La commission d'enquête sénatoriale sur l'efficacité de la lutte contre le dopage vient de rendre ses conclusions. Elle note que ce fléau concerne tous les sports, et pas seulement le cyclisme. Elle fait 60 propositions parmi lesquelles une clarification de la politique de sanctions et l'élargissement du champ des substances recherchées lors des analyses.

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© AFPLe vainqueur du Tour de France 2013, Christopher Froome, se soumettant à un contrôle antidopage
Le constat des sénateurs est sans appel : tous les sports sont concernés par le dopage. Pour combler le « retard français » dans la lutte contre ce fléau, ils appellent à une profonde remise à plat de la politique antidopage. Ce mercredi, 60 propositions ont été dévoilées au Sénat. « Nos propositions sont réalistes, concrètes et applicables à budget constant », s'est félicité le rapporteur Jean-Jacques Lozach, sénateur PS de la Creuse.

Premier constat pour Jean-François Humbert, sénateur UMP du Doubs, président de cette commission : « La politique antidopage est trop peu dynamique et mal ciblée ». Afin de renforcer l'efficacité des contrôles (pour l'heure il y en a 10.000 pratiqués chaque année ­ - avec 200 cas positifs recensés) le rapport préconise donc d'« élargir le champ des substances recherchées dans le cadre des analyses ». Pour l'instant, les contrôles restent peu adaptés, de nouveaux produits dopants indétectables étant apparus sur le marché ces dernières années.

Des calendriers sportifs « démentiels »

Autre grief pour les sénateurs : les calendriers sportifs jugés trop intenses. « Les calendriers sont démentiels, de nombreux produits dopants servent à récupérer entre deux compétitions et non pas seulement à accroître les performances », a déclaré Jean-Jacques Lozach. Le rapport insiste donc sur la nécessité de mettre en place une « procédure de validation des calendriers sportifs par le ministère des Sports ».

Pour mettre à jour les pratiques de dopage, le rapport appelle aussi à la création d'une « commission vérité et réconciliation ». Les sénateurs veulent ainsi « encourager la liberté de parole » des sportifs et favoriser leur collaboration avec les services de lutte antidopage. « Nous devons mettre en place un mécanisme de repentis qui permettrait de remonter les filières et de lutter contre le trafic », a encore souligné le rapporteur.

La lutte contre le trafic de produits dopants figure aussi comme l'un des objectifs prioritaires du rapport. Pour ce faire, c'est l'ensemble des sportifs et pas seulement le monde du sport de haut niveau qui doit être pris en compte, insistent les sénateurs. En ce sens, le rapport préconise de pénaliser la détention de produits dopants. Au-delà des sanctions, les rapporteurs pointent aussi le rôle des salles de sport dans le trafic, qui seraient un « lieu de passage pour les produits dopants à destination de nombreuses disciplines sportives ».

« Un enjeu éthique et sanitaire »

Avant de délivrer son verdict, la commission a procédé, pendant cinq mois, à 63 auditions et a entendu sous serment 86 personnes. En outre, « cinq déplacements ont été organisés, a indiqué Jean-François Humbert, sénateur UMP du Doubs, président de cette commission. Nous sommes notamment allés aux Etats-Unis voir l'Usada ». C'est à dire l'agence américaine antidopage à l'origine de la chute de Lance Armstrong , septuple vainqueur du Tour de France, accusé d'avoir « monté le programme de dopage le plus sophistiqué, professionnel et réussi jamais vu dans l'histoire du sport ».

La vidéo su Sénat sur les objectifs de la commission d'enquête


« L'objectif était de ne pas se concentrer sur le seul cyclisme »
, tout les sports étant concernés, a cependant souligné Jean-François Humbert lors de la remise du rapport, rappelant que « la lutte contre le dopage recouvre un double enjeu : éthique et sanitaire ». Le doute plane notamment sur des stars du football, comme certains des vainqueurs du Mondial 1998... « On peut se demander si certaines icônes n'ont pas été épargnées, mais ce n'est pas nouveau », a indiqué Jean-Jacques Lozach, sans plus de précisions.