que la source puisse aussi être avérée.

Un nouveau jeu émergea : le jeu de l'artefact ou de la quincaillerie. Ce jeu est bien connu dans le folklore irlandais. Le phénomène nous a toujours fait l'obligeance de semer de fausses preuves partout dans le paysage.

Les adeptes des ovnis se sont enfermés eux-mêmes dans une situation sans espoir presque depuis le début. Si les ovnis étaient réellement le produit d'une civilisation extraterrestre supérieure, alors la preuve ultime ne pourrait venir que de l'une de ces deux façons :

1. Une soucoupe volante devrait faire une erreur et s'écraser ou être interceptée. Alors nous aurions la preuve absolue qu'elle a existé et provenait d'une technologie supérieure. Depuis 1947, il y a eu de nombreuses rumeurs de tels crashs. Un contacté a raconté à l'auteur Frank Scully qu'un tel crash s'était produit dans le sud-ouest en 1948 et que l'Air Force avait récupéré l'objet avec des corps de petits humanoïdes. Il publia ce ouï-dire qui devint un mythe ufologique majeur. L'Air Force reçoit toujours des lettres de gens qui demandent s'il est vrai que ces corps sont conservés dans un bocal quelque part dans les archives de l'AF.

2. Les ufonautes doivent eux-mêmes fournir la preuve ultime en atterrissant dans un lieu public devant de nombreux témoins et en entrant en communication directe avec les chefs d'état. Il y a eu de nombreux soi-disant atterrissages mais, comme pour les atterrissages de 1897, tous ceux-ci se sont déroulés dans des endroits retirés avec un minimum de témoins. Le but apparent de la plupart de ces atterrissages semble d'avoir été de faire progresser la croyance au cadre de référence, pas de fournir une preuve absolue que ce cadre de référence est authentique.

Après 20 ans de ce jeu, il ne semble pas trop probable qu'une telle preuve viendra jamais. Aussi, nous devons nous contenter de l'examen des preuves physiques réelles qui ont été produites sur les sites d'ovni partout dans le monde. En apparence, nombre de ces cas semblent complètement absurdes jusqu'à ce que nous cherchions des corrélations dans d'autres dossiers oubliés. Mon propre critère est assez simple : si des événements similaires se produisent dans différentes parties du monde et qu'ils produisent des détails ou des substances physiques semblables, alors je pense qu'il est hautement improbable que les témoins d'un événement aient pu entendre parler des autres et aient pu concocter des canulars identiques. Au lieu de cela, ils ont été victimes du jeu de l'artefact.

Source : Operation Trojan Horse - John A. Keel - 1970 - p 167-171