« Ce trou noir affamé dévore un soleil par jour » : des astronomes découvrent ce qui pourrait être l'objet le plus brillant de l'univers.
Des astronomes australiens ont découvert un quasar
© Photo NewsDes astronomes australiens ont découvert un quasar qui semble battre tous les records.
Des astronomes ont découvert un quasar qui semble battre tous les records. Les quasars sont les noyaux lumineux de galaxies lointaines. Selon les scientifiques de l'Australian National University, il s'agit ici de l'objet le plus lumineux jamais observé dans notre univers. "Il rayonne jusqu'à 500 billions de fois plus que notre soleil", explique Martijn Peters, expert scientifique de Het Laatste Nieuws. "Et il contient également le trou noir à la croissance la plus rapide que nous connaissions jusqu'à présent."


Qu'ont découvert les scientifiques ?

"C'est un quasar", explique Martijn Peters. "Il s'agit du noyau lumineux d'une galaxie. Un tel quasar doit sa luminosité à un trou noir supermassif qui lui fournit de l'énergie. Ce dernier engloutit la matière de son environnement, un processus qui génère tellement d'énergie que d'énormes quantités de lumière sont libérées. C'est pourquoi les quasars sont parmi les objets les plus brillants que nous puissions observer dans notre ciel."

"En soi, un quasar n'a rien de très spécial", poursuit l'expert scientifique. "Nous en connaissons déjà un million. Mais ce qui rend cette découverte si particulière, c'est qu'il s'agit d'un spécimen assez impressionnant. Celui-ci rayonne jusqu'à 500 billions de fois plus que notre soleil. Il s'agit donc de l'objet le plus brillant jamais observé dans notre univers. Cette lumière a mis du temps à voyager, car le quasar J0529-4351 se trouve à plus de 12 milliards d'années-lumière de notre planète."

Pourquoi ce quasar est si brillant ?

Selon les scientifiques, c'est à cause d'un trou noir exceptionnel qui l'anime. "D'après les astronomes, il s'agit du trou noir à la croissance la plus rapide découvert à ce jour", explique Martijn Peters. "Il a une masse de 17 milliards de soleils. Chaque jour, ce trou noir affamé consomme un autre soleil de matière."

C'est le "disque d'accrétion" autour du trou noir du quasar qui fournit toute cette lumière. "Il s'agit d'un disque de matière qui se forme autour du trou noir supermassif en raison de son champ gravitationnel. On peut comparer cela à de l'eau qui tourne autour d'un siphon de douche avant d'y disparaître. De la même manière, la matière se déplace en spirale vers le trou noir. Cela crée des frottements, le disque s'échauffe et émet des radiations. Avec un diamètre de sept années-lumière, il s'agit peut-être du plus grand disque d'accrétion de l'univers."

Very Large Telescope (VLT) de l’Observatoire européen austral (ESO)
© DRLe Very Large Telescope (VLT) de l’Observatoire européen austral (ESO) grâce auquel les astronomes ont pu observer le quasar.
Comment les astronomes l'ont-il découvert ?

Les astronomes ont pu l'identifier grâce au Very Large Telescope (VLT) de l'Observatoire européen austral (ESO). Mais il ne s'agit pas d'une tâche facile, surtout si l'on veut observer des quasars très brillants, explique encore l'expert scientifique. "Si vous voulez trouver un quasar, vous devez parcourir de grandes parties du ciel pour y parvenir. Il en résulte une énorme quantité de données, qui ne sont évidemment pas analysées par une personne, mais par un ordinateur. Un modèle d'apprentissage automatique tente ensuite de distinguer les quasars des autres objets célestes."
"Ce quasar avait déjà été observé par le passé."

Martijn Peeters, expert scientifique pour Het Laatste Nieuws
"Le problème, c'est que les scientifiques forment ces modèles à l'aide de données existantes. Ils reconnaissent donc des objets similaires aux quasars déjà découverts. Mais si vous découvrez un nouveau quasar comme J0529-4351 qui est beaucoup plus lumineux, le programme informatique risque de le rejeter, à tort. Il pense alors, par exemple, que cet objet est trop brillant, qu'il s'agit probablement d'une étoile proche et non d'un quasar."

C'est justement ce qu'il s'est passé dans ce cas précis. "Une telle analyse automatisée des résultats du satellite Gaia de l'ESA a rejeté J0529-4351 à l'époque", explique Martijn Peters. "Il était considéré comme étant trop brillant pour être un quasar. Plus tard, lors de nouvelles observations avec le télescope australien ANU de 2,3 mètres, les scientifiques l'ont finalement identifié comme tel. En utilisant le Very Large Telescope de l'ESO, plus grand et plus précis, situé dans le désert d'Atacama au Chili, ils ont pu confirmer qu'il s'agissait de l'objet céleste le plus brillant jamais observé."

Qu'est-ce que cette découverte représente pour nous ?

"La découverte et l'exploration de trous noirs supermassifs lointains peuvent éclairer des questions importantes en astronomie, telles que la formation et l'évolution des galaxies. Cela peut également nous aider à en savoir un peu plus sur notre propre galaxie. Au cœur de notre Voie lactée se trouve aussi un tel trou noir supermassif, Sagittarius A*. À chaque nouvelle découverte, nous en apprenons donc un peu plus sur notre univers et sur la place que nous y occupons."