Incendies de voitures, bris de vitres et jets de pierre : des quartiers défavorisés de la banlieue de Stockholm, la capitale du pays, sont en proie à des graves violences.

Une voiture incendiée dans la banlieue de Stockholm (Suède), le 21 mai 2013
© Jonathan Nackstrand/AFPUne voiture incendiée dans la banlieue de Stockholm (Suède), le 21 mai 2013
Malgré l'appel au calme lancé par le Premier ministre, les émeutiers sont à nouveau sortis dès la tombée de la nuit, mercredi 22 mai, dans les rues de quartiers périphériques de Stockholm, la capitale suédoise. Pour la quatrième nuit d'émeutes, les violences se déplaçant de Husby, dans le nord de la ville, vers le sud. Des violences ont également éclaté dans le sud du pays, notamment à Malmö, où deux voitures ont été incendiées.

Le commissariat de police à Ragsved, dans la banlieue sud de Stockholm, a notamment été incendié, sans faire de blessés. Au total, en quatre nuits, des magasins, des écoles, une commissariat de police et un centre culturel ont subi des dégâts. Un policier a été blessé dans les dernières violences et cinq personnes ont été arrêtées pour tentative d'incendie.

Pourquoi des émeutes ont-elles éclaté ?

Les violences semblent avoir été déclenchées par la mort d'un homme de 69 ans, abattu par la police dans la banlieue de Husby, le 13 mai, alors qu'il brandissait une machette. Les émeutiers, en majorité des jeunes, dénoncent la brutalité policière.

Selon le quotidien Dagens Nyheter traduit par Presseurop, les forces de l'ordre sont aussi accusées de racisme envers les habitants du quartier. « On nous a traités de 'nègres' et de 'singes' », déplore Rami Al-Khamisi, porte-parole de l'association Megafonen, engagée auprès des jeunes de banlieue. Un autre journal local, Norra Sidan, pointe lui des contrôles d'identité à répétition auxquels sont soumis ces jeunes habitants.

« Il est difficile de dire pourquoi ils font ça, déclare Selcuk Ceken, qui travaille dans un centre pour jeunes du quartier. Peut-être en veulent-ils à la loi et aux forces de l'ordre, peut-être est-ce de la colère pour leur situation personnelle, comme le chômage ou parce qu'ils n'ont pas d'endroit pour vivre. »

Que révèlent ces violences ?

Pour de nombreux observateurs, ces émeutes sont le symptôme des inégalités croissantes en Suède. « On a une société qui devient de plus en plus divisée et où le fossé se creuse, à la fois socialement et économiquement », déclare ainsi Rami Al-Khamisi dont les propos sont traduits par Courrier International.

Pour The Washington Post (en anglais), Husby et ses habitants, dont 80 % sont des immigrés, souffrent surtout d'un taux élevé de chômage. Celui des jeunes atteint ainsi 25,1 %, soit le triple du taux de chômage national. Selon Per Adman, professeur à l'université d'Uppsala et interrogé par le quotidien, « la Suède n'est pas aussi différente des autres pays lorsqu'il s'agit de problèmes d'intégration dans les grandes villes ».

Mardi, le Premier ministre Fredrik Reinfeldt (conservateur) a attribué certains des problèmes des banlieues les plus pauvres à l'échec des politiques d'intégration des immigrés. Un avis partagé par le quotidien de gauche Aftonbladet qui estime que les autorités ont ignoré les problèmes liés à la ségrégation des banlieues comme Husby. Le journal pointe l'« échec cuisant » des politiques gouvernementales, notamment envers les jeunes dont les deux parents sont nés à l'étranger.