Les cinq principaux pays émergents, ou Brics, veulent fonder une nouvelle banque. A condition qu'ils coopèrent pleinement, ce projet appuyé par la Banque mondiale pourrait bousculer l'hégémonie des institutions occidentales sur le développement.

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© SERGEI KARPUKHIN / AFPLa présidente brésilienne Dilma Rousseff, l'ancien Premier Ministre indien Manmohan Singh, le Président russe Vladimir Poutine, le Président chinois Xi Jinping et le président sud-africain Jacob Zuma au dernier sommet des BRICS, le 5 juillet 2013 à Saint-Petersbour
« Cinq économies émergentes majeures - Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud (ou les Brics) - ont le projet commun de créer une banque de développement dotée de 50 milliards de dollars de capital de départ [soit 36,8 milliards d'euros] », rapporte le China Daily.

Les dirigeants des Brics, qui comptent pour plus de 40 % de la population mondiale, se retrouvent les 15 et 16 juillet au sommet de Fortaleza, au Brésil. Ils y définiront les modalités de la mise en œuvre d'une banque destinée à financer en priorité des infrastructures dans les pays en développement. Un fonds de réserve d'urgence pour répondre aux chocs financiers sera également constitué. « Cette banque aidera nos pays à être moins dépendants du dollar américain et des turbulences de changes. Chacun d'entre eux contribuera à hauteur de 10 milliards de dollars [soit 7,4 milliards d'euros] », peut-on lire dans le quotidien chinois.

« La nouvelle banque symbolisera l'influence croissante des pays émergents dans une architecture financière globale dominée depuis longtemps par les Etats-Unis et l'Europe grâce au FMI et à la Banque mondiale. (...) Ces prêteurs multilatéraux ont été lourdement critiqués pour s'être ingérés dans les politiques d'emprunteurs souverains », écrit Voice Of Russia. Le média russe annonce également que la Russie a invité l'Argentine à se joindre au sommet.

Une initiative sous tension


Selon le South China Morning Post, « le président de la Banque mondiale Jim Yong-kim a salué cette initiative, déclarant qu'elle ne serait pas une menace pour les institutions de Washington [Banque mondiale et FMI], et qu'elle aiderait à combattre la pauvreté ». Jim Yong-kim aurait ajouté que « notre compétition est la lutte contre la pauvreté, notre ennemi est le manque de croissance ou encore une croissance non inclusive ». Il a également annoncé que la Banque mondiale travaillerait de concert avec Pékin pour réformer le système de santé chinois. Le rapport de l'Organisation mondiale de la santé du 7 juillet s'alarmait en effet des maladies chroniques et des difficultés pour accéder aux soins dans les Brics.

« La Chine essaye de prendre le contrôle de la prochaine banque de développement des Brics », rapporte pour sa part le journal indien Hindustan Times. « L'Inde soutient une contribution équivalente de 10 milliards de dollars pour un fond initial de 50 milliards. Mais la Chine, elle, veut que le capital de départ soit doté de 100 milliards de dollars [soit 75 milliards d'euros] et que le siège de la banque soit à Shanghai, ce qui donnerait à Pékin un plus grand contrôle des affaires de la banque. » L'Hindustan Times écrit également que « le sommet prendra en compte le refus du Congrès américain de ratifier les propositions donnant plus de poids aux pays émergents au sein du FMI ».

Outre-atlantique, l'inquiétude est parfois de mise. En témoigne cette étude publiée par Forbes, qui titre : « Plus qu'une alliance antidollar, un nouvel outil de stabilisation du commerce qui constitue un risque réel pour la dominance du dollar américain ».