51 % des Américains expriment des opinions ouvertement hostiles aux Noirs, contre 48 % en 2008. Quand il s'agit de réponses dévoilant un racisme inconscient, ce chiffre grimpe à 56 % des personnes sondées, contre 49 % l'année de la précédente élection présidentielle, il y a quatre ans. En ce qui concerne les Hispaniques, 52 % des sondés expriment des opinions racistes de manière explicite, 57 % de manière inconsciente. Les opinions divergent selon les inclinations politiques : ainsi, 79 % des pro-républicains expriment des opinions racistes, contre 32 % des pro-démocrates. Un écart qui se resserre lorsque les opinions sont dévoilées de manière inconsciente : 64 % des pro-républicains, contre 55 % des pro-démocrates.

Voici les résultats d'un sondage d'Associated Press (AP), l'agence de presse américaine, réalisé avec des chercheurs des universités de Standford, du Michigan et de Chicago sur 1 071 personnes entre le 30 août et le 11 septembre, et repéré par Slate lundi 29 octobre. La méthode, en deux temps : mesurer les opinions assumées en posant des questions explicites sur les Noirs et les Hispaniques, et en leur associant divers qualificatifs ("sympathique", "violent", "feignant"...) ; puis, user d'un stratagème avec des photographies de personnes blanches, noires et hispaniques pour déceler les jugements, racistes ou non, qu'elles induisent. Le tout sur Internet, espace où, justifient les chercheurs, les sondés "partagent plus facilement des opinions impopulaires" que lors d'entretiens face-à-face.

Ainsi donc, si l'élection de Barack Obama en 2008 a pu apparaître comme une victoire contre les préjugés racistes, c'était sans compter que les progrès, dans l'histoire, s'accompagnent toujours de régressions, analyse, en substance, le directeur de l'Institut des études afro-américaines à l'université du Connecticut, Jelani Cobb. Or cette recrudescence des jugements racistes pourrait bien avoir une influence sur l'élection présidentielle, et desservir le président en poste. Selon AP en effet, s'il gagnait 3 points par rapport à Mitt Romney grâce aux opinions favorables aux Noirs, il en perdrait 5 du fait de ces opinions racistes.

The Examiner juge, de son côté, que l'élection du premier président noir de l'histoire des Etats-Unis n'est pas pour rien, paradoxalement, dans la montée du racisme, et ce du fait des stratégies offensives des républicains pour le contrer. Le site rappelle ainsi les tentatives du parti d'opposition pour "exploiter le racisme ambiant" et présenter comme illégitime la présidence d'Obama : notamment en répétant qu'il est né au Kenya - comme le pensent 40 % des pro-républicains - , ou encore en instillant l'idée qu'il est musulman - comme le pensent, toujours selon The Examiner, près de la moitié des pro-républicains. "Les militants du Tea Party, (...) encouragés par le Parti républicain, utilisent des affiches dépeignant le président Obama comme Hitler, un singe, ou même pire. Ces symboles explicitement racistes renforcent la haine raciale qui existait en 2008, et l'ont fait empirer", estime finalement The Examiner.