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© flickr – Scjody / Tula 7755
Au Japon, la sortie de crise est encore loin. Alors qu'un séisme de magnitude 6 sur l'échelle de Richter a de nouveau secoué la préfecture de Fukushima la nuit dernière, et que l'exploitant TEPCO (Tokyo Electric Power COmpany) peine à mener son opération de décontamination des eaux radioactives, Tokyo doit faire face à une crise alimentaire sans précédent. Outre la viande bovine et le riz contaminés, l'ONG Greenpeace pointe du doigt les niveaux de radioactivité relevés dans les fruits de mer pêchés au large des côtes nippones.

On le craignait et il semblerait que cela soit avéré : une équipe d'experts de Greenpeace envoyée sur le terrain le mois dernier, a fait part de nouvelles constatations alarmantes. Après avoir, avec les pêcheurs locaux, effectué des prélèvements sur des fruits de mer, des laboratoires français - l'ACRO (Association pour le Contrôle Radioactivité dans l'Ouest) et la CRIIRAD (Commission de Recherche et d'Information Indépendantes sur la Radioactivité) - ont détecté des niveaux de radioactivité particulièrement élevés dans un certain nombre d'échantillons. Greenpeace a donc réclamé au gouvernement un étiquetage immédiat des produits de la mer précisant pour chacun, les taux de radioactivité afin d'informer la population des risques encourus. Une urgence selon l'ONG qui signale que la saison de pêche au chalut est sur le point de débuter sur les côtes de Fukushima et d'Ibaraki. D'autant que pour l'heure, contrairement à la viande bovine, aucune loi n'est en vigueur pour tracer l'origine des crustacés pêchés. Un vide légal qui pourrait bien être responsable, dans les mois à venir, d'une véritable panique sur les marchés nationaux. Mais pour l'heure Tokyo a gardé le silence...

Mais si le gouvernement nippon, qui a été récemment accusé de désinformation, reste encore discret quant aux risques encourus par la population, une carte un peu particulière pourrait bien changer la donne. L'organisme bénévole SafeCast qui aide les personnes touchées par le séisme et le tsunami du 11 mars dernier, a publié une carte du Japon sur laquelle figure plus de 500 000 mesures de rayonnement prises sur tout le territoire. Par exemple, à la centrale de Fukushima, le taux de radioactivité dans l'air s'établit, à l'heure où nous écrivons ces lignes, à 5,188 microsieverts par heure, un chiffre a priori très faible. Là-bas, l'heure est d'ailleurs toujours à la décontamination des eaux hautement radioactives. Si les opérations ont connu quelques ralentissements d'ordre techniques, l'équipement fonctionnerait actuellement à 77,4% de ses capacités. TEPCO a également annoncé la construction d'une chape de protection au-dessus du réacteur n°1 de la centrale de Fukushima. Fabriquée en polyéther et haute de cinquante quatre mètres, elle devrait permettre d'empêcher toute substance radioactive de se propager dans l'air.

Le Premier ministre nippon, Naoto Kan, devrait quant à lui quitter son poste d'ici la fin du mois. Son successeur devra alors à son tour faire face à l'urgence de la situation. En effet, cinq mois après la catastrophe, le Japon peine à faire face aux dramatiques conséquences de la catastrophe.