A bientôt 101 ans, Robert Marchand vise vendredi, à 12h15, sur le vélodrome de Lyon, le titre de centenaire le plus rapide sur 100 km à vélo.

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© AFPle 17 février 2012 à Aigle en Suisse du cycliste Robert Marchand posant aux côtés de sa petite nièce Maude Jurez

C'est sur le vélodrome de Lyon, au coeur du Parc de la Tête d'or que Robert Marchand, 101 ans, tentera vendredi de signer son second record en cyclisme sur piste dans la catégorie des plus de 100 ans. Une catégorie spécialement créée pour lui en février, quand il a établi le record de l'heure en parcourant 24,251 km en Suisse.

« Le stade fait 333 mètres de tour, il faut que je fasse 300 tours, sur une piste en ciment et en plein-air. Le tout, c'est d'éviter la chute », analyse le plus vieux participant de l'Ardéchoise, à laquelle il a participé en juin dernier.

Il a couru huit Bordeaux-Paris, quatre Paris-Roubaix, douze Ardéchoise. "Mais je ne veux pas qu'on me traite comme un phénomène».
« Ma meilleure course, c'est la Marmotte. La plus difficile: quatre cols jusqu'à l'Alpe d'Huez. Je l'ai faite trois fois », souligne-t-il fièrement.
« Des médailles, j'en ai des caisses pleines dans ma cave. Je ne sais pas ce que je vais faire de tout ça » dit-il, en sortant une pleine poignée d'un tiroir qu'il referme d'un coup de pied sec.

« Ce ne sont pas les records qui l'intéressent. Ce qu'il veut, c'est être sur un vélo », déclare Pierre Mollet, un ami qui l'accompagne.
Ce petit bout d'homme d'1,52m, 51 kilos, né à Amiens le 26 novembre 1911, l'année où Gustave Garrigou a remporté le Tour de France, se montre bavard et excité, racontant un siècle d'anecdotes sportives.

Mon secret pour garder la forme ? M'entraîner.

Il a gardé toutes les preuves de ses exploits, se déplaçant à petits pas entre les trophées et les photos où il pose aux côtés de Jeannie Longo, Bernard Hinault, des livres sur ses idoles Jacques Micaud, Michel Bechet, «le premier cycliste à avoir couru 100 km en moins de trois heures!», et un téléviseur, qui reste obstinément éteint.

« Mon secret pour garder la forme ? M'entraîner. Une fois qu'on reste dans son fauteuil coincé devant la télé, on est foutu », dit-il.
« Le dopage, je ne connais pas. J'ai bien essayé les boissons énergétiques, ça m'a donné un mal de chien à l'estomac. De l'eau et un peu de miel, c'est tout ce qu'il me faut », avoue-t-il.

Tous les jours, Robert Marchand court 30 km sur les pistes près de Roissy. En hiver, il fait de la corde à sauter, dans son appartement.
« Il y a encore 15 ans, je faisais 15000 km par an. Aujourd'hui, je n'en fais plus que 7000 », dit-il.

Le virus, il le tient de son père : «Il m'emmenait voir les courses au Vel' d'Hiv', mais à l'époque, on n'avait pas l'argent pour acheter un vélo».
Deux guerres, huit années passées au Venezuela d'où il partira précipitamment soupçonné de trafic d'armes dans un climat politique tendu, Robert Marchand a rejoint un temps les « Français de l'autre bord » partis s'exiler au Canada après 1945, avant de rentrer en France.

Tour à tour maraîcher, vendeur de chaussures et marchand de vin, il s'achète son premier vélo en 1978. « Ca fait 34 ans que je pédale, en France, en Angleterre, Belgique, Russie, Espagne ... » énumère-t-il. "