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© AFP / Damien MeyerPhoto des barrières qui bloquent l'accès à la plage de Morieux, près de Saint Brieuc, interdite au public en raison de la présence d'algues vertes, le 24 juillet 2011.
Huit sangliers, trois femelles et cinq marcassins, ont été retrouvés morts hier matin, près de la plage Saint-Maurice, à Morieux (22). Toute la zone est désormais interdite au public. Et certains dénoncent les algues vertes. A la mi-juillet déjà, deux marcassins avaient été retrouvés morts au même endroit... L'association Eau & Rivières réclame des analyses toxicologiques.

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Pourquoi des sangliers meurent-ils, à Morieux, sur la plage Saint-Maurice, et à proximité immédiate, à l'embouchure du Gouessant qui se jette à cet endroit dans la Manche ? Depuis hier, la thèse d'une cause naturelle apparaît peu probable. Car hier matin, pas moins de huit cadavres, trois laies et cinq marcassins, ont été retrouvés, dans l'estuaire de la rivière, entre le Pont Rolland et la plage Saint-Maurice.

Un maire désemparé

«Je n'ai aucune information à donner pour le moment. Je n'ai pas envie qu'on fasse des amalgames avec la dernière fois», déclarait Jean-Pierre Briens, le maire de Morieux, peu avant midi, alors qu'il était venu sur place afficher un nouvel arrêté d'interdiction au public de la zone, concernant cette fois toute la plage et le sentier de randonnée reliant le Pont Rolland au parking de Saint-Maurice.

La dernière fois, c'était le 7 juillet. Ce jour-là, deux marcassins sont retrouvés morts sur le sable, non loin de la partie de la plage qui sera interdite d'accès le lendemain, en raison d'un taux d'hydrogène sulfuré important qui était encore, le 13 juillet, de 67 ppm (particules par million). Pourtant, le lendemain, Rémi Thuau, le préfet des Côtes-d'Armor, est formel. Résultats de l'autopsie réalisée par le Laboratoire de développement et d'analyses des Côtes-d'Armor à l'appui, il affirme que les deux animaux sont morts par étouffement, dû à la présence de vase dans leurs voies aériennes supérieures, et non asphyxiés par le gaz mortel qui se dégage des algues vertes en décomposition.

Des vases chargées en hydrogène sulfuré

Une thèse que les associations de lutte contre les algues vertes mettent en doute quelques jours plus tard, par la voie d'un communiqué de presse. Hier, le service de communication interministérielle de la préfecture des Côtes-d'Armor a indiqué que des prélèvements d'eau du Gouessant avaient été effectués par les services spécialisés du Sdis, là où se sont abreuvés les animaux, c'est-à-dire à 400 mètres de l'endroit où avaient été retrouvés les deux marcassins, le 7 juillet.

Ces prélèvements seront analysés ce matin par le laboratoire de développement et d'analyses des Côtes-d'Armor qui autopsiera aussi les huit cadavres de sangliers. Sans attendre les résultats de ces examens, André Ollivro, président de l'association Sauvegarde du Penthièvre, affirme que «de toute façon, c'est la pollution» qui est à l'origine de ces morts, en rappelant que le Gouessant est l'une des rivières costarmoricaines les moins sûres sur le plan sanitaire, du fait de la présence de nombreux élevages industriels sur ses rives. «Et cette eau, non épurée, facilite la prolifération des algues vertes».
Pour Yves-Marie Le Lay, président de l'association Sauvegarde du Trégor, c'est bien une cause externe qu'il faut rechercher. «Les vases, qui sont constituées par la décomposition des algues vertes, sont chargées d'hydrogène sulfuré. Il suffit que les sangliers creusent un peu pour être exposés à des taux mortels de 1.000 ppm. Le7juillet dernier, dans les vases de Trédrez-Locquémeau, j'ai relevé un taux de 998 ppm.»