Ellen Bialystok, chercheur en neurosciences cognitives, a passé 40 ans à étudier les effets du bilinguisme. Elle explique qu'il apporte bien plus de bienfaits que la seule maitrise de deux langues : c'est un véritable entraînement du cerveau, qui l'amène à optimiser l'exploitation de ses ressources.

Elle explique que lorsque l'on demande à un enfant monolingue de cinq ans si la phrase « les pommes poussent sur les nez » est grammaticalement correcte, il est en général perdu, parce que l'illogisme de la phrase l'empêche d'aller plus loin dans son analyse. Mais un enfant bilingue du même âge est capable de dire que la phrase, bien qu'absurde, est grammaticalement correcte.

Les deux langues se présentent à chaque fois que le bilingue veut dire quelque chose, et son système de contrôle exécutif doit déterminer ce qui est adéquat en fonction de la situation. Les personnes bilingues utilisent davantage ce système que les autres, et donc en améliorent l'efficacité.

Mais cela va plus loin : elles vieillissent mieux que les monolingues. Leurs fonctions cognitives résistent mieux au vieillissement. En particulier, des recherches effectuées sur 400 patients de la maladie d'Alzheimer ont démontré que les symptômes de celle-ci surviennent typiquement cinq à six ans plus tard chez les personnes bilingues par rapport aux monolingues. Les malades bilingues étaient capables de continuer à fonctionner à un meilleur niveau, et résistaient plus longtemps.

Les personnes bilingues sont également plus facilement « multitâches » que les autres, et sont plus rapides, même sur des tâches non-verbales. Le bilinguisme semble créer de nouvelles passerelles dans le cerveau. Les bilingues utilisent un réseau cérébral différent, qui implique le centre du langage, même pour résoudre des problèmes non-verbaux.