Dépassé par l'arrivée de demandeurs d'asile, la Suède a pris la décision de rétablir les contrôles d'identité de tous les passagers voulant emprunter le pont de l'Öresund, entre le royaume et le Danemark.

C'est une première depuis les années 50. En vigueur depuis minuit dans la gare danoise de Kastrup, dans l'aéroport de Copenhague, d'où partent les trains traversant le pont de l'Öresund vers la Suède, la mesure est de la responsabilité des transporteurs, qui risquent une importante amende s'ils n'appliquent pas la mesure.

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Derrière ce rétablissement des contrôles d'identité, la volonté de la Suède de prévenir l'immigration clandestine. La Suède, qui compte plus de 20% de résidents d'origine étrangère, avait jusqu'ici ouvert grand sa porte aux réfugiés en accueillant 160 000 personnes cette année et 170 000 l'an prochain.


Mais l'Office des migrations, chargé de l'accueil des réfugiés, s'est retrouvé dépassé et a demandé au gouvernement d'intervenir. « Cela me fait de la peine, mais nous ne sommes plus capables de recevoir un tel nombre de demandeurs d'asile », avait déploré le Premier ministre Stefan Löfven. « Nous ne pouvons simplement pas faire plus... »

« Je crois que ces contrôles d'identité seront efficaces. Un plus grand nombre de migrants devront demander l'asile dans d'autres pays », a assuré le ministre de l'Immigration, Morgan Johansson, lors de l'annonce de ces contrôles, le 17 décembre dernier. Déjà, le 12 novembre dernier, la Suède avait rétabli des contrôles à la frontière, mais ces derniers restaient très aléatoires.

Avec ce renforcement des contrôles, et le refoulement systématique des migrants sans papiers d'identité, la Suède espère surtout forcer ces derniers à déposer des demandes d'asile dans les pays voisins. D'ailleurs, depuis la mise en place des contrôles en novembre, le nombre quotidien de demandes d'asile est tombé de 1 500 à environ 1 200. De quoi irriter le voisin danois, qui a peur d'hériter de la majorité de ces demandeurs d'asile qui ne peuvent plus accéder à la Suède. Le Danemark, qui n'a reçu cette année que 18 000 demandes d'asile craint que les migrants refoulés par la Suède ne restent sur son sol.

De même, les relations quotidiennes entre les deux pays risquent d'être perturbées par ce rétablissement des contrôles d'identité. Les trains seront ainsi moins nombreux et des retards de 10 à 50 minutes sont prévus par rapport aux horaires habituels. Le tout alors que 8600 personnes font la navette tous les jours entre Copenhague et la troisième ville suédoise, Malmö, située de l'autre côté du pont de l'Öresund.

Une clôture de deux mètres de haut et plusieurs centaines de mètres de long a par ailleurs été érigée en gare de Kastrup pour empêcher les migrants refoulés de se précipiter vers les trains en partance pour la Suède. « C'est comme si on construisait un mur de Berlin », s'est indigné Michael Randropp, porte-parole d'une association d'usagers du pont de l'Öresund, cité dimanche par le quotidien suédois Dagens Nyheter.