Il faudra au moins 40 ans pour démanteler la centrale nucléaire accidentée de Fukushima et nettoyer le site, selon le calendrier prévisionnel des travaux présenté mercredi par le gouvernement japonais.

C'est un projet « sans précédent » dont le calendrier n'est « pas totalement prévisible », a reconnu Goshi Hosono, ministre de l'Environnement responsable de la gestion de la crise à Fukushima, au nord-est du Japon. La centrale a été accidentée lors du tsunami dévastateur du 11 mars dernier, et le combustible de trois réacteurs a fondu à la suite d'une panne des systèmes de refroidissement, provoquant le plus grave accident nucléaire depuis Tchernobyl en 1986.

Selon le gouvernement, la centrale est désormais stabilisée et se trouve dans les conditions d'un « arrêt à froid » : la température dans les cuves des réacteurs est aujourd'hui de façon permanente en dessous des 100 degrés Celsius, à 70 degrés.

Les travaux de démantèlement de la centrale et de sécurisation du site dévasté se feront en plusieurs étapes. Les techniciens de la Tokyo Electric Power Company (TEPCO), l'exploitant de la centrale, commenceront à retirer d'ici deux ans les barres de combustible usé reposant actuellement dans des piscines, à l'étage supérieur de chaque bâtiment abritant les réacteurs.

Quand ces travaux seront terminés, l'extraction du combustible fondu pourra commencer, un travail qui prendra au moins 25 ans, soit deux fois plus qu'à la centrale américaine de Three Mile Island, où le réacteur N.2 avait partiellement fondu en 1979.

À Fukushima-Daiichi (Fukushima 1), on ne connaît pas aujourd'hui la localisation, l'état et la température exacts du corium, le magma métallique résultant de la fusion. Une partie, voire la totalité de ce magma, s'est peut-être déposée sur le plancher en béton de l'enceinte de confinement, sous les cuves. Ce corium est composé du combustible nucléaire, de morceaux des barres d'assemblage et d'autres éléments du coeur avec lequel il est entré en contact, à des températures dépassant 2500 degrés Celsius.

Au moins dix années supplémentaires seront nécessaires pour démanteler complètement la centrale après avoir enlevé tous les débris. Le processus complet devrait durer une quarantaine d'années et ne devrait pas être terminé avant 2051, selon les prévisions du gouvernement japonais.

Il faudra mettre au point des techniques inédites et des robots commandés à distance, en raison des niveaux de radioactivité extrêmement élevés dans les bâtiments des réacteurs. Selon des responsables japonais, ces robots devraient être disponibles d'ici 2013 et les travaux de décontamination des réacteurs pourraient débuter en 2014.

Le coût total de ces travaux n'a pas été précisé dans l'immédiat, mais le gouvernement japonais a assuré qu'il n'y aurait pas de retards pour des raisons de budget. Mais, selon des experts, la centrale située à 140 km au nord-est de Tokyo reste vulnérable à des séismes et tsunamis catastrophiques.

Un des principaux problèmes, non totalement pris en compte dans le calendrier prévisionnel, concerne le stockage des énormes quantités de déchets radioactifs de la centrale. « Nous devons encore déterminer ce que nous allons en faire » et mettre au point de nouvelles technologies de décontamination, admet Koichi Noda, un responsable du ministère de l'Industrie et du Commerce chargé de Fukushima.

Le ministre de l'Industrie, Yukio Edano, est conscient que tout cela ne sera peut-être pas terminé de son vivant. En tout cas, promet-il, « j'en assumerai personnellement la responsabilité, tant que je serai en vie ».