Image
Une carcasse de mammouth exceptionnellement bien préservée a été découverte en Arctique par des scientifiques russes. Ces restes contiendraient encore les tissus musculaires de l'animal... ainsi que son sang.

La scène se déroule il y a 15 000 ans. Une femelle mammouth sexagénaire erre dans les glaces de l'Arctique, du côté des îles Liakhov, un archipel des îles de Nouvelle-Sibérie situé au Nord Est de l'actuelle Russie. Soudain, la glace cède sous le poids de l'animal, qui tombe dans un trou d'eau glacée. Incapable de se libérer, le vieux mastodonte meurt lentement, tandis que des prédateurs s'approchent et commencent à dévorer la partie accessible du corps de l'animal...

Quelques 15 000 ans plus tard, des scientifiques de la Société géographique russe et de l'Université fédérale du nord-est (Iakoutsk, Sibérie orientale) organisent une expédition scientifique dans les îles de Nouvelle-Sibérie. Au cours de cette expédition, ils découvrent la carcasse de l'infortuné mammouth, mort 15 000 ans plus tôt. A première vue, rien de vraiment étonnant : de nombreux mammouths ont déjà été découverts dans la région.

Toutefois, en examinant la carcasse plus attentivement, les scientifiques comprennent peu à peu que cette découverte n'était pas aussi banale : en effet, la carcasse contient de toute évidence des restes de chairs de l'animal...

Et ce n'est pas tout. Car en perçant la glace sous le ventre du mammouth, un sang de couleur très sombre s'écoule alors du corps du mastodonte...

Comment expliquer que le sang de ce mammouth se soit si bien conservé ? Selon Semyon Grigoriev, chef de l'expédition scientifique, le sang de mammouth dispose probablement de facultés cryo-protectrices, qui lui permettent de ne pas geler même quand les températures sont très basses.

Une hypothèse qui s'appuie sur les travaux d'un biologiste canadien publié en 2010 dans la revue Nature (accéder à l'étude « Substitutions in woolly mammoth hemoglobin confer biochemical properties adaptive for cold tolerance »), lesquels avaient montré qu'à basse température, l'hémoglobine des mammouths (pour mémoire, cette protéine située dans le sang a pour rôle d'apporter l'oxygène aux cellules qui en ont besoin) était capable de libérer l'oxygène qu'elle transporte beaucoup plus facilement que l'hémoglobine des éléphants actuels. Ce qui renforce l'hypothèse que le sang des mammouths dispose bel et bien d'une sorte de « protection renforcée » contre le froid.

Munis de ce précieux sang, les chercheurs russes ont maintenant pour projet de l'utiliser pour cloner le mammouth ainsi découvert, en injectant le noyau (et donc l'ADN) des cellules présentes dans ce sang au sein d'ovules énucléés d'un éléphant.