moustique
© PATRICK LEFEVRE / MAXPPPDes biologistes ont dévouvert que l'ajout de savon de Marseille rendait certains insecticides plus efficaces contre les moustiques, vecteurs du paludisme.
Des chercheurs ont découvert par hasard que l'ajout de savon de Marseille à certains insecticides permettait d'augmenter leur efficacité face à des moustiques de plus en plus résistants. Une découverte prometteuse pour lutter contre le palaudisme.

Excellent nettoyant, dégraissant et détachant, le savon de Marseille serait-il aussi une arme fatale contre les moustiques, vecteurs du paludisme ? Cette découverte étonnante a été révélée dans une étude parue le 17 novembre dans Maladies tropicales négligées par le PLOS par des chercheurs de l'Université du Texas, à El Paso.

Sauver des vies avec du savon de cuisine
« Au cours des deux dernières décennies, les moustiques sont devenus fortement résistants à la plupart des insecticides, a expliqué Colince Kamdem, Ph.D., professeur adjoint au Département des sciences biologiques de l'UTEP, dans un article publié par l'université. C'est maintenant une course pour développer des composés alternatifs avec de nouveaux modes d'action ».
L'équipe du professeur Kamdem vient de faire un grand pas dans cette direction. Avec une solution simple, peu couteuse et accessible à tous. Qui pourrait sauver des millions de vies. Les chercheurs de l'université texane ont découvert que la mortalité des moustiques augmentait avec l'ajout de savon liquide à certains insecticides, des néonicotinoïdes.

Trois savons de cuisine à base d'huile de lin bon marché, très répandus en Afrique subsaharienne, ont été ajoutés : Maître Savon de Marseille, Carolin Savon Noir et La Perdrix Savon. Les résultats ont dépassé tous leurs espoirs.

Une découverte fortuite et prometteuse

« Les trois marques de savon augmentent la mortalité [des moustiques] de 30 à 100% par rapport à l'époque où les insecticides étaient utilisés seuls », note Ashu Fred, premier auteur de l'étude et titulaire d'un doctorat, étudiant à l'Université de Yaoundé au Cameroun.

C'est en travaillant au centre de recherche sur les maladies infectieuses (CRID) du Cameroun que le professeur Kamdem a découvert pour la première fois la puissance du savon en effectuant des tests de routine sur les insecticides. Une découverte fortuite et prometteuse face à une malade qui touche plus de 240 millions de personnes sur la planète. L'équipe de biologistes va encore devoir effectuer des tests supplémentaires pour déterminer exactement le dosage de savon idéal pour optimiser les insecticides sur les différentes espèces de moustiques.

Le paludisme, toujours un fléau en Afrique
« Nous serions ravis de fabriquer une formulation de savon-insecticide qui puisse être utilisée à l'intérieur en Afrique et qui soit saine pour les utilisateurs", s'enthousiasme le professeur Kamdem. On ne sait pas encore si une telle formulation adhérera à des matériaux tels que les moustiquaires, mais le défi est à la fois prometteur et très excitant. »
En 2016, deux étudiants de Ouagadougou avaient tenté de lancer sur le marché, le Faso Soap, un savon anti-paludisme révolutionnaire, répulsif et larvicide. Bien que récompensé par Global Social Venture Competition (GSVC), un concours international, récompensant de jeunes diplômés et créateurs d'entreprise à « fort impact social ou environnemental », le projet n'a pas trouvé les financements.

Le paludisme est causé par une piqûre de moustique, qui provoque fièvre, maux de tête et frissons jusqu'à devenir une affection grave, voire mortelle, en l'absence de traitement. En 2021, le paludisme a causé 619 000 décès dans le monde, selon l'OMS. Malgré les vaccins, l'Afrique supporte une part importante et disproportionnée de ce fléau avec 95 % des cas de paludisme et 96 % des décès. C'est l'équivalent de la population de la ville de Lyon qui disparaît chaque année. Et les victimes les plus nombreuses sont parmi les enfants de moins de cinq ans.