Une vidéo de brutalité policière fait, en ce moment, le tour des réseaux sociaux grecs. On y voit des policiers casqués, assistés de badauds en survêtement, qui passent à tabac un immigré d'origine asiatique. Une scène qui rappelle davantage une agression de voyous qu'une intervention policière. L'incident s'est déroulé dans la nuit du 3 au 4 janvier dernier, place Amerikis, dans le centre d'Athènes, mais l'information n'est sortie que récemment à la faveur de la publication d'une vidéo sur Internet.

On y voit un homme qui se fait tabasser par des policiers casqués (membres de la brigade motorisée), aidés par des voisins. On voit ensuite des policiers accompagner l'homme vers leur voiture, toujours en le rouant de coups. Le tout sous le regard de quelques badauds... La Grèce est l'une des principales portes d'entrée de l'Union européenne pour les migrants d'Afrique et d'Asie. Avec la crise et la montée du chômage, les ONG de défense des droits de l'Homme dénoncent une recrudescence des agressions subies par les migrants, afghans et pakistanais notamment, pris pour cible - entre autres - par des groupuscules d'extrême droite qui les accusent de voler le travail des Grecs. Le parti ouvertement xénophobe Aube dorée, qui dit vouloir mettre tous les étrangers hors du pays, a remporté 21 sièges lors des élections législatives du 6 mai dernier.

Nikos Soulis, réalisateur de films et documentaires, a filmé cette vidéo en janvier, mais il ne l'a publiée sur Internet qu'en avril.
J'étais chez moi quand j'ai entendu des gens crier dehors. Depuis trois ans, je suis témoin de scènes de violences dans mon quartier. Alors, cette fois, j'ai décidé de prendre ma caméra, d'autant plus que je travaillais sur le sujet des réfugiés à cette époque. Il s'agissait d'un homme d'origine asiatique que la police était en train d'arrêter... avec l'aide des voisins. Le type essayait de mettre le feu à une poubelle. Mais même après l'avoir menotté, ils continuaient à le frapper. "Ils", ce sont les policiers et les voisins, ensemble. Je suis allé au commissariat pour témoigner de ce que j'avais vu. Les policiers m'ont dit que leurs collègues allaient être identifiés et qu'ils seraient rapidement punis [à la suite de la publication de cette vidéo en avril dernier, la police a affirmé qu'elle allait ouvrir une enquête administrative, NDLR]. Quand j'ai publié la vidéo, j'ai reçu plein de messages d'insultes sur mon blog. La plupart de la part de sympathisants du parti Aube dorée. Des personnes ont même tenté de rentrer chez moi en se faisant passer pour des policiers, pour me faire peur. Je suis retourné au commissariat pour demander à être protégé. Mais je soupçonne les policiers de voter à 50 % pour Aube dorée... Aujourd'hui, je fais profil bas dans mon quartier et je ne rentre jamais seul chez moi.